Dune 2 ne nous prend jamais par la main. Mais comment un blockbuster peut-il livrer une œuvre de science-fiction aussi éthérée ? C’est la question que l’on peut se poser quand, encore soufflé par le long-métrage de Denis Villeneuve, on reprend nos esprits devant le générique. Car la deuxième partie de Dune est bel et bien le grand film de SF tant espéré et tant promis. Un exploit qui interroge aussi l’avenir du genre au cinéma.
Ce n’est pas la première fois que Denis Villeneuve parvient à transformer en joyau cinématographique ce que l’on pensait être du matériau purement littéraire. Premier contact, chef-d’œuvre de la SF des années 2010, était le premier film à mettre en scène l’ambition linguistique d’une rencontre avec une forme de vie radicalement différente, en adaptant la nouvelle L’histoire de ta vie de Ted Chiang.
Dans Dune : Partie 2, le réalisateur parvient à sublimer le caractère mystique du roman de Franck Herbert, sans concession sur le grand spectacle — pour mieux nous charmer. Ce qui produit un film hybride tout à fait étonnant dans l’univers de la SF.
L’équilibre entre action et mystique
Il est rare, au cinéma, de voir un film de science-fiction à la fois métaphysique et à grand spectacle. Le genre a pourtant parfois besoin des deux registres pour narrer des grandes odyssées épiques — ce qu’est très exactement Dune.
Si la première partie de l’adaptation était décrite comme contemplative, la seconde l’est tout autant, mais en s’immisçant bien davantage dans le genre de l’action. À grands renforts d’explosions, de combats au corps à corps, de grandes batailles et de séquences plus brutales, Dune 2 fait dans la déflagration spectaculaire.
Et si l’on pouvait craindre un film devenu bourrin, ce n’est pas le cas : ce spectacle ne perd jamais vraiment en poésie. On le doit à la part esthétique de l’œuvre. Dune 2 est une expérience visuelle à part entière. Chaque plan, conçu pour surprendre le regard dans son harmonie, livre en son creux un petit bout de l’histoire. L’image ne se contente pas de montrer : elle fait sens. De même que la musique de Hans Zimmer, qui, comme dans la première partie, se veut activement partie prenante au scénario.
Pour adapter Dune, il est impossible de tout dire, de tout expliquer sur un plateau, sous peine de casser le caractère mystique en toile de fond ; il en résulterait un film kitsch. Inversement, à trop vouloir être énigmatique, on tomberait dans un récit abscons et une œuvre soporifique. Si Dune 2 est si triomphant — un succès critique qui préfigure un succès auprès du grand public –, c’est parce que Denis Villeneuve choisit d’épouser une narration totale, qui ne repose pas exclusivement sur les lignes de texte.
Si cela renforce la dimension politico-mythologique, cela fonctionne aussi pour les pans de l’histoire à taille humaine : Paul et Chani n’ont pas besoin de se dire sans cesse qu’ils s’aiment pour que cela transperce l’écran ; les choix de Paul n’ont pas besoin d’être explicités pour qu’on en perçoive la motivation.
Denis Villeneuve l’explique lui-même en interview : « Franchement, je déteste les dialogues. Les dialogues sont réservés au théâtre et à la télévision. Je ne me souviens pas des films à cause d’une bonne réplique, je me souviens des films en raison d’une image forte », dit-il à Variety. « Les dialogues ne m’intéressent pas du tout. L’image et le son purs, c’est la force du cinéma (…) ».
La réussite de Dune 2 en tant que blockbuster hollywoodien est un message important pour l’avenir du cinéma de SF. Que ce soit pour des adaptations de textes majeurs (peut-être enfin des autrices ?) ou des œuvres originales, de nouveaux types de films vont pouvoir voir le jour. Car Dune 2 prouve qu’on peut en prendre plein les yeux tout en conservant une approche très personnelle de la part du réalisateur.
Le verdict
Dune : Partie 2
Voir la ficheOn a aimé
- Narration captivante : aucun ennui en 2h46
- De bons choix esthétiques (les Harkonnen)
- Chaque image est une merveille
- Une BO hors du commun
- Un casting investi
Dans la continuité de la première partie, Dune 2 garde sa force contemplative mais en y ajoutant une charge supplémentaire d’action. L’adaptation de la saga de SF culte se transforme en grand spectacle. Lequel ne transige pourtant pas avec la force mystique de l’œuvre. C’est cet équilibre qui fait de Dune 2 un film de science-fiction majeur, qui pourrait bien pousser le cinéma à oser davantage ce combo étrange entre blockbuster grand public et narration éthérée.
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