Depuis toujours, les séries Star Wars sont accueillies diversement au sein du fandom : certaines sont adorées, d’autres sont profondément rejetées. Cela dit, le cas de The Acolyte, dont la saison 2 ne verra jamais le jour en raison de son annulation, est inédit : jamais une production n’avait été aussi haïe jusqu’à présent. Alors, pourquoi la série a-t-elle vécu un tel calvaire ?
Chaque prétexte est bon pour critiquer
L’enfer pour The Acolyte a démarré avant même sa diffusion, avec un review-bombing massif — une pratique consistant à multiplier les commentaires négatifs sur les réseaux sociaux et ailleurs. Le motif de ce déchaînement ? La série est apparue trop « woke » pour une partie des fans.
La production a fait le choix initial de constituer un casting présentant une grande diversité. Des femmes, des personnages noirs, d’autres avec des traits asiatiques, des personnalités LGBTQIA+… En outre, ces acteurs et ces actrices aux horizons divers se sont vus confier des rôles de premier plan et, donc, une forte exposition dans la série.
Une ouverture remarquable, qui est allée bien au-delà de ce qu’avait fait Star Wars jusqu’à présent, mais qui n’a pas été unanimement acceptée. La série est en conséquence partie avec une mauvaise réputation, alimentée par des notes extrêmement basses et injustes, partout sur Internet. La production a ainsi recueilli seulement 18 % de critiques positives de la part du public sur Rotten Tomatoes, contre 78 % de la part de la presse.
Par ailleurs, les reproches sont allés jusqu’à cibler l’orientation sexuelle de Leslye Headland, la showrunneuse, qui est ouvertement lesbienne.
Lorsque les premiers épisodes ont été diffusés en juin 2024 sur Disney+, un autre déluge de reproches s’est ajouté aux accusations abusives de wokisme : celui de trahir l’univers de Star Wars dans son ensemble. Chaque prétexte était saisi pour remettre en cause l’écriture de Leslye Headland : par exemple, le saignement soi-disant incorrect du cristal des sabres laser ou la présence de Sith, alors qu’ils semblent éteints depuis des millénaires dans La Menace fantôme.
Joyeux anniversaire Qimir (ou pas)
La série était loin d’être parfaite, c’est certain, avec un rythme inégal, des rebondissements que l’on pouvait deviner, une construction narrative discutable, et des flashbacks à gogo qui nuisaient à l’intrigue générale. Mais la saison 1 s’était tout de même achevée avec panache, dévoilant un cliffhanger final sur la décision d’Osha de rejoindre le côté obscur de la Force, ainsi que deux caméos inattendus : ceux de Yoda et de Dark Plagueis.
La série développait des éléments méconnus de l’univers de Star Wars, en puisant notamment dans le lore ancien, rassemblé sous le nom de Legends. On ne connaîtra donc jamais la suite de ces mystères mis en place avec malice, puisque la série n’aura pas de prolongement, malgré une campagne massive de la part des fans pour qu’elle soit renouvelée. Fun fact : ce triste verdict a été éventé le 19 août 2024, soit le jour de l’anniversaire de Manny Jacinto, qui incarne Qimir dans la série. Cruel hasard de calendrier.
Des audiences en manque de Force
L’annulation de The Acolyte, qui devient clairement la première série Star Wars en prises de vues réelles à ne pas être renouvelée après une saison (dans le cas d’Obi-Wan Kenobi et Le Livre de Boba Fett, c’est l’absence de décision qui prédomine), peut s’expliquer par ses audiences peu reluisantes.
Selon le média américain Deadline, la série a pourtant commencé très fort le 4 juin 2024, avec près de 5 millions de vues générées le jour de sortie des deux premiers épisodes. Il s’agissait donc du plus fort démarrage pour une série sur Disney+, depuis le début de l’année. Quelques jours plus tard, le total s’élevait même à 11 millions de visionnages.
Mais lors de la troisième semaine de diffusion, The Acolyte s’est effondrée. L’épisode 8 a ainsi connu la pire audience pour un épisode final d’une série Star Wars. Le budget total qui lui était accordé était tout de même de 180 millions de dollars. À titre de comparaison, Andor tourne autour des 250 millions par saison, tandis que la première saison de The Mandalorian approchait les 100 millions.
Une stratégie paradoxale de la part de Disney
Cette annulation de The Acolyte pose tout de même de graves questions sur la stratégie globale de Disney. Il est difficile de comprendre pourquoi ils ont choisi de produire la série, avec l’opportunité parfaite de donner une voix à des minorités, et d’assumer cette direction, pour ensuite leur ordonner le silence, en annulant purement et simplement leur travail. Dans le cas de The Acolyte, le review-bombing négatif apparaît comme l’un des éléments ayant joué en défaveur de la série, laissant les positions réactionnaires gagner du terrain culturel.
Ce n’est pas la première fois que ces décisions paradoxales se manifestent : la série Miss Marvel, qui met en scène une héroïne musulmane, n’a ainsi jamais été renouvelée, tandis que le dessin animé Avalonia, l’étrange voyage, qui présentait un personnage gay, est sorti en catimini sur Disney+, et non directement au cinéma. Il est étrange de constater que la franchise aux grandes oreilles ne semble pas à l’aise avec ses propres feux verts : produire des contenus inclusifs, oui, mais les rendre visibles ou les maintenir en vie, certainement pas.
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