Il nous est difficile de comprendre quel intérêt un joueur peut avoir à gagner en trichant, et surtout quelle satisfaction il peut retirer d’une victoire obtenue sans gloire, mais la tricherie procure apparemment suffisamment d’excitation pour que des joueurs aillent jusqu’à payer pour tricher. La fraude qui met tant de joueurs en colère est donc devenue un business à part entière, contre laquelle Blizzard essaye de combattre par toutes les armes, aussi bien technologiques que juridiques.
Le site Torrentfreak rapporte ainsi que Blizzard Entertainment a décidé de porter plainte aux États-Unis contre une entreprise allemande, Bossland GmbH, qui s’est faite une spécialité de vendre des outils de triche. En l’espèce, la plainte concerne la suite Watchover-Tyrant, qui permet aux tricheurs sur Overwatch de voir les ennemis à travers le mur (wall-hack), leur niveau de santé, et leur nom. Un avantage stratégique certain, qui assure la victoire — d’autant plus si plusieurs membres de l’équipe se coordonnent grâce à ce hack.
Même si l’utilité ludique nous échappe, l’outil de tricherie est si recherché que Bossland le vend 12,95 euros… par mois (ou 59,98 euros pour toute une année), et affirme avoir déjà 260 000 utilisateurs enregistrés. Mais pour les joueurs qui rencontrent ces tricheurs — ce qui selon notre expérience arrive heureusement rarement, c’est l’enfer. Le jeu est gâché, et la réputation d’Overwatch est entachée. D’où la volonté de Blizzard de faire condamner l’éditeur en justice.
Reste à trouver pour quel motif juridique. Ici, Blizzard attaque Bossland pour violation des droits d’auteur, concurrence déloyale et, plus original, violation des dispositions de la loi américaines qui interdisent le contournement des DRM. L’éditeur du jeu vidéo estime qu’il a mis en place des mécanismes technologiques qui permettent de gérer les droits qu’ont les joueurs sur les serveurs d’Overwatch, et que Watchover-Tyrant est conçu pour contourner ces protections. Or la loi, conçue à l’origine pour protéger les DRM sur la musique ou les films, interdit de fournir de tels outils de « piratage » des mesures techniques de protection. C’est également le cas en France depuis la loi DADVSI de 2006.
L’éditeur avait déjà fourni des hacks pour d’autres jeux comme World of Warcraft, Diablo 3 et Heroes of the Storm
Pour Blizzard, Bossland (qui achète des hacks fournis par des tiers) encourage ses fournisseurs à frauder, et aurait une « intention délibérée de causer du tort à Blizzard et à ses affaires ». Elle estime qu’il y a un préjudice économique direct causé par la sortie de Watchover-Tyrant quelques jours seulement après le lancement officiel d’Overwatch, évalué à plusieurs millions de dollars. Sur le plan du droit d’auteur, elle considère que les surimpressions affichées à l’écran pendant le jeu constituent des « œuvres dérivées » d’Overwatch, qui doivent être soumises à autorisation.
Ce n’est pas la première fois que Blizzard s’attaque ainsi à Bossland, puisque l’éditeur avait déjà fourni d’autres hacks pour des jeux comme World of Warcraft, Diablo 3 et Heroes of the Storm. Mais jusqu’à présent l’éditeur américain avait toujours poursuivi l’Allemand directement en Allemagne. Or, selon Torrentfreak, Blizzard a perdu cette année un procès, qui concernait des triches pour Heroes of Storm. C’est sans doute pour cette raison que l’éditeur a cette fois-ci préféré s’adresser à sa propre juridiction en Californie. Mais quand bien même celle-ci donnerait-elle raison à Blizzard, le jugement sera difficile à faire appliquer en Allemagne.
En attendant, le jeu technologique du chat et de la souris continue donc. Blizzard tente de détecter et de bannir les joueurs qui utilisent Watchover-Tyrant, tandis que Bossland (qui indique qu’il aurait déjà une dizaine de procédures judiciaires en cours) promet à ses joueurs qu’il modifie régulièrement le hack pour s’assurer qu’il reste indétectable.
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