Dans l’épisode du Meilleur des mondes du 21 juin, sur France Culture, la chronique Numerama est dédiée aux bienfaits politiques de la science-fiction.

La science-fiction est l’outil démocratique dont on a besoin. Pour vous le prouver, j’ai une affirmation qui peut être contre-intuitive : la science-fiction est parfaitement ancrée dans le présent. Elle nous dit : « stop, on s’arrête deux minutes, on prend du recul et on regarde le monde que nous sommes en train de créer ». C’est un refus de l’inéluctable. En SF, l’avenir n’est plus un progrès en ligne droite dont on serait les passagers passifs. Et ça, c’est très politique : en nous permettant d’accéder à l’altérité, l’ailleurs, l’autrement, cet imaginaire est aussi un outil de premier plan contre la haine et le repli sur soi.

Ce rôle de la SF marche dans tous ses médias, aussi pour les séries. Prenons l’un des grands succès de l’année, la série Netflix Le Problème à Trois Corps. On y trouve un casque de réalité virtuelle au fonctionnement incompréhensible et une espèce extraterrestre que l’on ne voit jamais. Comme le livre dont elle est adaptée, elle nous pousse dans nos retranchements — comme adore le faire la SF –, en nous confrontant à l’inconnu.

Le Problème à 3 Corps. // Source : Netflix
Saul sera forcément de retour dans la saison 2 du Problème à 3 Corps. // Source : Netflix

La SF est un road trip, un voyage. Prenons l’œuvre d’une écrivaine française, Émilie Querbalec. Son roman Les Chants de Nuying démarre avec une découverte : des sons émanant d’une autre planète, et qui ressemblent étrangement à des chants de baleine. Une expédition spatiale est lancée et, nous, on pense partir explorer cette planète. Mais, non, Émilie Querbalec nous raconte surtout le voyage au sein de ce vaisseau où la tech est omniprésente : à l’image du genre SF, c’est une belle et profonde quête humaniste vers soi et vers les autres.

Utopie ou dystopie ?

Quand on dit qu’on en a marre des dystopies, cela ne signifie pas qu’il ne faut plus en écrire ni qu’elles sont invalides. Au contraire, c’est un constat plutôt sain : encore heureux qu’on en a marre des dystopies. Elles sont là pour ça. Certes, elles nous dépriment un peu, mais elles nous aident aussi à refuser. Prenons la trilogie sur la transparence numérique, de Benjamin Fogel. Le tome 2, Le Silence selon Manon, nous montre un futur où l’omniprésence numérique a transformé la haine en ligne en institution. Mais l’auteur contrebalance sans cesse avec notre humanité. Dans cette tension narrative, il y a une étincelle qui pousse à la mobilisation, une levée de bouclier puissante contre le masculinisme et le cyberharcèlement.

Bien sûr, dans la production récente on trouve de plus en plus la notion d’espoir. Becky Chambers est fer de lance de cette SF positive, optimiste, basée sur le vivre-ensemble et le respect de la nature.

Cette cohabitation entre des futurs enviables et non enviables est nécessaire. Quand on veut parler de nouvelles technologies, on devrait toujours parler en termes de futurs possibles. Ils sont nombreux et ils dépendent en grande partie de nous. Même avec un smartphone en main, vous avez le choix. C’est l’un des meilleurs enseignements de la SF.

Pour écouter Le Meilleur des mondes

« Comment informer et transmettre pour comprendre les enjeux du numérique en 2024 ? » : c’était le sujet de cette émission, à écouter ou réécouter sur le site de France Culture. François Saltiel recevait :

  • Marie Turcan, journaliste
  • Dominique Boullier, sociologue, professeur à Sciences-Po Paris et spécialiste des technologies cognitives et des propagations.
  • Félix Tréguer, sociologue, membre de la Quadrature du Net, auteur de L’utopie déchue, une contre-histoire d’internet (Fayard, 2019) ;
  • Maryse Broustail, professeure d’histoire-géographie, formatrice pour le CLEMI
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