C’est une scène qui vous a peut-être heurté si vous avez un minimum de bagage scientifique. Elle a en tout cas été relevée à de multiples reprises sur les réseaux sociaux depuis le 5 juin, date à laquelle les deux premiers épisodes de The Acolyte, la toute nouvelle série Star Wars, sont sortis en streaming sur Disney+.
Pour celles et ceux qui n’ont pas encore vu la série, voilà la scène qui a causé un certain émoi — on se permet de la décrire, puisqu’elle est complètement anodine. Une jeune femme, Osha, est missionnée pour effectuer une sortie extravéhiculaire sur un vaisseau spatial. Sa tâche ? Faire une opération de maintenance.
Les choses, toutefois, se passent mal. Un excès de pression déclenche une explosion sur une soupape de sécurité, entrainant un départ de feu. On voit une fuite de gaz, ainsi que des flammes virevoltant non loin. Sur une planète comme la Terre, cette représentation serait crédible. Mais dans l’espace ? Est-ce que cela peut vraiment avoir l’air d’un feu de camp ?
Sur X, plusieurs internautes ont évidemment réagi. « Du feu dans l’espace … avec le son d’un feu de camp… dans l’espace. Il s’agit de la nouvelle série Star Wars, The Acolyte », déplore l’un d’eux. « On ne peut pas avoir de feu dans l’espace, scénaristes, il n’y a pas d’air. Si elle porte un casque, vous devriez comprendre la science et ce fait », abonde un autre.
D’autres réactions du même tonneau peuvent être dénichées sur le réseau social. « Verdict : The Acolyte c’est nul. Erreur majeure : le feu ne peut pas exister dans l’espace », lance cet internaute, avant de pointer d’autres points le chagrinant. « Lol, il y a de vrais bruits de crépitement de bois de chauffage hahahahahahaha », se gausse celui-là.
Oui, le feu n’est pas censé se comporter ainsi
Sur un strict plan scientifique, il est exact de trouver problématique la façon dont cette scène se déroule. On sait par exemple qu’en situation de micro gravité, les flammes prennent une forme très différente d’un classique feu de camp — ce que montrent des expériences menées par la Chine ou bien dans la Station spatiale internationale.
Dans ces tests, la combustion opère grâce à l’apport d’oxygène qu’il y a à bord de l’ISS ou de la station chinoise. Il y a également une température et une pression atmosphérique propices. Dans l’espace, il n’y a pas d’air, pas de pression et les températures peuvent connaître des variations extrêmes en fonction de là où on se trouve.
Star Wars raconte des histoires. Ce n’est pas un exposé scientifique
Bien sûr, la scène de The Acolyte n’aurait pas dû se passer de cette façon pour respecter les règles de la physique. Mais The Acolyte n’est pas un documentaire, ni un exposé scientifique. C’est une fiction — de la science-fiction même. Star Wars, d’ailleurs, ne prétend pas être de la hard SF, où la vraisemblance scientifique est une valeur cardinale.
Ces libertés avec la science ne datent pas d’hier. Concernant les flammes, on trouve bien des scènes similaires dans Star Wars. La plus emblématique, peut-être, est la destruction de l’Executor, un vaisseau de l’Empire. Alors qu’il chute, on voit la passerelle de commandement en flammes. Or celles-ci ne devraient pas apparaître — en tout cas, pas ainsi.
Cette scène issue du film Le Retour du Jedi, en 1983, est l’arbre qui cache la forêt. Il y a bien d’autres séquences montrant des flammes en action, avec une physique inappropriée. On peut citer la bataille qui ouvre La Revanche des Sith (2005), avec des vaisseaux qui brûlent et qui explosent. D’ailleurs, des internautes le font remarquer dans les réponses.
L’agitation autour de cette scène particulière, notamment pour critiquer plus largement la qualité de The Acolyte, est d’autant plus incompréhensible que Star Wars a toujours penché du côté du mythe et de la fantaisie plutôt que de la science et de la réalité. Beaucoup ont pointé les autres écarts que la saga se permet avec la physique.
Sans prétendre à un inventaire complet des choix qui sont invraisemblables pour la science, on peut citer :
- la Force ;
- le son se propageant dans l’espace ;
- la lame d’un sabre laser ;
- le parsec ;
- les voyages supraluminiques (plus vite que la lumière) ;
- les midichloriens ;
- la cryogénisation ;
- les tirs de laser ;
- le contrôle mental grâce à la Force ;
- tous les pouvoirs avec la Force, d’ailleurs ;
- les communications instantanées à travers toute la galaxie ;
- le nombre considérable d’aliens ayant une morphologie humanoïde ;
- la construction d’un droïde protocolaire maîtrisant 6 millions de langues par un gamin de 9 ans ;
- et ainsi de suite.
« Pouvons-nous convenir que la Guerre des étoiles, en général, n’a jamais été scientifiquement exacte ? », pointe un internaute, qui trouve que tout cela a des airs de tempête dans un verre d’eau. « La Guerre des étoiles n’a jamais utilisé la science » abonde un autre. « C’est ce qu’on appelle raconter des histoires et non des faits scientifiques », conclut un troisième.
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