« Chaque monstre était autrefois un homme… » : cette phrase, en filigrane porteuse d’espoir, parcourt Senua’s Saga: Hellblade 2, exclusivité Xbox annoncée de longue date qui vient enfin saisir le public par sa réalisation hors du commun. Époustouflante, lugubre, viscérale, cette nouvelle aventure de Senua, héroïne rescapée d’un premier voyage déjà cauchemardesque, plonge dans un univers nordique qui allie violence extrême et paysages envoûtants. Folklore méconnu (connaissez-vous le Huldufólk ?) et récit finalement simple à comprendre. En résulte une expérience avant tout cinématographique, pensée comme une vitrine pour la Xbox Series X.
Senua débute sa nouvelle quête à bord d’un bateau d’esclavagistes, tenu par le clan Bjarg, qui ne cesse d’emmener son peuple vers une fin funeste. Elle découvrira plus tard que son ennemi agit sous la contrainte d’une malédiction liée à des géants. Alors que certains sont prêts à les combattre, d’autres préfèrent se plier à des rituels de sacrifice. Toujours guidée par des voix nées de ses troubles mentaux, Senua décide de libérer les majestueuses et effrayantes créatures de leur fardeau. Tout simplement parce que « chaque monstre était autrefois un homme ». Senua’s Saga: Hellblade 2 n’est d’abord qu’un trip immersif.
Les combats de Senua’s Saga: Hellblade 2 sont pénibles
Lancement
Senua’s Saga: Hellblade 2 est disponible à compter du 21 mai sur Xbox Series S, Xbox Series X et PC. On le trouve aussi dans le Xbox Game Pass.
On savait que Senua’s Saga: Hellblade 2 serait très beau. En revanche, on ne pensait pas qu’il serait aussi beau. Le studio Ninja Theory mobilise les différentes technologies de l’Unreal Engine 5 pour donner naissance à un jeu visuellement incroyable (on rêverait de ne jouer qu’à des productions de cette qualité). Les qualificatifs manquent pour décrire Senua’s Saga: Hellblade 2, tant l’écran est parcouru de détails et d’effets visuels, avec un photoréalisme sidérant. Chaque environnement est un uppercut, une occasion de poser la manette pour admirer et se délecter. On devine que Ninja Theory a mis du cœur à l’ouvrage, avec chaque seconde pensée comme une œuvre d’art. C’est prodigieux.
Certes, les détracteurs pourront estimer que Senua’s Saga: Hellblade 2 n’est qu’un couloir en 30 fps, mâtiné de bandes noires pour économiser quelques pixels. Ce serait insulter la direction artistique qui donne un cachet indéniable à un jeu qui tombe parfois dans l’horreur. Un tel niveau graphique ne peut qu’encourager à explorer Senua’s Saga: Hellblade 2 en appréciant le spectacle, qui tient finalement plus du film interactif (les animations faciales sont éblouissantes) que du jeu vidéo. On se demande d’ailleurs parfois si Senua’s Saga: Hellblade 2 ne serait pas mieux dans un format sans manette.
La beauté plastique de Senua’s Saga: Hellblade 2 s’accompagne en prime d’un immense travail sur la bande son. En plus de sonorités qui imprègnent l’ambiance islandaise et lui donnent une sacrée âme, on se délecte de bruitages qui assaillent constamment, avec une précision qui force le respect (il faut jouer au casque, ou avec un home cinéma, si possible). Il y a aussi toutes ces voix qui sèment des idées dans la tête de Senua. Bavardes, elles sont là en permanence, matérialisant si bien les psychoses dont souffre l’héroïne. Senua’s Saga: Hellblade 2 parle tout le temps, et chuchote de tous les côtés. Mais cela participe à cette constante oppression. En termes d’immersion, Senua’s Saga: Hellblade 2 va très, très loin. Il faut d’ailleurs avoir l’estomac bien accroché pour résister à cette pression, certes virtuelle, mais terriblement palpable. Sur ce point, Senua’s Saga: Hellblade 2 est une leçon, avec des temps forts qui laissent bouche bée.
En revanche, ces louanges ne tiennent plus quand Senua’s Saga: Hellblade 2 est renvoyé à sa réalité de jeu vidéo. C’est-à-dire quand le devoir d’appuyer sur des boutons nous extirpe du rêve cauchemar éveillé. À l’instar de son prédécesseur, Senua’s Saga: Hellblade 2 pâtit de mécaniques terriblement basiques. Il y a les énigmes risibles, qui retardent plus qu’elles n’éveillent notre intellect. Il y a surtout les combats, pénibles car rébarbatifs, hachés et peu techniques. Il y a du mieux par rapport à avant (la mise en scène est plus fluide), mais on se rend vite compte de la supercherie. On est même triste de constater que Ninja Theory a mis toute son âme dans une réalisation mirifique pour nous envoyer des ennemis qui finissent par tous se ressembler. Là, l’immersion, qui atteint des cimes tant élevées lors des balades, en prend un sacré coup. Le contraste est terrible.
Il faut dès lors prendre Senua’s Saga: Hellblade 2 pour ce qu’il est, en l’occurrence une immense étreinte nourrie par une maîtrise technique et artistique, hélas piégée dans une boucle de gameplay bateau. Voilà pourquoi on pense qu’il aurait été bien plus à son aise dans un format moins interactif. Il demeure une proposition qui témoigne d’un savoir-faire certain. Mais celles et ceux qui espèrent un vrai bond en avant sur la partie action, par rapport à Hellblade; Senua’s Sacrifice, doivent se raviser. Senua’s Saga: Hellblade 2 est un voyage sensoriel comme aucun autre, à qui il manque tout de même l’expérience du toucher pour être totalement abouti. À deux doigts du chef-d’œuvre.
Le verdict
Senua’s Saga: Hellblade 2
Voir la ficheOn a aimé
- Réalisation époustouflante
- La bande son est incroyable (jouez au casque)
- Immersion totale
On a moins aimé
- Des combats pénibles
- Des ennemis clones qui brisent l’immersion
- C’est court, quand même
Entre pression sonore constante et violence viscérale pas loin du dégoût, Senua’s Saga: Hellblade 2 subjugue par son incroyable travail sur l’immersion. Grâce à l’Unreal Engine 5, il brille par sa réalisation époustouflante. L’expérience cinématographique est réussie, et on sent tout le travail accompli par Ninja Theory.
On aurait aimé en revanche que cette assise visuelle accueille un gameplay bien plus peaufiné. Dans le sillage de son prédécesseur, Senua’s Saga: Hellblade 2 est rattrapé par ses démons, à savoir des énigmes risibles et des combats insipides. Un comble pour un récit articulé autour d’une héroïne qui doit composer avec des troubles mentaux.
+ rapide, + pratique, + exclusif
Zéro publicité, fonctions avancées de lecture, articles résumés par l'I.A, contenus exclusifs et plus encore.
Découvrez les nombreux avantages de Numerama+.
Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci
Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.
Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :
- 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
- 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
- 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.
Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.
Abonnez-vous à Numerama sur Google News pour ne manquer aucune info !