Paru en février sur PS5, Xbox Series S, Xbox Serie X et PC, Suicide Squad: Kill the Justice League a connu un développement chaotique qui explique sa médiocrité. Bloomberg en révèle les coulisses.

Suicide Squad: Kill the Justice League est l’un des jeux vidéo les plus décevants de l’année 2024, alors qu’il a été développé par un studio à la renommée qui n’était plus à prouver. Avant de se prendre un mur, Rocksteady avait mis tout le monde d’accord avec sa trilogie Batman: Arkham. L’échec de Suicide Squad: Kill the Justice League, qui a creusé un trou de 200 millions de dollars dans les comptes de Warner Bros. Discovery, était hélas prévisible. Dans un article publié le 6 juin, Bloomberg en révèle les coulisses peu reluisantes.

Warner Bros. Discovery a confié le projet à Rocksteady en 2016. Les premiers remous sont vite apparus en raison de la nature même de Suicide Squad: Kill the Justice League. Alors que le studio était spécialisé dans les expériences solo, on lui a demandé de mettre au point un jeu-service multijoueur. Une orientation inédite, qui a poussé de nombreux employés à abandonner le navire avant qu’il ne coule. Ils ont eu raison, car la production a été constamment chahutée par des décisions qui pouvaient tout changer du jour au lendemain.

Suicide Squad: Kill the Justice League // Source : Capture Xbox
Suicide Squad: Kill the Justice League // Source : Capture Xbox

Le jeu Suicide Squad est tout ce qu’il ne faut pas faire quand on développe un jeu

Suicide Squad: Kill the Justice League est donc parti d’une mauvaise idée. Derrière, rien n’a été fait pour changer les choses. Sefton Hill, directeur créatif qui a quitté Rocksteady avant le lancement, a nourri des obsessions qui ont congestionné le développement. Par exemple, il voulait que Suicide Squad: Kill the Justice League propose des véhicules personnalisables, ce qui n’a pas eu beaucoup de sens au regard de la taille de la carte (il y en a quand même dans le jeu, mais pour des missions spécifiques).

En raison de ces pistes toutes plus invraisemblables les unes que les autres, les développeurs ont eu du mal à tenir un cap clair et défini. On leur a vendu une expérience d’abord basée sur des combats au corps-à-corps, puis une focalisation sur des phases de tir. Rocksteady n’avait pas les épaules pour assumer un projet à l’opposé de ce qu’il sait faire et, en prime, on n’a fait que lui mettre des bâtons dans les roues. Voilà pourquoi Suicide Squad: Kill the Justice League est ultra-répétitif et proche du gâchis : on a demandé à des développeurs de rentrer des ronds dans des carrés, puis des carrés dans des triangles.

Le pire ? Warner Bros. Discovery n’a jamais vu le problème lors des nombreuses réunions de présentation. « Ils ne cessaient d’envoyer des retours élogieux, complimentant les graphismes et disant que Suicide Squad deviendrait une saga à plusieurs milliards de dollars », indique Bloomberg. Il y a une forme de déni qui fait assez froid dans le dos et qui a précipité, voire conforté, Suicide Squad: Kill the Justice League dans sa chute. Aujourd’hui, il observe un trafic famélique sur une plateforme comme Steam (moins de 250 personnes connectées en même temps en moyenne, ces 30 derniers jours). Rocksteady a par ailleurs fait savoir que la communication se fera plus rare sur le blog : on passe d’un rythme hebdomadaire à un calendrier plus flou. Bref, il n’est pas sûr que les serveurs soient encore ouverts en 2025. Ni que le studio s’en remettra.

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