Une future série culte ? Les ingrédients sont là. Shōgun démarre en l’an 1600, au Japon. À l’aube d’une guerre civile dans le pays, un navire européen s’échoue au large d’un village de pêcheurs. D’abord fait prisonnier, le capitaine britannique, John Blackthorne fait finalement la rencontre de Yoshii Toranaga, un daimyo (gouverneur) lui-même au cœur de luttes de pouvoir. Ils croiseront la route d’une certaine Lady Mariko, une samouraï mystérieuse.
Deux épisodes sont sur Disney+ depuis le 27 février 2024, avec, ensuite, une diffusion hebdomadaire. Composée au total de 10 épisodes, cette production FX d’intrigues politiques et d’aventure est déjà acclamée : on lui compte le score « parfait » de 100 % de critiques positives, pour l’instant, sur l’agrégateur Rotten Tomatoes. Certains n’hésitent pas à décrire la série comme le nouveau Game of Thrones. Mais pourquoi ?
Même s’il n’y a pas vraiment de dragons ni de zombies dans Shōgun, qui n’est pas une série de fantasy, la comparaison avec Game of Thrones provient de deux autres ingrédients dans la recette : la politique et la cruauté.
Luttes de pouvoir, violence, un cocktail « à la GoT »
Shōgun nous tiraille au sein de luttes de pouvoir complexes : le trône est temporairement vacant, convoité par plusieurs prétendants — les cinq régents — voulant devenir le « shogun ». Les complots font rage : le destin du seigneur Yoshii Toranaga est menacé par ses pairs, y compris dans sa propre famille.
Ces luttes s’imprègnent d’une violence inattendue, et souvent sanguinaire. Il ne faut qu’une trentaine de minutes pour que la vie d’un bébé soit menacée, qu’un soldat urine gratuitement sur un prisonnier et qu’un autre soit exécuté dans un chaudron bouillant — ses hurlements en toile de fond de deux longues scènes. Il en résulte le même état de tension que dans la série HBO : on ne sait jamais vraiment jusqu’où sont prêts à aller les personnages dans le degré de cruauté.
« La télévision a passé la majeure partie de la décennie à essayer de reproduire l’ampleur épique et le monde immersif de Game of Thrones. Shogun est la première série qui s’en approche », estime Alison Herman, du côté de Variety, qui écrit par ailleurs que le « focus sur les gens » est le point commun le plus frappant dans ce traitement narratif, selon elle.
Plus proche de Succession que de Game of Thrones ?
Le réalisateur de la série, Jonathan van Tulleken, voit les choses différemment. Lors d’une interview, il explique que Shogun est « un monde dangereux où la violence peut surgir de nulle part, mais où le véritable danger réside dans les machinations. » Puisqu’« une conversation peut être aussi dangereuse que n’importe quoi d’autre », une meilleure comparaison que Game of Thrones « serait Succession ou House of Cards. »
Le réalisateur en profite d’ailleurs pour rappeler que cette série se distingue, de très loin, de la précédente version diffusée en 1985 et qui adaptait le même ouvrage de James Clavell. Effectivement, il exclut, dans ce nouveau Shogun, tout regard occidentalo-centré ou biais du white savior. « C’est réalisé en collaboration avec les Japonais parce qu’il s’agit d’une histoire où deux cultures se rencontrent et se voient l’une dans l’autre. »
Qu’elle soit comparable ou non à d’autres séries, Shōgun semble déjà plaire pour ses qualités esthétiques et son rythme haletant. Certains en viennent même à saluer… l’éclairage de la série — il faut admettre que Shōgun ne fait pas l’erreur de scènes nocturnes indéchiffrables.
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