J’ai joué environ 20 heures à Dragon’s Dogma 2. Sur ce laps de temps, j’ai combattu des dragons impressionnants. J’ai tué des hippogriffes majestueux sans craindre la mort. J’ai ajouté quelques ogres à mon tableau de chasse. J’ai parcouru des kilomètres à la sueur de mon front, parfois en prenant un chariot qui allait se faire attaquer en pleine nuit. Dragon’s Dogma 2 donne cette impression de prendre part à une vaste épopée, avec des combats, des rencontres, des quêtes, des prouesses et des échecs. Mais aussi de la frustration.
Dragon’s Dogma 2 a la forme d’une aventure dans ce qu’elle a de plus beau — les accomplissements, en veux-tu, en voilà — et de plus pénible — tant de lourdeurs et de frictions dans le gameplay. C’est un RPG massif et austère, dont les bases et la philosophie demandent à être digérées. On y vit aussi des ascenseurs émotionnels, entre la satisfaction d’avoir réchappé à l’affrontement d’une créature géante et la colère de mourir bêtement après être tombé sur un vulgaire caillou (bon, j’exagère). Dragon’s Dogma 2 est un jeu à l’ambition démesurée, et qui aurait surtout nécessité plus de moyens pour être plus abouti.
Points forts
- Des combats dantesques
- Le sentiment de vivre une vraie aventure
- Le système des pions, malin
Points faibles
- Mériterait d’être plus fluide
- Approche organique gâchée par des scripts
- Trop de contraintes inutiles
Dragon’s Dogma 2 est fascinant d’imperfections
Pas de ciblage
C’est un coup à prendre : Dragon’s Dogma 2 ne permet pas de cibler les ennemis. C’est assez rare dans les jeux vidéo. C’est un pli à prendre, tout comme il faut accepter de taper dans le vide si on gère mal son timing.
Dans Dragon’s Dogma 2, on incarne un personnage au destin inouï, l’Insurgé, qui doit retrouver sa place après l’apparition d’un usurpateur (c’est-à-dire en faisant la lumière sur la vérité). L’histoire se veut simple pour mettre la narration entre les mains de la joueuse ou du joueur. À vous de forger votre propre histoire, après avoir passé des heures à peaufiner l’apparence de votre protagoniste. Pour que cette promesse fonctionne, Capcom a opté pour une structure la plus organique qui soit, de manière à guider le moins possible. Hélas, à y regarder de plus près, on s’aperçoit que la résolution des situations passe par des scripts souvent obscurs.
Cette pleine liberté est salutaire, voire émancipatrice quand on compare Dragon’s Dogma 2 à d’autres mondes ouverts plus génériques. Mais, fréquemment, on tourne en rond, à la recherche de cet inconnu qui nous indiquera quoi faire, de cette note griffonnée sur un papier qui s’avère être un indice crucial, de ce murmure d’un compagnon de route… Parfois, le moment de la journée a une incidence sur la continuité d’une mission, sans trop que l’on sache pourquoi.
À vouloir être opaque, tout en conservant malgré tout des schémas poussiéreux dans le squelette du fil conducteur, Dragon’s Dogma 2 nous perd. Et se perd. Il essaie de faire plus que ce dont il est vraiment capable, ce qui accouche d’une expérience hardcore, non pas dans sa difficulté, mais dans son approche. Au passage, il risque d’y avoir de gros bugs gênants, en cas de chevauchement excessif de scripts : j’ai vu un PNJ que je devais suivre se bloquer dans un bâtiment, car il pensait pouvoir traverser le mur.
À cela s’ajoute toute une ribambelle de contraintes qui rendent le jeu moins amusant. C’est simple : explorer est une tannée. Il y a d’abord la jauge d’endurance, qui fond comme neige au soleil dès qu’on sprinte sur quelques mètres. Il y a ensuite la manière dont fonctionnent les points de voyage rapide. Ils reposent sur des objets rares qui coûtent excessivement cher, ce qui force à les utiliser avec parcimonie. Il y a une alternative : les convois tractés par un bœuf, en priant pour qu’ils ne se fassent pas attaquer en chemin. Et, bien sûr, ne comptez pas sur une monture pour bouger plus vite. Il n’y a pas l’ombre d’un cheval dans Dragon’s Dogma 2 (que ce soit en monture ou en décoration). Bref, tout se mérite un peu.
Un gros RPG, avec du contenu
Ce qui cloche avec les intérieurs
Dragon’s Dogma 2 se déroule majoritairement en extérieur. Et c’est tant mieux : dans les endroits étriqués, la caméra a du mal à suivre.
Au-delà de ça, on retrouve toutes les caractéristiques d’un RPG ultra-complet. Progression avec montée en niveaux, choix de la classe (on peut changer à l’envi pour débloquer des compétences passives), zeste d’artisanat pour créer des potions, un soupçon de cuisine (l’influence Monster Hunter), arsenal qu’on peut améliorer, choix — un peu — systémiques… Dragon’s Dogma 2 ajoute des pions, soit des alliés qu’on peut recruter pour nous prêter main forte. Ils s’avèrent indispensables pour avancer avec sérénité, sachant que l’un d’eux est notre bras droit officiel. Cela signifie qu’on peut le personnaliser (choisissez un magicien pour qu’il vous soigne, c’est un conseil) et qu’il ne disparaîtra jamais.
Dragon’s Dogma 2 a donc de vraies qualités à faire valoir, à commencer par ses combats, vraiment épiques. Combattre une grosse créature est grisant, d’autant que les développeurs offrent une variété inouïe dans le gameplay. Un magicien pourra soigner et envoyer des sorts puissants, quand un champion punira les ennemis avec des attaques lourdes, certes lentes, mais terriblement dévastatrices. C’est d’ailleurs là où les pions sont importants et constituent une clé de réussite : il faudra se créer une équipe polyvalente pour être en mesure de répondre à toutes les formes d’adversités — un champion, très ancré au sol, peinera par exemple face à des bestioles volantes. L’intelligence artificielle est plutôt bonne, en dépit de certains comportements erratiques dans l’agressivité. Sur le soutien, je n’ai rencontré aucun souci.
Visuellement, le titre de Capcom s’en remet au moteur graphique RE Engine introduit en 2017 avec Resident Evil 7 Biohazard et utilisé par tous les jeux de la firme japonaise depuis. Le résultat est inégal. Certaines textures sont particulièrement jolies, d’autres font peine à voir. On manque surtout de fluidité sur les consoles les plus puissantes, avec aucune option d’affichage pour privilégier les performances techniques à la fidélité. Heureusement qu’on profite de magnifiques effets visuels (les sorts, par exemple), même si la lisibilité en souffre, et d’un moteur physique avancé. Il risque d’y avoir des clips hilarants, car certaines conséquences n’ont aucun sens. Notons enfin que Dragon’s Dogma 2 localise très bien l’endroit où on tape les ennemis, avec une dégradation en temps réel de la zone et des dégâts qui s’adaptent. C’était déjà le cas dans les Resident Evil. Ce réalisme rend les affrontements encore meilleurs. On le précise quand même : les gros monstres ont des barres de vie interminables, ce qui ajoute de la tension à l’expérience.
Le verdict
Dragon’s Dogma 2
Voir la ficheOn a aimé
- Des combats dantesques
- Le sentiment de vivre une vraie aventure
- Le système des pions, malin
On a moins aimé
- Mériterait d’être plus fluide
- Approche organique gâchée par des scripts
- Trop de contraintes inutiles
Il faut savoir dans quoi on se lance avec Dragon’s Dogma 2. Celles et ceux en quête d’une expérience accessible peuvent passer leur chemin. Le RPG de Capcom est austère et met constamment des obstacles pénibles sur notre route. C’est l’aventure dans toute sa splendeur et toutes ses contrariétés. La barrière à l’entrée est immense, un peu trop pour un jeu à la structure insuffisamment maîtrisée.
Il n’empêche, si on fait fi de ces défauts qui peuvent paraître rédhibitoires, Dragon’s Dogma 2 a de belles choses à offrir. Il est un diamant brut qui demande d’être poli pour accomplir tout ce qu’il entreprend. Il se destine alors à un public averti, qui saura se satisfaire de mécaniques hardcore et faire preuve d’indulgence pour pardonner une structure organique rattrapée par des scripts. Dragon’s Dogma 2 regarde plus loin que là où il lui est possible d’aller.
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