Difficile de ne pas reconnaître la puissance du soft power américain : le pays sait exporter sa culture à travers le monde, qu’il s’agisse de chefs d’œuvre du septième art ou des fast-food. Ce constat ne mériterait pas une actualité si le ministre de la culture Russe n’avait pas sauté la barrière de la paranoïa au sujet de Netflix : pour lui, il s’agit d’un outil du gouvernement américain pour contrôler les esprits du monde entier.
« Ils [les Américains] comprennent comment entrer dans les maisons de tout le monde en étant sur chacune des télévisions avec l’aide de Netflix, et de là, ils entrent dans la tête de chaque personne sur Terre », a-t-il affirmé au site russe Rambler News Service. Si la forme a des relents de conspiration teintés des restes de la Guerre Froide, le fond du propos n’est pas mauvais : le ministre souhaitait défendre, dans cet échange, les créations cinématographiques locales et l’industrie du streaming russe face au concurrent américain qui s’est installé dans le pays en début d’année.
Ce qu’il oublie, en revanche, c’est que Netflix est autant un importateur de culture qu’un exportateur. De plus en plus de contenus sont produits localement — on peut citer Marseille en France, Narcos dans plusieurs pays d’Amérique latine ou Hibana Spark au Japon — et bénéficient immédiatement d’une diffusion internationale massive. Sans parler des productions locales plus anciennes, non supervisées par Netflix, dont le géant a acquis les droits de diffusion et qui trouvent un écho régional sans commune mesure : on nous affirmait par exemple il y a peu que le catalogue classique de films français disponibles sur Netflix cartonnait au Brésil.
Ils entrent dans la tête de chaque personne sur Terre
Dès lors, peut-être que la Russie aurait tout intérêt, elle aussi, à exploiter Netflix pour diffuser ses productions culturelles, plutôt que de l’imaginer en outil à la solde des USA. D’autant que le pays a un cinéma particulièrement excellent et réfléchi qu’on aimerait retrouver sur nos petits écrans.
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