Quand on entend parler de la science-fiction du 20e siècle, il est souvent question d’hommes comme Frank Herbert, qui a écrit Dune, Isaac Asimov, Philip K Dick, William Gibson, Arthur C Clarke. C’est de là que vient une idée reçue : la SF aurait été construite par des hommes. Soyons clairs : c’est faux. Des écrivaines ont contribué à la bâtir. La figure de proue, c’est bien sûr Ursula Le Guin. Mais elle est loin d’être la seule : au 20e siècle, nombre de femmes ont écrit de la grande SF.
De quelles figures classiques de la SF faudrait-il parler ?
On doit à l’écrivaine afro-américaine Octavia Butler des livres qui ont marqué profondément la SF : elle a abordé des sujets politiques forts, comme le féminisme, le racisme, les rapports de domination. En tête de liste, La Parabole du Semeur : un roman post-apocalyptique de 1993 qui se déroule en… 2024. Elle décrit une société au bord de l’effondrement à cause du dérèglement climatique, de la misère sociale, des extrêmes politiques et du capitalisme effréné. Dans ce marasme, son héroïne entend créer une utopie fondée sur l’entraide et la solidarité. Ce sont des thèmes récurrents aujourd’hui : La Parabole du Semeur était visionnaire.
Heureusement, depuis quelques années l’intérêt médiatique s’établit envers Octavia Butler. Une série TV a même été produite, en adaptant son roman Liens de sang, où une femme voyage dans le passé, dans une plantation où ses ancêtres étaient esclaves.
En France, l’œuvre d’Octavia Butler est enfin éditée en entier. Les éditions Au Diable Vauvert ont récemment terminé la publication de sa trilogie Xenogenesis. Dans ce futur lointain, l’humanité a ravagé sa propre planète, mais certains rescapés ont été sauvés (a priori) par des extraterrestres. Cette saga est une lecture essentielle : Octavia Butler est une autrice de science-fiction qui bouscule moralement et politiquement.
Des œuvres avant-gardistes
Les œuvres du 20e siècle écrites par des femmes étaient en plus, pour la plupart, très avant-gardistes. J’en veux pour preuve le récent pari des éditions Argyll : publier Eleanor Arnason. Ce nom ne vous parle peut-être pas, même si vous êtes fan de SF. On lui doit pourtant un livre important, publié aux États-Unis en 1991, et 30 ans plus tard édité en France sous le titre Les Nomades du Fer.
Le récit est celui d’une anthropologue envoyée vers une autre planète pour y observer la population, sans interférer. Avec ce récit d’exploration, Eleanor Arnason fait dans la science-fiction avant-gardiste : c’est une œuvre féministe et écologique parfaitement maîtrisée.
Oui, dans la littérature du 20e siècle, il y a beaucoup de joyaux écrits par des femmes, à tel point que c’est une absurdité de ne pas les citer davantage quand on évoque les grands classiques de la SF.
Pour écouter l’émission
Dans cette émission du Meilleur des Mondes, François Saltiel s’entretient avec Marion Carré, autrice de Qui a voulu effacer Alice Recoque ?. Podcast à écouter sur le site de Radio France et sur toutes les plateformes d’écoute.
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