Doctor Who est une institution britannique : voilà 61 ans que l’on suit les aventures du Docteur, un alien Seigneur du Temps qui voyage dans le temps et l’espace pour résoudre des problèmes qui surviennent aux quatre coins de la Terre et de l’univers. Je regarde cette série de science-fiction depuis l’adolescence et il y a beaucoup de choses que j’aime dedans… mais je dois vous confier qu’une scène en particulier m’a marqué quand je n’étais que lycéen, c’est celle présente dans l’épisode Le Fantôme des Noëls passés : « En 900 ans de voyage dans le temps et l’espace, je n’ai jamais rencontré quelqu’un qui n’était pas important. »
C’est peut-être la leçon la plus forte de Doctor Who : tout le monde est important. Et c’est beaucoup plus politique qu’il n’y parait, tout comme cette série.
Quel est le positionnement politique de Doctor Who ?
Tout au long de ses voyages, le Docteur tombe sur des lieux et des époques qui ont besoin de son aide. Il y a souvent des gens à sauver, avec, parfois, un rapport de pouvoir dans la balance : des êtres puissants qui essayent d’utiliser ou d’abuser d’autres êtres. Typiquement, ses principaux ennemis sont des monstres, comme les Daleks ou les Cybermens, dont les objectifs sont souvent la conquête totale ou l’assimilation des autres espèces par la force.
Même quand les enjeux sont plus grands qu’à l’échelle individuelle, le Docteur ramène le sujet aux invisibles. Comme dans son discours culte au sujet de la guerre : « Lorsque vous tirez le premier coup de feu, même si vous vous sentez être dans votre droit, vous n’avez aucune idée de qui va mourir. Vous ne savez pas quels enfants vont crier et brûler. Combien de cœurs seront brisés ! Combien de vies brisées ! Combien de sang va couler jusqu’à ce que tout le monde fasse ce qu’il fallait faire depuis le début : s’asseoir et parler ! »
Beaucoup ne connaissent que la version moderne de la série, relancée en 2005. Mais cette approche politique de Doctor Who ne date pas d’hier. Tenez, en 1973, un épisode décrit une grande entreprise dirigée par une machine dénuée de visage. Cette boîte déverse des produits toxiques dans la nature, ce qui met en danger les villageois. L’épisode oppose un capitalisme technologique destructeur à des personnes qui veulent défendre la planète… et auxquels le Docteur vient en aide.
Alors, oui, Doctor Who est une œuvre anticapitaliste car ce monument britannique brille par son humanisme en redonnant un visage aux anonymes : nous existons derrière les grosses machines du progrès et de la technologie, et un système ne doit jamais oublier que toutes les vies comptent. D’ailleurs, le 12e Docteur le dit lui-même : « La finalisation du capitalisme (…) une frontière après laquelle la vie humaine n’a plus aucune valeur. »
Pour le Docteur, si certains sont sacrifiés au passage, alors ce système a besoin d’être soigné. On devrait garder ça en tête.
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Dans cette émission du Meilleur des Mondes, François Saltiel s’entretient avec Sophie Bernard, Antonio Casilli et Brahim Benali au sujet des travailleurs du numérique. Podcast à écouter sur le site de Radio France et sur toutes les plateformes d’écoute.
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