Ubisoft ne s’attendait certainement pas à un tel torrent de critiques après la présentation d’Assassin’s Creed Shadows, futur opus majeur de la saga qui se déroulera au Japon (le rêve de nombreux fans). Plusieurs points de tension entourent le jeu vidéo : la présence, au casting, d’un samouraï d’origine africaine, entre autres inexactitudes historiques ou culturelles. Une pétition lancée par un Japonais pour faire annuler le jeu a quasiment atteint les 100 000 signatures, dont celles de personnes se présentant ouvertement comme « anti-woke ». L’homme politique Satoshi Hamada, membre de la Chambre des conseillers (le pouvoir législatif au Japon), craint de son côté une appropriation culturelle.
Ubisoft se devait donc de réagir, ce qu’il a fait en publiant un long communiqué sur Twitter le 23 juillet 2024. Il est directement adressé à la communauté japonaise et a d’ailleurs été traduit dans la langue du pays. La multinationale présente ses excuses pour les quelques éléments qui pourraient être perçus comme un manque de respect ou de la maladresse, à l’instar de l’utilisation — sans autorisation — d’un drapeau appartenant à l’association de reconstitution Sekigahara Teppo-tai. Mais elle tient surtout à rappeler que Assassin’s Creed Shadows reste avant tout une œuvre de fiction, certes inspirée par l’Histoire.
Ubisoft s’engage dans un dialogue de sourds au sujet d’Assassin’s Creed Shadows
« Notre intention n’a jamais été de présenter nos jeux Assassin’s Creed, ce qui inclut Assassin’s Creed Shadows, comme des représentations factuelles de l’histoire ou de personnages historiques. En réalité, nous visons à créer de la curiosité et à encourager les joueurs à explorer et à en apprendre plus sur les contextes historiques qui nous inspirent », rappelle Ubisoft. En d’autres termes, Ubisoft défend le fait qu’Assassin’s Creed Shadows n’est rien d’autre qu’une « fiction historique », située dans le Japon féodal. L’entreprise en appelle bien évidemment à la fin du harcèlement de ses collaboratrices et collaborateurs, qu’ils soient internes ou externes.
Plus spécifiquement, Ubisoft adresse le sujet de Yasuke, l’un des deux héros d’Assassin’s Creed Shadows, qui est un samouraï noir. Alors que les scénaristes auraient pu choisir un samouraï japonais pour accompagner Naoe (une shinobi japonaise), ils ont préféré s’inspirer d’une personne qui a vraiment existé. Originaire d’Afrique et arrivé au Japon en compagnie des Jésuites, Yasuke a effectivement servi Nobunaga, même si son statut de samouraï n’est pas réellement authentifié. Pour Ubisoft, le mystère qui l’entoure a constitué une aubaine pour prendre des libertés créatives et, encore une fois, nourrir sa fiction.
Yu Hirayama, un historien japonais, a donné des détails sur le véritable Yasuke dans un tweet : « Il y a très peu de textes historiques sur lui, mais il n’y a aucun doute sur le fait qu’il a servi en tant que samouraï sous Nobunaga. Qu’importe votre statut de naissance, si votre maître vous traite comme un samouraï, alors vous pouviez en devenir un à cette période. » Ses analyses s’appuient sur le fait qu’il a reçu une maison ainsi qu’une longue épée. L’historien précise quand même que les ennemis de Nobunaga n’ont jamais vu Yasuke comme un samouraï (ce qui peut expliquer la confusion).
En s’adressant à la communauté japonaise, Ubisoft occulte tout de même une partie du problème, en l’occurrence les critiques émises par celles et ceux qui brandissent l’argument abject du « wokisme ». Avec son casting composé d’une personne racisée et d’une femme, Assassin’s Creed Shadows ne leur convient pas. Ils s’en servent alors pour alimenter la haine en ligne, en partageant des conspirations (sur la société Sweet Inc., par exemple). Un vrai dialogue de sourds entoure le jeu et Ubisoft ferait peut-être finalement mieux de ne pas répondre aux haters.
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