À Londres, l’ancien responsable de la branche britannique de Warner Music a surpris la profession en suggérant de réduire encore un peu plus le prix des albums de musique. Selon lui, un tarif autour d’un euro inciterait très fortement les adeptes du téléchargement à revenir dans les clous de la consommation légale. Un pari que l’industrie n’est pas encore prête à faire.

Comment ramener les adeptes du téléchargement illicite sur le chemin de la consommation légale de musique ? En réduisant drastiquement le prix de vente des albums de musique. C’est la proposition qu’a formulé Rob Dickins, l’ancien patron de la division britannique de Warner Music, lors d’une conférence à Manchester. Selon lui, le fait d’abaisser radicalement les prix des albums pourrait freiner le piratage et relancer les ventes dans le commerce.

« Ce dont nous avons besoin est une révolution. Ce que nous avons est une érosion. Lorsque je dirigeais Warner, un CD pouvait coûter 12,99 livres sterling (environ 14,8 euros). Un CD peut désormais coûter 6,99 livres sterling (environ 8 euros), voire même 5,99 livres sterling (environ 6,8 euros) » a-t-il expliqué, dans des propos repris par la BBC.

Au regard de cette érosion continue, Rob Dickins a suggéré que l’industrie du disque pouvait aller encore plus loin en amenant le prix de l’album autour d’une livre sterling (environ 1,14 euro). Un prix particulièrement bas, mais qui pourrait paradoxalement inciter les consommateurs à ne pas tergiverser pendant des heures devant un CD, se demandant si ça vaut le coup de dépenser une dizaine d’euros.

« Si vous êtes un fan de REM et que vous avez 10 albums du groupe, vous devez prendre une décision à la sortie d’un nouvel album : est-ce que vous le voulez ou non. Si nous vivions dans un monde micro-économique, il n’y aurait pas besoin de prendre une telle décision. Vous auriez juste à dire « j’aime REM » et vous l’achèteriez » a-t-il expliqué.

À côté de cette mesure, dont il assure que cela relancerait les ventes de CD, Rob Dickins estime que l’industrie pourrait toujours générer beaucoup d’argent à travers d’autres sources, comme les concerts ou le merchandising. Il a ainsi évoqué le cas de Prince, qui a distribué gratuitement son album Planet Earth dans la presse en 2007. La seule dépense fut l’achat du journal. Mais Prince s’est produit 21 fois à l’O2 Arena à Londres.

Sans grande surprise, la proposition de Rob Dickins a connu un accueil réservé chez les professionnels. « Rob Dickins est de cette génération de dirigeants qui a bénéficié de l’ère du CD à 14 livres sterling (environ 15 euros) et qui a donné à l’industrie de la musique une mauvaise réputation » a jugé Paul Quirk, responsable de l’Entertainment Retaliers Association.

À l’heure actuelle, la crise de l’industrie du disque est surtout circonscrite à la musique enregistrée. Si la vente de CD dans le commerce traditionnel est effectivement en recul, les autres secteurs ne rencontrent pas les mêmes difficultés. D’ailleurs, le chiffre d’affaires au bénéfice des auteurs, compositeurs et éditeurs a presque doublé en dix ans.

L’industrie peut profiter d’autres sources de revenus, notamment celles issues des licences d’exploitation (télévision, radio). L’émergence de nombreux médias (télévision par câble, par satellite, sites Internet, webradios) offre une pléthore de diffuseurs et donc de payeurs potentiels. Autant de pistes pour compenser les difficultés rencontrées dans le secteur de la musique enregistrée.

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