En 2004, quand World of Warcraft est sorti, je n’ai pas hésité à sombrer. Le contexte était parfait : lycéen avec un temps infini, ordinateur dans ma chambre, connexion à internet par ADSL… le « Projet WoW » et ses centaines d’heures à investir pour en profiter allait parfaitement avec mon style de vie. Quand tous ces éléments n’ont plus été réunis et que le temps a manqué, l’envie de jouer est partie aussitôt.
En 2020, World of Warcraft est re-rentré dans ma vie par une double porte : celle de la nostalgie avec WoW Classic et celle… de la pandémie de Covid-19. J’avais un boulot, des potes et des occupations, mais le confinement m’a donné toutes les raisons de replonger : du temps infini à occuper chez moi et une occasion de retrouver dans un monde virtuel mes amis bien réels. À la fin des grands confinements et après de nouvelles centaines d’heures investies en Azeroth, l’extension Shadowlands est arrivée et a réussi à complètement m’extraire de la dynamique World of Warcraft, jusqu’au dégoût. Son ambiance, ses thèmes, ses personnages, son histoire, ses mécaniques : tout ou presque m’a repoussé.
Si bien que je n’ai même pas jeté un œil à Dragonflight, l’extension suivante, me pensant sevré à tout jamais. Mais si vous lisez cet article, c’est que vous attendez la réponse à la question posée par le titre. Et si je suis capable de donner cette réponse, c’est que j’ai sauté à deux pieds dans The War Within, la dernière extension livrée par Blizzard. Vous n’êtes peut-être qu’à quelques paragraphes de faire la même chose.
Un game design pensé pour les adultes
World of Warcraft a 20 ans, ce qui signifie que les personnes qui ont découvert le jeu original entre 12 et 20 ans ont aujourd’hui entre 32 et 40 ans. Autant dire que les occupations ne sont pas les mêmes, notamment parce qu’une activité professionnelle prend une place conséquente et qu’elle est parfois complétée par une vie familiale, culturelle ou sportive plus riche. En deux mots, on manque de temps et World of Warcraft est une machine à aspirer le temps.
Et c’est là où The War Within fait fort : il est possible de jouer peu de temps et de s’amuser quand même. La campagne est chapitrée, les donjons durent entre 15 et 30 minutes, les gouffres proposent des défis uniques dans le même temps, les expéditions s’expédient en 5 minutes… et toute l’activité après la campagne permet d’avoir de l’équipement de haut niveau et de progresser. Mieux encore : Blizzard a transformé son MMO en un jeu solo, où des bots peuvent vous accompagner dans presque toutes les activités. Même plus besoin de vous synchroniser ou de dépendre des autres : quitter un groupe composé d’IA n’a pas le même impact qu’abandonner des humains en pleine partie.
La touche finale, c’est l’arrêt quasi complet de l’opposition Alliance / Horde et du cloisonnement des serveurs. Vous jouez grosso-modo avec qui vous voulez.
Moins de grind, plus de fun
L’un des problèmes récurrents dans tous les MMO est la répétitivité. Vous refaites inlassablement les mêmes actions pour monter une réputation auprès d’une faction ou débloquer une fonction fondamentale (on se souvient du vol…). Ce n’est pas drôle, c’est usant, c’est du travail. Et quand on a déjà un travail, on ne veut pas travailler en jouant.
War Within a gommé la quasi-totalité de ces mécaniques. Le vol « dynamique », rapide et jouissif, est accessible dès les premières minutes de jeu. Les réputations montent tranquillement avec la campagne et de vraies missions. La nouvelle race est débloquée avec une suite de quêtes qui fait immédiatement suite à la fin de la première partie de la campagne (on y reviendra). Vous pouvez toujours passer des heures à récolter des herbes ou à miner du minerai, mais vous pouvez aussi tout éviter et le jeu ne vous pénalisera pas.
Résultat, si on ne cherche pas le world first sur les boss, on peut se concentrer sur ce qu’on veut. Donjons, gouffres, expéditions, raid avec des amis, joueur contre joueur : tout permet de s’amuser et de récolter des armes.
Le bataillon, le partage ultime
Vous vous lassez vite d’une classe ? Autrefois, changer de personnage nécessitait de nouvelles heures de jeu, perdre ses hauts faits, sa réputation… Dans War Within, il n’y a plus rien de tout cela. Objets, réputation, hauts faits, découvertes et même la complétion des quêtes sont partagés entre tous vos personnages. D’ailleurs, plus vous en montez au niveau maximal, plus les suivants sont simples à faire évoluer.
J’ai personnellement fait la campagne sur une classe que j’avais abandonnée et j’ai fait toutes les quêtes secondaires avec un autre personnage, qui est monté au niveau 80 en un rien de temps. Et si vous ne voulez pas faire les quêtes secondaires et monter uniquement en enchaînant les donjons, c’est aussi possible et efficace. Bref, le bataillon, c’est encore un service rendu aux joueurs casu.
Le lore, de nouveau au cœur de WoW
On parle souvent de World of Warcraft sur Numerama pour ses incongruités : les bugs, les joueurs aux objectifs insolites, les world first des meilleures guildes, etc. Mais War Within est aussi le retour d’une écriture qui a fait de la saga Warcraft un OVNI difficilement égalé. Entre les dialogues, le scénario, les personnages, les cinématiques épiques, l’écriture des textes, les doublages en français, les décors fourmillant de détails… tout est fin et bien ficelé.
Difficile de faire plus caricatural que la phrase « Non mais ce jeu amène aussi des thématiques adultes », mais pour le coup, c’est aussi vrai qu’inattendu. On croise tour à tour une des histoires les mieux écrites du jeu vidéo sur Alzheimer, des deuils à surmonter, les mécaniques d’un orphelinat à comprendre et une réflexion poussée sur la dépression. Le tout, en butant des centaines de monstres, certes, mais tout de même ! Personne n’a dit que ces sujets devaient être pénibles à traiter. Et ça touche différemment à un âge où on les a croisés directement.
Tout n’est pas parfait, mais prenez quand même mon argent
Alors certes, il reste quelques petites choses qui coincent. Des mécaniques pas évidentes à comprendre pour qui reprendrait le jeu sans un pote qui lui explique tous les changements. Des classes simples à jouer, difficiles à maîtriser, mais souvent gâchées quand on utilise la mécanique des Sésame (qui permet de les monter directement au niveau 70) : on a du mal à encaisser l’apprentissage. Un côté travail qui est mis en avant à haut niveau : on accomplit des trucs pour déverrouiller un coffre en fin de semaine faisant office de salaire. Il ne faut pas prendre trop de recul sur cette mécanique, au risque de se poser des questions sur la société.
Mais est-ce que cela gâche la masterclass qu’est ce War Within ? Drôle, rythmé, divertissant, plein de récompenses, ouvert aux petites sessions… oui, cette année, World of Warcraft prouve qu’il a 20 ans de plus. Ça tombe bien, nous aussi. Puis il y a des lits.
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