Voilà deux semaines qu’AlRawabi School for Girls n’a pas quitté le top 10 de Netflix. La deuxième saison de cette série jordanienne a été mise en ligne le 15 février 2024, trois ans après la première. Dédiée au quotidien de lycéennes dans un lycée pour filles de Jordanie, ce n’est pas une « série ado » comme les autres : il s’agit d’une fiction sociale pertinente et bouleversante, qui aborde des sujets difficiles — harcèlement scolaire physique et moral, cyberviolences ou encore TCA.
1. Une série sur le harcèlement scolaire
AlRawabi School for Girls est, à ce jour, la série la plus complète sur le sujet du harcèlement scolaire. Durant la première saison, Mariam est harcelée par un groupe de trois filles : Layan en cheffe de file, Roqayya, Rania. Rapidement, la violence psychologique se transforme en agression physique. Mais la situation se retourne finalement contre Mariam ; qui prend alors la décision de mettre en place une vengeance contre ses harceleuses.
La série jordanienne frappe aux tripes dans son traitement du sujet. Les harcèlements psychologique et physique sont tous deux abordés avec la même intensité. Plus rare encore, les effets traumatiques sur Mariam sont montrés et verbalisés. Résultat, AlRawabi School for Girls traite avec précision — et une immense sensibilité — de toutes les mécaniques à l’œuvre dans le harcèlement scolaire. Elle élargit aussi son spectre à toutes les pressions sociales, notamment celles subies par les femmes.
La saison 2 poursuit cette approche chirurgicale ; en abordant des mécaniques plus insidieuses, aux effets tout aussi dévastateurs. La série jordanienne développe ainsi, sur ses deux chapitres, une exploration totale des modes d’action et des conséquences de cette violence. AlRawabi School for Girls est terriblement âpre et tragique, mais elle résonne pourtant comme un hommage saisissant aux victimes de harcèlement. Peut-être justement parce qu’elle est dure : elle a le sceau de l’authenticité.
2. Une série sur les réseaux sociaux
La deuxième saison d’AlRawabi School for Girls, mise en ligne en 2024, livre un nouveau récit : celui d’une lycéenne, Sarah, dont le contenu devient viral sur les réseaux sociaux. Mais son rêve le plus cher tourne au cauchemar. Loin d’avoir une approche vieillotte ou moraliste du sujet, cette saison questionne la façon dont les réseaux sociaux accroissent des rouages déjà présents dans la hiérarchie de groupes et les violences sociales. Cette même saison aborde d’ailleurs aussi la question du TCA (trouble du comportement alimentaire). La saison 2 de la série jordanienne est d’autant plus forte qu’elle parvient à relier la problématique numérique à toutes les autres.
3. Le format d’anthologie
Lors de la mise en ligne de la saison 2, AlRawabi School for Girls a pris tout le monde de cours : on ne retrouvait pas les personnages de la saison 1. Il faut attendre l’épisode 4 (douze minutes avant la fin) pour avoir un épilogue du chapitre précédent, avec les anciennes actrices.
Si ce choix peut sembler frustrant, c’est en réalité un intelligent pari de la part de la showrunneuse, Tima Shomali. AlRawabi School for Girls est devenue une série anthologique qui, prenant un même lycée jordanien pour contexte, explore la construction sociale à l’âge ado.
Les deux saisons ont ainsi une même tonalité commune, malgré deux histoires différentes. Leurs fins respectives — sans spoilers — sont brutales : elles auront de quoi vous hanter longtemps. Même si l’humour est parfois présent et qu’elle sait aussi dégager de la fraîcheur par moments, AlRawabi School for Girls est une série qui peut être difficile à regarder. Mais elle est surtout émouvante.
Espérons que la plateforme de streaming aura la bonne idée de donner à Tima Shomali toutes les cartes en main pour une troisième saison. Le succès de la série offre de bons espoirs.
Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci
Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.
Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :
- 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
- 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
- 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.
Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.
Vous voulez tout savoir sur la mobilité de demain, des voitures électriques aux VAE ? Abonnez-vous dès maintenant à notre newsletter Watt Else !