Comme prévu, c’est ce jeudi que le ministère de la Culture a ouvert le site officiel de la Carte Musique Jeune, dont le décret de création est paru au Journal Officiel cette semaine. Devant promouvoir le dispositif, le site explique que « la carte musique permet aux jeunes de 12 à 25 ans de bénéficier de réductions de 50% sur des services de musique en ligne » puisque « quelle que soit l’offre choisie, la carte musique finance jusqu’à 25 euros d’un budget de 50 euros« .
Une fois achetée, la carte « permet de panacher les offres de plusieurs plates-formes ou formules différentes« , précise le site. « Par exemple, un abonnement à dix euros sur une plate-forme de streaming ainsi que deux souscriptions à des formules de téléchargement à vingt euros chacune coûteront vingt-cinq euros au lieu de cinquante« .
Pourquoi s’en priver ?
Pour une raison simple : par responsabilité citoyenne.
Comment accepter que dans l’état actuel des finances publiques, l’industrie musicale qui bénéficie déjà d’aides substantielles sous la forme de crédits d’impôts, de subventions publiques ou autres redevances pour copie privée (qui maquillent une forme de subvention), bénéficie en plus d’une aide qui coûte au contribuable 25 millions d’euros par an ? Lesquels viennent s’ajouter au budget de 12 millions d’euros de la Haute Autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur Internet (Hadopi), complété par un budget encore méconnu de remboursement des frais d’identification et d’envoi des mails aux FAI. Le tout pour une industrie loin d’être aussi moribonde que ce qui est constamment répété. N’y a-t-il pas d’autres priorités dans l’état actuel du budget que d’apporter une aide supplémentaire à une industrie qui a passé plus de temps ces dix dernières années à vouloir contrôler et sanctionner les consommateurs qu’à tenter de comprendre et répondre à leurs envies ?
La Carte Musique fait croire que le plus gros problème de l’offre légale est son prix, alors que l’Observatoire de la Musique a démontré encore cette semaine que c’était sa sclérose, due notamment à l’absence de licence de gestion collective, rejetée par ces labels que l’on veut aujourd’hui aider. Seules les majors en sortent gagnantes, à une vitesse terrifiante. « Alors qu’ils étaient présents sur 94% de sites au 1er semestre 2009, 83% au 2ème semestre 2009, les catalogues de labels indépendants ne sont plus présents que dans 75% des sites au 1er semestre 2010« , constatait ainsi l’Observatoire.
Préparée en catimini sans attendre la publication du décret, la Carte Musique connaît déjà un certain nombre de partenaires : e-compil, Qobuz, MusicMe, MyClubbingStore, Amazon, MySurround, Deezer, Starzik, CD1D, Virgin, iTunes, Orange, DisquaireOnline et la FNAC.
Pour acheter la carte, les jeunes de 12-25 ans doivent d’abord choisir le(s) service(s) qui les intéresse(nt), puis sélectionner une ou plusieurs des offres promotionnelles proposées par les éditeurs, et enfin remplir un formulaire. Les codes permettant d’utiliser la Carte sur les services choisis sont ensuite envoyés par mail. Aucune demande de vérification de l’âge du demandeur n’est faite, sauf démarche spécifique du site partenaire. C’est le bâton qui doit dissuader les fraudeurs. Le formulaire précise ainsi que « toute fausse déclaration est passible de peines d’amendes ou d’emprisonnement prévues par les articles 441-6 et 441-7 du code pénal« . Il est également prévu que « toute personne constatant l’usurpation de son identité » peut saisir l’administration pour « demander la désactivation du compte ouvert à son nom« .
On notera enfin que contrairement à ce qui a été fait pour CinéLycée, aucun logo de l’Hadopi n’apparaît sur le site de la Carte Musique. Une volonté de ne pas entacher le dispositif de la mauvaise réputation de la riposte graduée ?
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