La série House of the Dragon montre beaucoup de dragons. Mais est-ce qu’il n’y a pas un problème de classification ? Ces reptiles ailés sont, pour une partie du public, à ranger dans la catégorie des wyvernes (ou vouivres). Dans ce débat, ils n’ont pas vraiment tort. Sans avoir totalement raison.

C’est le symbole de la maison Targaryen. Plusieurs d’entre eux sont visibles durant toute la saison deux. Il en est même fait mention dans le nom de la série. Les dragons occupent une place absolument centrale dans House of the Dragon. Au total, on a pu déjà voir quatorze individus ailés dans le spin-off de Game of Thrones.

Seulement… s’agit-il vraiment de dragons ? La question apparaît absurde de prime abord. Les créatures que l’on voit à l’écran ont une allure de reptile, possèdent deux grandes ailes, une longue queue, sont couvertes d’écailles et, en plus, crachent du feu. Elles cochent toutes les cases que l’on attend quand on imagine un dragon.

« Non, ce sont des wyvernes »

Toutes, vraiment ? Pas exactement. Du moins, si le grand public n’a aucun mal à ranger ces immenses bêtes dans la catégorie « dragons », des puristes pourraient trouver à y redire — non sans raison. Car, si l’on s’attarde un peu sur la morphologie, on s’aperçoit que ce qui est montré à l’écran appartient à une catégorie bien précise : la wyverne (vouivre, en français).

La différence ? La vouivre (aussi appelée guivre) est un reptile ailé à deux pattes, tandis que le dragon est un reptile ailé à quatre pattes. Or, dans la série House of the Dragon, ce que l’on voit correspond à la créature issue du folklore français et européen. Elles ont deux pattes et deux ailes (deux ailes qui servent toutefois aussi à marcher, en s’appuyant dessus).

Dès lors, il faudrait en théorie considérer la maison Targaryen comme la dynastie qui commande aux wyvernes et non pas aux dragons. Et, sur le papier, la série aurait été plus avisée de se renommer House of the Wyvern, si on devait être pointilleux. Quant au blason, il ne serait plus un dragon tricéphale rouge, mais une wyverne tricéphale.

Smaug
Deux pattes, deux ailes… Smaug est plutôt une wyverne. // Source : New Line

Pour qui connait l’univers de Donjons & Dragons, cette catégorisation est une source infinie de débats réguliers, que l’on retrouve plus largement dans le monde de la fantasy dès que l’on fait intervenir ces monstres légendaires. Par exemple, Smaug, tel qu’il est dépeint dans la trilogie du Hobbit, devrait être classé comme wyverne (deux ailes, deux pattes).

En réalité, ce souci de classification va beaucoup plus loin. Pour l’essentiel, l’espèce à laquelle on a affaire s’identifie au nombre de pattes et d’ailes. Mais ça ne s’arrête pas là. La faculté de vol entre aussi en ligne de compte, comme la présence ou non d’écailles. Même le nombre de têtes peut jouer un rôle.

Dragons, wyvernes, drakes, amphiptères et mal de tête

Voilà en général les principales classifications que l’on retrouve :

Dragon classique : deux ailes, quatre pattes.

dragon
Source : TNS Sofres

Wyverne : deux ailes, deux pattes.

Seasmoke house of the dragon
Source : HBO

Drake : pas d’aile, quatre pattes.

drake
Source : Joseph Casillas Govea

Basilic : pas d’ailes, plusieurs pattes.

Basilic
Source : MrRhexx

Wyrm : pas d’ailes, pas de pattes.

wyrm
Source : Sasbe

Amphiptère : deux ailes, pas de pattes.

Source : Mr. Incredible07
Source : Mr. Incredible07

Couatl : deux ailes, pas de pattes, des plumes à la place des écailles

Source : MrRhexx
Source : MrRhexx

Dragon oriental : pas d’aile, quatre pattes, peut voler

Source : Toei
Source : Toei

Lindworm : pas d’aile, deux pattes.

Source : Körperschaft des öffentlichen Rechts
Source : Körperschaft des öffentlichen Rechts

À cette liste, on peut ajouter d’autres inventions comme le dragon-tortue (il va sous l’eau, est dénué d’aile et a des pattes palmées), l’hydre (pas d’ailes, plusieurs têtes), la dracohydre (des ailes, plusieurs têtes), le draconien (proche de l’humanoïde) et ainsi de suite. D’ailleurs, pour toutes ces espèces, il existe aussi des sous-catégories.

A-t-on, dès lors, tort de classer les reptiles de House of the Dragon dans la catégorie des dragons ? Est-on en train d’ajouter du malheur au monde en nommant mal les choses, pour reprendre la formule d’Albert Camus ? Après tout, d’aucuns pourraient considérer que c’est aussi regrettable que de dire d’un pygargue à tête blanche qu’il s’agit d’un aigle.

aigle pygargue
Sa réaction quand on le prend pour un aigle. // Source : Paul

Des définitions un peu arbitraires, des catégories un peu poreuses

Il faut toutefois relever que ces répartitions sont relativement arbitraires et il n’y rien de définitif en matière. Ces catégories sont également poreuses : par exemple, il a existé des représentations du lindworm avec des ailes, alors qu’il n’est pas censé en avoir. Même chose pour le basilic, dont la forme folklorique est variable.

Il faut par ailleurs tenir compte de là où l’on parle. Dans le monde de Donjons et Dragons, il y a effectivement une catégorisation fine. Le monde imaginaire de D&D a établi l’existence de la plupart des bêtes mentionnées avant. Le curseur a été poussé très loin, avec une segmentation à l’extrême, avec des caractéristiques bien précises.

Mais le cadre qui s’applique à D&D vaut-il aussi pour le monde du Trône de Fer ?

Dans l’univers imaginé par George R. R. Martin, les règles sont différentes. Il a été décidé de nommer dragons ce qu’on nomme wyvernes dans D&D. Son univers, ses choix, en somme. Il existe certes des wyvernes, mais on ne les trouve ni à Westeros ni à Essos, les deux continents connus. On les croise à Sothoryos, un troisième continent mystérieux.

George R.R. Martin
George R.R. Martin a choisi d’appeler ces créatures des dragons. // Source : Gage Skidmore

Pour le dire plus directement, on se retrouve dans le même type d’impasse qui consisterait à tenter une comparaison entre la puissance de deux héros imaginaires (comme Son Gokû et Superman) alors que chaque monde est régi par ses propres lois. Idem si l’on cherche à comparer d’autres créatures imaginaires.

Le cas des Elfes est sans doute le plus évident : dans le folklore scandinave, ils sont représentés et pensés sous la forme de petites créatures. Dans la fantasy, depuis Tolkien, on les imagine grands, beaux et élancés. Et à Noël, ils aident à préparer les cadeaux. Avec, à chaque fois, des caractéristiques et des représentations très diverses. Comme les dragons, en somme.

Source : Montage Numerama
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