GTA Online a-t-il tué Rockstar Games ?

L’année prochaine, à condition qu’aucun retard ne vienne perturber le calendrier, Rockstar Games lancera GTA 6, jeu vidéo massue, attendu comme le Messie par des millions de joueuses et de joueurs. Cette sortie, qui sera certainement décryptée comme jamais, marquera la fin d’une longue disette pour le studio. Il faut effectivement remonter à 2018 pour voir une nouveauté inscrite à son catalogue, avec Red Dead Redemption 2. Avant cela, c’était 2013, avec GTA V.

Cela veut dire que Rockstar Games n’a sorti qu’un seul jeu sur une période de 10 ans. Ce n’est pas forcément une anomalie, sauf si l’on se réfère à son passif, résumé dans une infographie partagée sur Reddit par SubalternSpeak, le 7 juillet 2024. On y découvre que Rockstar Games était capable d’enchaîner les sorties au début des années 2000. Entre 1998 et 2013, il y avait au moins une nouveauté par an.

GTA Online a tout changé pour Rockstar Games

Qu’est-ce qui peut expliquer ce frein du nombre de sorties, alors que Rockstar Games venait d’offrir une décennie entière de hits (ou presque) ? Entre 2002 et 2012, le studio a enchaîné Depuis GTA V, il faut prendre son mal en patience. Un coupable est tout désigné : GTA Online, le mode en ligne qui rapporte énormément d’argent et qu’il suffit d’alimenter par des mises à jour donnant envie à la communauté d’y revenir. « GTA Online, ce cancer », témoigne un internaute, 4AEG, en réponse à l’infographie.

Certains fans ne sont visiblement pas d’accord avec lui. « Ce cancer est ce qui leur permet de développer des jeux proches de la perfection, sans échéance, sans précipitation, avec juste énormément de temps, avec l’argent qui continue d’arriver car le jeu qu’ils ont fait il y a dix ans est toujours l’un des meilleurs dans son genre », répond zombi_wafflez. GTA Online prend effectivement du temps à Rockstar Games, qui bénéficie d’une immunité pour se faire ainsi désirer. C’est un cercle vertueux idéal pour un studio, et on ne peut que l’applaudir.

Toutefois, on peut déplorer le fait que le nouveau rythme de Rockstar Games a tué certaines licences, certes à une période où les projets ambitieux prennent de plus en plus de temps (ce qui implique des sacrifices). Certains regrettent aussi cette période dorée durant laquelle Rockstar Games ne misait pas que sur GTA et surprenait, par exemple, avec un jeu de ping-pong au gameplay réussi (Table Tennis, en 2006). La diversité d’un catalogue est aussi ce qui fait la richesse de l’héritage d’un studio.

Preuve concrète que GTA Online a inhibé la créativité de Rockstar Games ? L’annulation du DLC solo de GTA V, pour la simple et bonne raison que le succès de GTA Online impliquait la mobilisation de ressources colossales pour l’alimenter. Si même l’extension d’un jeu comme GTA V a été sacrifiée, on ne peut qu’imaginer la durée de réflexion autour de licences moins populaires… Notons quand même que cette recette ne fonctionne pas toujours : Red Dead Online, le mode en ligne de Red Dead Redemption 2 a vite été abandonné.