Situant son action dans les Alpes autrichiennes, Dungeons of Hinterberg s’appuie sur une générosité débordante pour nous pousser à enchaîner les donjons. La surprise de l’été. Notre test.

L’été est une période toujours un peu calme pour les jeux vidéo. Il est rarement question, en effet, de s’enfermer pendant des heures et des heures, des jours durant, pour terrasser un à un les boss récalcitrants du dernier rejeton infernal de FromSoftware, alors lancé en pleine canicule éreintante. C’est par ricochet un moment propice pour se distinguer, pour attirer l’attention quand les géants du jeu vidéo sont plus discrets. Pour des productions moins ambitieuses comme Dungeons of Hinterberg — surtout avec une disponibilité immédiate dans le Xbox Game Pass –, c’est une occasion à tenter, en tout cas.

Dungeons of Hinterberg nous emmène dans les Alpes autrichiennes alors qu’une jeune avocate souhaite s’aérer l’esprit en profitant de l’attraction locale (belle métaphore des vacances, d’ailleurs). La magie a effectivement pris possession des lieux, matérialisée par une palanquée de donjons qui attirent les touristes et génèrent de l’économie. Comme tant d’autres, Luisa a fait le voyage pour tenter la grande aventure. Bien entendu, ce décor montagnard cache un secret dont les contours se dessinent au fil des heures. Heures qu’on ne voit pas défiler. Une plutôt bonne nouvelle quand on doit tuer le temps.

Le jeu Dungeons of Hinterberg mise sur la générosité

Disponibilité

Dungeons of Hinterberg est disponible depuis le 18 juillet sur Xbox Series S, Xbox Series X et PC.

Si un air de vacances parcourt l’expérience, chaque journée passée dans Dungeons of Hinterberg est rythmée de la même façon, d’une manière routinière. Le matin, on flâne un peu et on réfléchit sur l’endroit où aller (quatre zones différentes). L’après-midi, on explore la zone choisie. On pourra se contenter de faire le plein de ressources, d’admirer le paysage ou de terminer l’un des donjons à la difficulté variable. Le soir, la vie sociale démarre. C’est là qu’on pourra discuter avec les personnages au profil varié pour développer — ou non — des relations. C’est aussi là qu’il faudra gérer son équipement et son inventaire, pour gagner en puissance et se faciliter la vie. Enfin vient l’heure du coucher, ou de la procrastination, qui nous amène au réveil. Et rebelote.

Dungeons of Hinterberg est davantage une succession de pastilles bienveillantes qu’une épopée grandiose

Dit comme ça, Dungeons of Hinterberg a l’air pénible et rébarbatif. C’était sans compter la générosité dont font preuve les développeurs pour apporter un maximum de variété au gameplay. Ainsi, chaque région, à l’ambiance visuelle propre, mais toujours un peu criarde, est attachée à des pouvoirs spécifiques. Ils servent autant aux combats, hélas vite inintéressants, qu’aux énigmes. Ainsi pourra-t-on activer des interrupteurs avec une boule d’électricité, surfer sur des rails (on est à la montagne, après tout) ou profiter d’une tornade pour franchir des obstacles situés au sol. Comme on passe constamment d’un décor à l’autre, en fonction de son niveau, il y a toujours une forme de redécouverte du gameplay qui s’opère. Surtout, ces compétences diamétralement opposées accouchent de situations variées au sein des donjons, avec des petits puzzles qui alimentent un peu, mais pas trop, la réflexion.

Dungeons of Hinterberg // Source : Curve Games
Oui, il y a des séquences de glisse dans Dungeons of Hinterberg. // Source : Curve Games

En prime, l’aspect social de Dungeons of Hinterberg est suffisamment poussé pour qu’on passe à côté d’éléments majeurs, mais facultatifs. Ainsi n’ai-je débloqué le compteur de combos qu’au bout d’une quinzaine de donjons parce que je n’avais pas encore parlé à un personnage spécifique. En ne rendant rien de très essentiel, Dungeons of Hinterberg permet à la joueuse et au joueur de construire son aventure comme elle ou il l’entend, au gré de ses balades, sans objectif particulier. Les conséquences de nos actes et de nos choix sont parfois un peu flous. Cependant c’est un excellent moyen d’encourager la curiosité. De toute façon, l’intrigue ne s’expose que trop rarement. Par conséquent, Dungeons of Hinterberg est davantage une succession de pastilles bienveillantes qu’une épopée grandiose, avec des dialogues parfois savoureux plutôt qu’une accumulation de cinématiques trop assommantes.

Dungeons of Hinterberg // Source : Curve Games
Que serait un donjon sans son trésor ? // Source : Curve Games

Dungeons of Hinterberg est un jeu malin comme tout, qui surprend par l’imbrication de ses mécaniques. Elles offrent une profondeur assez inattendue à un jeu qui, en apparence, n’en aura plus passé quelques heures. Les développeurs se permettent même quelques sucreries à tomber à la renverse (quand ils s’inspirent des Super Mario Galaxy par exemple). Il y a de l’intelligence dans Dungeons of Hinterberg et elle contamine la joueuse ou le joueur comme le ferait un distributeur de sourires. Il est simplement dommage que le gameplay soit rattrapé par des lourdeurs, entre les animations un peu trop rigides, les combats en arène vite pénibles et certaines actions automatisées (comme les sauts). Avec un surplus de fluidité supplémentaire, Dungeons of Hinterberg aurait été un véritable bijou. Là, il sème surtout des souvenirs dignes d’une amourette de vacances. Habile pour un titre paru en plein mois de juillet.

Le verdict

Dungeons of Hinterberg
8/10

Dungeons of Hinterberg

Voir la fiche
Dungeons of Hinterberg est la vraie belle surprise de l’été 2024. Si on met de côté sa direction artistique trop criarde et son gameplay lourd sur certains points, on peut très largement apprécier cette proposition qui fleure bon les vacances. Dans un cadre accueillant, on passe d’un donjon à l’autre en profitant des belles idées imaginées par Microbird Games. Le titre offre une liberté suffisante pour donner l’impression qu’on vit une aventure selon ses envies. En témoigne la manière dont les mécaniques sociales sont astucieusement imbriquées à la routine qui se met en place. Sans être une grande épopée dont on n’en ressortira pas indemne, Dungeons of Hinterberg offre des souvenirs marquants à qui voudra explorer les Alpes autrichiennes.
Découvrez les bonus

+ rapide, + pratique, + exclusif

Zéro publicité, fonctions avancées de lecture, articles résumés par l'I.A, contenus exclusifs et plus encore.

Découvrez les nombreux avantages de Numerama+.

S'abonner à Numerama+

Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci

Il y a une bonne raison de ne pas s'abonner à

Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.

Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :

  • 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
  • 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
  • 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.

Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.

S'abonner à Numerama+

Si vous avez aimé cet article, vous aimerez les suivants : ne les manquez pas en vous abonnant à Numerama sur Google News.