Si la saga Star Wars se décline depuis des décennies dans une variété de jeux vidéo assez étourdissante (cf. l’excellente émission Super Vieux Jeux à ce sujet), Star Wars Outlaws, en bon jeu Ubisoft, joue pour la première fois la carte de l’open world. Ou plutôt DES open worlds. Oui, à l’image du diptyque Jedi Fallen Order/Survivor d’EA, filer au studio suédois Massive (créateur de The Division) l’opportunité d’accaparer Star Wars donne vite envie de faire voir du monde et de visiter plusieurs planètes.
En l’occurrence, le jeu propose un prologue dans la ville de Canto Bight (aperçue dans l’Épisode VIII) avant de s’envoler vers Toshara, une planète inédite avec un spatioport grouillant d’activité et, surtout, de très vastes étendues sauvages évoquant autant des steppes africaines que les canyons orangés de Monument Valley. Après quelques heures, Star Wars Outlaws, disponible dès le 30 août 2024, s’ouvre encore un peu plus pour permettre d’explorer au choix un très grand bout de Tatooine (qu’on ne présente plus), Akiva (et ses luxuriantes jungles humides) et enfin la glaciale Kijimi (zone bien plus petite, uniquement composée d’une ville labyrinthique conduisant vers différents lieux de mission).
Outlaws nous plonge comme jamais dans l’univers de Star Wars
Outre la variété de paysages, Star Wars Outlaws épate par sa capacité à leur donner vie et ainsi à nous immerger dans l’univers de la saga comme rarement on a pu l’être. En plaçant habilement sa trame entre L’Empire contre-attaque et Le retour du Jedi, Massive multiplie les références et nous emmène malicieusement dans des lieux vus dans les films pour saisir nos petits cœurs nostalgiques et mieux les faire tressaillir. Infiltrer un croiseur de l’Empire bardé de Stormtroopers ou traverser Mos Eisley pour aller boire un coup dans la cantina, c’est évidemment imparable.
Mais au-delà du côté fan service assumé, la richesse visuelle et sonore d’Outlaws parachève cet impressionnant tableau. Hurlements de TIE fighters au loin, discussions animées, invectives de gardes, vrombissements mécaniques, bip de droïdes… En plus de la qualité bluffante des décors qui retranscrivent jusque dans leur colorimétrie l’ambiance des films, on baigne dans une atmosphère quasi palpable, ce qui rend l’exploration d’autant plus grisante et fascinante. Dommage dans un tel contexte de buter sur quelques aléas graphiques, en particulier les modélisations de personnages, notamment des visages, qui font parfois tache dans ce bel écrin.
Mercenaire de la guerre
Sans grande surprise, Star Wars Outlaws déploie dans ces espaces de jeu un gameplay assez classique pour l’éditeur et qui se rapproche beaucoup de la série Watch Dogs. On y incarne Kay Vess, une jeune mercenaire, légèrement cleptomane sur les bords, qui va se laisser aveugler par l’espoir d’un braquage historique qui devrait la rendre richissime et lui offrir une liberté à laquelle elle aspire depuis qu’elle est enfant. Pour y arriver, elle doit recruter une petite équipe de personnages secondaires qui attendent dans les différents open worlds. Ils seront autant d’arcs narratifs souvent liés aux factions qui se disputent le contrôle des différentes planètes.
Star Wars Outlaws a en fait deux facettes. Il y a d’une part cette histoire principale qui déroule tranquillement une belle série de missions assez variées, avec ce qu’il faut de rebondissements et de mise en scène pour créer une aventure haletante. Ça, et c’est assez surprenant pour un tel titre — Ubisoft, qui plus est –, ça occupe à peine une vingtaine d’heures de jeu. Vient donc la seconde partie, plus systémique, dans laquelle on peut plonger en parallèle à l’envi : incarner une mercenaire dans le monde de Star Wars.
La Force du RPG ?
Contrairement à ce qui est devenu une norme pour les AAA contemporains, Outlaws ne tombe pas dans le piège du light RPG et zappe tout ce qui est points d’XP, arbre de compétences et loot d’armes. À la place, il imagine un système de déblocage de capacités spéciales en relevant des challenges auprès de PNJ à trouver soi-même (certains sont bien cachés) et tout un écosystème d’amélioration d’équipement dans des boutiques ou en exécutant des missions secondaires. Un principe audacieux, encore perfectible, mais très prometteur !
On pourra ainsi se lancer dans une myriade de missions et quêtes secondaires pour aider ou trahir les différents syndicats du crime (y compris ce bon vieux Jabba), afin de se remplir les poches et débloquer des items et accessoires rares et utiles pour améliorer son héroïne. Tout cela est encadré par un système de notoriété auprès de ces groupes criminels. Il peut nous mettre en danger (trop agir contre leurs intérêts et ils risquent de tirer à vue) ou nous attirer des faveurs (accès sans risque à des lieux, des boutiques spéciales et même de l’équipement rare). Cette construction permet à Star Wars Outlaws d’étaler son contenu sans nous noyer dedans et donne une aventure à la carte qui n’impose rien de force et se laisse déguster avec une grande liberté. On se laisse ainsi prendre au jeu de cette héroïne roublarde et souvent piquante (jouez-y en version originale, pitié !) qui, tel Han Solo sait aussi bien se fourrer dans le pire pétrin tout qu’en sortir avec panache (mais parfois un peu de fracas).
Rester caché, tu dois
Dans un tel contexte, la sagesse du gameplay passe plutôt bien, car souvent en cohérence avec la personnalité de cette jeune voleuse pas spécialement portée sur le chaos et la violence. En somme, le jeu file allègrement vers l’infiltration, parfois très exigeante, avec même quelques séquences radicales où se faire repérer mène droit à un échec.
Heureusement, Key peut conter sur un drôle de petit compagnon à fourrure, Nix, qui joue le rôle de mini coéquipier discret capable de distraire des gardes (ou leur sauter au visage), de chiper des objets à distance (y compris des armes), d’enclencher un interrupteur, de piéger une alarme… Bref, proposer une belle petite panoplie d’actions qui viennent enrichir doucement ces passages. Ils sont d’autant plus intéressants que le travail sur le level design de certains bastions est assez réussi, en témoignent les quelques approches possibles pour les plus patients et curieux. On regrettera toutefois l’impossibilité de cacher les corps semés derrière nous. Pour un jeu autant porté sur la discrétion, c’est un oubli assez paradoxal.
Studio derrière The Division oblige, Massive sait tout de même faire basculer Star Wars Outlaws dans des scènes de combat au blaster très efficace. Il y a ce qu’il faut de couvertures, de trucs à exploser et de chemins détournés pour disposer des vagues ennemies. Le jeu dévoile également pas mal de phases de plateforme, qui semblent tout droit venir de Star Wars Jedi: Survivor — y compris pour la maniabilité un peu trop flottante (bon point : on peut masquer les chemins balisés).
Enfin, outre des courses-poursuites en speeder (qui est au jeu ce que le cheval est aux Red Dead Redemption), Star Wars Outlaws sait filer vers les étoiles et nous emmener dans de larges zones orbitales liées à chaque planète. Le vaisseau peut explorer quelques stations secrètes, slalomer dans des nébuleuses et surtout se lancer dans des dogfights simples, mais très fluides et nerveux. Une espèce de petit bonus qui apporte une belle saveur au jeu et renforce cette sensation d’explorer librement l’univers de Star Wars, un rêve que l’on nourrit depuis la première fois où l’on a vu sur un écran s’écrire ces quelques mots : « Il était une fois dans une galaxie lointaine, très lointaine… » Et sans sabre laser s’il vous plaît.
Le verdict
Star Wars Outlaws
Voir la ficheOn a aimé
- Un sentiment d’immersion assez fou
- Campagne principale rythmée et pas diluée
- Contenu riche, varié et livré avec intelligence
On a moins aimé
- Techniquement inégal
- Un gameplay qui prend peu de risque
- Doublages français paresseux
De prime abord, Outlaws coche sagement les cases de l’open world à gros budget. Il nous emmène sur différentes planètes de la galaxie Star Wars pour infiltrer les lieux les plus malfamés et dangereux, exécuter quelques malotrus à coup de blaster, filer dans des courses-poursuites en speeder et même affronter des TIE fighters au milieu des astéroïdes. Mais au-delà de ce cahier des charges bien rempli, le jeu de Massive dévoile des mondes d’une beauté et d’une crédibilité aussi saisissantes que le rayon tracteur de l’Étoile noire.
À grands coups de clin d’œil, de références et de respect de l’esprit des premiers films, les décors de Star Wars Outlaws nous immergent dans une atmosphère fantastique qui donne envie d’explorer et de jouer le jeu de cette mercenaire flirtant avec les pires criminels de la galaxie. Cela marche d’autant mieux que le contenu pourtant gargantuesque est proposé avec une certaine intelligence, un naturel artificiel qui fonctionne très bien et favorise parfaitement notre immersion dans cet univers fascinant qui regorge de surprises.
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