« Rêve ta vie en couleurs, c’est le secret du bonheur » : cette citation de Peter Pan pourrait bel et bien devenir la devise du Joker, alors qu’il se lance dans une Folie à Deux, en compagnie d’Harley Quinn. Dans ce deuxième volet de la saga, tout est en effet question de lumière, d’apparence, et d’imaginaire. Après avoir déclenché le chaos à Gotham dans le premier film, en 2019, le Joker se révèle beaucoup plus sage dans cette suite, diffusée dans les cinémas depuis ce mercredi 2 octobre 2024.
L’arrivée de Lady Gaga pour l’accompagner dans ses extravagances meurtrières, ainsi que la promesse d’une comédie musicale aux accents dépressifs, aurait pourtant pu donner un nouveau souffle au méchant de DC Comics. Malheureusement, le résultat ressemble plutôt à un pétard mouillé, qu’à une véritable virée en duo vers l’anarchie.
Joker : Folie à Deux résume l’expression « deux salles, deux ambiances »
Pourtant, dès ses premières secondes, Joker : Folie à Deux partait avec de sérieux arguments pour nous convaincre. On entre ainsi dans le film grâce à une séquence animée complètement surprenante, à la manière des cartoons à l’ancienne comme les Looney Tunes, nommée Mon ombre et moi. Une entrée en matière déroutante, imaginée par Sylvain Chomet, un français bien connu dans nos contrées, pour avoir notamment réalisé Les Triplettes de Belleville, en 2003.
Une fois passé ce mélange des genres un brin saugrenu, mais diablement inventif, on retrouve le véritable Joker, cette fois plongé dans un univers carcéral impitoyable, après ses frasques sanguinaires du premier volet. Cette introduction pourrait résumer à elle seule l’expression « deux salles, deux ambiances ».
Comme dans ses débuts sur grand écran, dans la peau du méchant de l’univers de Batman, Joaquin Phoenix opère une nouvelle transformation physique impressionnante, et presque malsaine. Le comédien a littéralement la peau sur les os et nous présente son corps décharné, dans les premières séquences de Folie à Deux.
Au fur et à mesure du film, son personnage, Arthur Fleck, quitte les ténèbres de sa prison déshumanisante, pour se métamorphoser à nouveau en Joker lumineux, après sa rencontre magique avec une autre détenue, visiblement tout aussi chamboulée que lui : une certaine Lee.
Une virée en duo ou une aventure solitaire ?
La rencontre au sommet entre Joker et sa partenaire de toujours, Harley Quinn, aurait donc dû faire des étincelles. Et c’est bel et bien le cas : Joaquin Phoenix et Lady Gaga dégagent une alchimie indéniable. Toutes les scènes dans lesquelles ils apparaissent ensemble sont absolument envoûtantes, qu’ils se lancent dans un énième numéro chanté, ou non. Mais passé la magie du début et les papillons dans le ventre, la flamme s’éteint bien vite.
Et pour cause : Harley Quinn est trop rapidement reléguée au rang de personnage secondaire et la virée en duo, tant promise, se transforme finalement en une nouvelle aventure solitaire. La fameuse Folie à Deux n’arrive donc jamais, laissant Lady Gaga, pourtant le meilleur élément de l’intrigue, à l’évolution terrifiante, sur le bas-côté.
Face à Joaquin Phoenix, qui excelle à nouveau sous les traits du Joker, la chanteuse et actrice vole ainsi souvent la vedette à son partenaire de jeu, l’éclipsant évidemment sur le plan du chant, durant de nombreuses séquences musicales imaginaires.
Un meurtre sur le dance-floor raté
À ce propos, autant arracher le pansement : oui, les craintes étaient fondées concernant le caractère musical de Folie à Deux. Son omniprésence finit par fatiguer, voire par lasser, tant les chansons s’enchaînent et se ressemblent, liées par un mystérieux ton monocorde franchement agaçant. Je tiens à préciser que je suis moi-même une grande fan de comédie musicale, et je dois bien avouer que j’attendais avec impatience de voir Joker et Harley Quinn littéralement nous inviter à commettre un meurtre sur le dance-floor.
Malheureusement, il n’en est rien, tant ces séquences de rêve tombent à plat. Je me suis même surprise à trouver qu’il y avait trop de chansons, ce qui ne m’arrive absolument jamais devant ce genre de productions. À l’exception d’une reprise déchirante de Ne me quitte pas, en anglais, déclamée au téléphone, il faut reconnaître qu’il est difficile de ressentir quoi que ce soit devant cette comédie musicale, pourtant attirante au premier abord.
La vraie star, c’est Harley Quinn
L’émotion subie face aux séquences chantées est finalement proportionnelle à celle que l’on éprouve face à l’intégralité de Folie à Deux : une déception, mêlée à un immense sentiment de gâchis, comme devant un soufflé qui retombe, après une belle cuisson prometteuse. Souvenez-vous : à la fin du premier film, on avait laissé Joker au sommet, se délectant de l’anarchie laissée derrière lui à Gotham.
Alors que l’on pensait lui découvrir de nouveaux penchants macabres en compagnie d’Harley Quinn, ce deuxième volet ne tient finalement aucune promesse, abandonnant en cours de route toutes ses bonnes idées. Même Arthur Fleck, censé s’être métamorphosé en un personnage aux multi-facettes, nous laisse indifférents, tant on ne sait plus que ressentir à son égard.
Nous pouvons tout de même créditer Joker 2 de quelques qualités, et parmi elles, une réalisation toujours absolument sublime, de la part de Todd Phillips. La gestion créative de la lumière et des couleurs, notamment, participe à sauver le long-métrage du naufrage complet.
La façon dont le cinéaste utilise les éclaircies et les teintes vives pour signifier la présence du Joker, tandis que les ombres enveloppent constamment Arthur Fleck, offre des séquences absolument mémorables, tout au long de ces 2h20 inégales, jusqu’à une conclusion plus ou moins prévisible. Maintenant que cette Folie à Deux est terminée, il serait donc enfin temps de se concentrer sur la vraie star de l’univers de Batman, au fond : Harley Quinn.
Le verdict
Joker : Folie à Deux
Voir la ficheOn a aimé
- Lady Gaga, la reine absolue
- Joaquin Phoenix, terrifiant
- Les lumières et les couleurs
- Ne me quitte pas, version téléphonique
- Un procès original
On a moins aimé
- Les séquences chantées
- Pas assez de chaos
- Trop peu de Lady Gaga
- Donnez-nous un film sur Harley Quinn
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