« C’est vraiment Starship Troopers » : pendant nos quelques parties, Julien Lausson, mon plus fidèle et fervent allié dans la lutte pour la Démocratie, n’a cessé de répéter cette phrase qui veut tout dire. Helldivers 2 peut vraiment se résumer ainsi : si le film culte de Paul Verhoeven était un jeu vidéo, il ressemblerait à Helldivers 2. Derrière un ton volontairement mi-nigaud mi-patriotique, il cache un chaos prêt à jaillir à tout moment. Ce qui rend les parties incroyablement délicieuses.
Depuis son lancement le 8 février 2024 sur PC et PlayStation 5, Helldivers 2 a surtout fait parler pour son succès surprise qui a mis à mal ses serveurs. Les développeurs ne s’attendaient pas si vite à un tel volume de personnes intéressées par la défense de la Démocratie. Aujourd’hui, ces problèmes sont de l’histoire ancienne et Helldivers 2 peut aborder l’avenir beaucoup plus sereinement. Si son départ canon se confirme à long terme, alors il est assez armé pour devenir un rendez-vous ponctuel pour des amis en manque de sensations fortes.
Points forts
- La coopération n’est pas une vaine promesse
- Ce gameplay réaliste qui marche
- Des moments WTF en veux-tu en voilà
Points faibles
- Habillage austère
- Pourrait être plus beau
- Il faut des amis
Pourquoi Helldivers 2 mérite amplement son succès
La popularité d’Helldivers 2 ne vient pas de nulle part. Elle est même amplement méritée. Sa narration, bien que chétive, est accueillante. Son ton très second degré, avec un militarisme tellement amplifié qu’il en devient exagéré et moqué, permet d’adoucir l’art de faire la guerre. Car c’est bel et bien cela dont il est question dans Helldivers 2 : faire la guerre face à deux factions ennemies — des insectes géants et des robots qui ressemblent à des Terminators — ces derniers offrant au passage une opposition bien plus corsée.
La principale force d’Helldivers 2 réside dans son emphase sur la coopération. Il ne s’agit pas d’une vaine promesse, comme on peut le constater dans d’autres jeux censés être coopératifs, mais un vrai pilier du gameplay. Les développeurs refusent d’ailleurs catégoriquement d’ajouter un mode compétitif. Leur philosophie est simple : dans Helldivers 2, on fait front commun face à la vermine — et on évite les comportements toxiques des parties où joueuses et joueurs se font face. Cette volonté d’encourager la coopération contamine toute la structure d’un jeu où la camaraderie est le fruit de la réussite.
Le respect de ses coéquipiers débute dès la gestion du tir. En visant mal, on aura vite fait de loger une balle perdue en pleine tête d’un soldat qui n’a rien demandé. En sachant que le réticule est calé sur les mouvements du corps (accroupi ou allongé, on vise mieux). De la même manière, s’il est possible de demander un soutien aérien (arsenal lourd, pluie de missiles, tourelles, munitions…), il faudra faire attention au point d’impact. Dans Helldivers 2, un dommage collatéral est si vite arrivé. Ce qui donne d’ailleurs des clips assez savoureux sur les réseaux sociaux.
Ce soutien aérien permet de faire appel à des stratagèmes, qui donnent un peu plus d’épaisseur au gameplay. Ils requièrent des manipulations consistant à rentrer, dans un ordre précis, des touches. Dans le feu de l’action, c’est loin d’être évident. Mais cela rajoute du sel aux parties explosives et intenses. Il y a des conséquences parfois loufoques, avec des actions qui tournent à la bravoure ou, à l’inverse, au ridicule. Voire un mélange improbable des deux.
Ce gameplay réaliste, qui tranche avec l’habillage, se répercute partout. Ainsi, il est nécessaire de recharger son arme manuellement, en veillant à ne pas le faire trop tôt pour ne pas perdre des munitions inutilisées. Par ailleurs, certaines actions demandent une vraie coordination des gestes, ce qui impose un minimum de stratégie dans l’achèvement de certains objectifs. En somme, il ne faut pas faire n’importe quoi dans Helldivers 2 si on souhaite progresser rapidement et, surtout, si on ne veut pas laisser des planètes à l’ennemi. Car oui, la carte galactique est partagée et évolue en fonction de l’issue de chaque bataille. Il y a des objectifs plus méta qui concernent tout le monde, ce qui renforce l’implication. Il y a même un compte X pour les robots, qui insultent en binaire.
Car il faut bien reconnaître qu’Helldivers 2 est très austère, que ce soit dans la narration, les menus ou la montée en puissance. On comprend que la motivation est surtout de l’ordre personnel. En témoignent l’existence de tâches secondaires à chaque escapade. Elles invitent à explorer les environnements, notamment pour récupérer des ressources précieuses, car nécessaires pour faire évoluer son vaisseau. Et comme il y a neuf modes de difficulté (dès le cinquième, ça commence à piquer), on aura vite fait de s’armer correctement pour parer à toutes les situations.
L’autre élément qui peut rebuter tient dans l’aspect visuel. Que ce soit sur PlayStation 5 ou un PC puissant, Helldivers 2 n’a rien d’époustouflant. Il se rattrape quand même par quelques jolies fulgurances artistiques selon les environnements traversés (le Vietnam du futur, où fusent les rayons laser rouges, est effrayant et oppressant). Sans compter une poignée d’effets visuels qui peuvent subjuguer (l’explosion d’un missile nucléaire par exemple). On sent que l’essentiel du budget est concentré sur les animations et le moteur physique, qui produit des merveilles quand on voit comment les carapaces des insectes se désagrègent.
Le verdict
Helldivers 2
Voir la ficheOn a aimé
- La coopération n’est pas une vaine promesse
- Ce gameplay réaliste qui marche
- Des moments WTF en veux-tu en voilà
On a moins aimé
- Habillage austère
- Pourrait être plus beau
- Il faut des amis
Auteur d’un départ canon qui a mis à mal la solidité de ses infrastructures, Helldivers 2 s’appuie sur des valeurs assez fortes pour nous embarquer dans une lutte solidaire pour l’instauration de la Démocratie. Il parvient à associer deux piliers qui, sur le papier, ne semblent pas aller ensemble : un ton foutraque et un gameplay ultra réaliste. Une fois dans le même shaker, ils livrent un cocktail explosif et spectaculaire.
Surtout, Helldivers 2 érige un gameplay coopératif au rang de nécessité pour triompher. Il ne s’agit pas ici d’un faux argument pour faire joli dans une description, mais d’un élément qui fait partie de l’ADN d’une expérience où communication et stratégie amènent du piment aux parties. Le tout avec un capital sympathie indéniable, qui rappelle Starship Troopers.
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