On dit souvent que les bons vins prennent du goût avec l’âge. Celui de The Boys, au doux parfum de chaos et d’hémoglobine, a enfin retrouvé tous ses arômes d’antan, après une saison 3 moins délicieuse que prévu. Mais pour cette nouvelle mise en bouteille, dont nous avons seulement pu voir les 3 premiers épisodes, le showrunner Eric Kripke (Supernatural) a décidé de déplacer son millésime 2024, pour s’aventurer sur le terrain, ô combien tortueux, de la vie politique.
Si The Boys a toujours brillé par son irrévérence, cette saison 4 met enfin les deux pieds dans le plat des campagnes menées pour la victoire, des guerres d’ego et même des théories du complot.
Souvenez-vous : on avait laissé nos zigouilleurs de super-héros et leurs ennemis surhumains dans une posture d’affrontement, après la mort explosive de Soldier Boy (Petit Soldat). Homelander (Le Protecteur) est ainsi parvenu à récupérer la confiance de Ryan, son fils, au grand dam de Butcher, et il peut même tuer l’un de ses opposants en pleine rue, tout en gardant l’amour de ses supporters.
Victoria Neuman, elle, se lance dans une carrière politique de premier plan, malgré sa fâcheuse tendance à faire (littéralement) tourner la tête de ceux qui se mettent sur son chemin. Cette saison, les Boys auront donc du pain sur la planche pour continuer à combattre Homelander, tout en empêchant la Maison-Blanche de devenir un repaire de super-héros.
Big Homelander is watching you
Désormais, plus question de tourner autour du pot : cette fois, les super-héros ont définitivement fait tomber le masque grâce aux révélations publiques de Starlight (Stella) en fin de saison 3. La confrontation se déplace alors dans la rue, entre les fervents admirateurs d’Homelander et les fans de Starlight, qui s’affrontent lors de manifestations musclées et… manipulées.
La notion d’instrumentalisation est d’ailleurs au cœur de cette saison 4. Homelander encourage ainsi les contestataires à s’entretuer pour mieux pouvoir s’imposer comme le sauveur, tandis que l’épisode 2 nous plonge au milieu d’une « Truth-Con », où les amateurs de théories du complot peuvent lâcher leurs meilleures hypothèses sur le supposé fonctionnement du monde, dans un événement dédié.
Homelander, Donald Trump ou les deux ?
The Boys a toujours dressé un parallèle avec notre réalité, certes. Mais ici, le doute n’est plus permis : Homelander est définitivement devenu un Donald Trump dans toute sa splendeur, n’hésitant plus à taper directement sur la cancel culture et les « socialos athées non binaires » du camp de Starlight. À l’aube des élections présidentielles américaines, prévues le 5 novembre 2024, toute ressemblance avec la réalité n’est donc plus du tout fortuite. Et il faut avouer que la franchise sans concession de The Boys fait du bien.
La comédie de science-fiction, qui a toujours dénoncé le sexisme, l’homophobie ou le racisme dès ses débuts, continue ainsi à allumer les anti-vaccins, les transphobes (coucou J.K. Rowling) et même le procès Johnny Depp/Amber Heard. À l’heure actuelle, elle est ainsi la seule série à représenter à ce point un contre-pouvoir et une véritable offensive progressiste, face aux poussées réactionnaires. Et en ces temps troubles, on en a bien besoin.
50% sang, 100% patinage artistique
Mais tout le génie de The Boys a toujours été de mélanger cette audace politique, jamais manichéenne, à un penchant machiavélique pour la baston, le gore, le cul et les cerveaux en bouillie. Il ne faut donc pas attendre longtemps avant que nos héros ne soient couverts de sang, comme c’est le cas 50 % du temps dans cette série.
Mais sur ce point, la production de Prime Video ralentit légèrement la cadence, pour continuer à proposer des séquences vraiment singulières. On avait déjà eu droit à de l’animation, à une comédie musicale, et même au fameux Herogasm. Cette fois, l’épisode 3 concentre de nouvelles trouvailles : préparez-vous à une séance de patinage artistique plus givrée que prévu et surtout à un bain de sang avec option canards en plastique volants.
Supernatural, le retour ?
Il est ainsi difficile de faire plus chaotique que The Boys, tant la série ose tout, tout le temps et parodie tout, tout le temps (même The Marvelous Mrs Maisel, dans l’épisode 2), avec toujours des caméos de qualité, dont on vous laisse la surprise, et toujours plus d’anciens de Supernatural, avec l’arrivée de Jeffrey Dean Morgan dans un rôle ambigu. Au milieu de tout ce tumulte brillamment organisé, se trouve évidemment quelques intrigues moins convaincantes, notamment autour des passés de Kimiko et de Frenchie qui ressurgissent subitement.
Mais globalement, The Boys parvient à redresser la barre, après une saison 3 qui tournait totalement en rond, et en attendant la fin de la série, prévue pour la saison 5. Alors avant de dire adieu à ces vulgaires produits marketings devenus des psychopathes, et à la bande qui les poursuit sans relâche, profitons encore du charisme effrayant d’Antony Starr (Banshee) dans le rôle d’Homelander pour mieux réfléchir à l’avenir politique qui nous attend, entre deux bains de sang.
Le verdict
The Boys, saison 4
Voir la ficheOn a aimé
- Les intrigues politiques
- Antony Starr, on t’aime
- Les tourments intérieurs de Butcher
- Les canards en plastique
- Le patinage artistique
On a moins aimé
- The Deep, toujours inutile
- Le passé de Kimiko et Frenchie
- Les nouvelles super-héroïnes, Firecracker et Sister Sage
Si la saison 3 avait pu parfois nous faire bailler d’ennui, The Boys nous rappelle enfin pourquoi on aimait cette série depuis ses débuts : un propos toujours plus politique, des tacles à tous les réactionnaires de la planète, et du gore en toutes circonstances, pour ajouter du piquant supplémentaire. Ces nouveaux épisodes prouvent ainsi que The Boys est l’une des meilleures productions actuelles, mais aussi la plus woke, ne lâchant rien sur le plan des idées, comme de l’explosion d’hémoglobine qui la caractérise. La preuve ? Antony Starr, qui incarne Homelander, est toujours aussi charismatique dès les premières minutes de cette saison 4 alors qu’il se trouve… au petit coin. Du génie, on vous dit.
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