À l’origine, la saga d’horreur Terrifier a démarré modestement. Avec trois bouts de ficelle, mais une maîtrise inouïe des practical effects, le premier film, inédit dans les salles françaises, s’est imposé comme un slasher extrême. À l’époque, déjà, le réalisateur Damien Leone voyait en Art le Clown, son serial-killer taiseux et adepte du vaudeville, un personnage susceptible de devenir un vrai visage du genre. C’est ainsi que le premier Terrifier s’est forgé une sérieuse réputation, permettant au cinéaste américain d’aller toujours plus loin.
Ce « toujours plus loin » est devenu quelques années plus tard une interdiction aux moins de 18 ans pour Terrifier 3, une sentence rare dans le paysage cinématographique français. Il faut en effet remonter à 2006 et Saw 3 pour retrouver un film d’horreur écoper d’un tel avertissement. Il y a même une anecdote (une légende ?) liée à un spectateur qui aurait vomi pendant une avant-première.
Terrifier 3 arpenterait donc un chemin plus direct vers le gore. Ce qu’on peut confirmer après l’avoir vu dans une salle bondée — preuve que le macaron « – de 18 ans » attire une forme de curiosité morbide. Les chiffres du premier jour d’exploitation sont d’ailleurs vertigineux : plus de 45 000 entrées.
Points forts
- Du gore extrême assumé, avec un humour noir
- Les practical effects
- Le duo Sienna/Art le Clown
Points faibles
- Excessif, donc insignifiant
- Quelques scènes choquantes trop gratuites
- Gare à l’épisode de trop
Terrifier 3 est plus « sérieux » et plus gore que ses prédécesseurs
Si Terrifier avait des allures de film amateur un tantinet underground, Terrifier 2 a quand même fait franchir un sacré cap à l’univers imaginé par Damien Leone. En épousant le statut de suite directe, avec un casting remobilisé pour l’occasion, Terrifier 3 poursuit cette envie de bâtir un univers qui lorgne autant vers le grand-guignol que le fantastique ridicule à souhait. Par chance, Terrifier 3 se révèle plus « sérieux » que Terrifier 2, comme si Damien Leone avait fini ses expérimentations. En ce sens, ce troisième film est le meilleur, puisqu’il associe le cirque du deuxième au ton sombre du premier.
À dire vrai, on ne va pas voir Terrifier 3 pour son histoire, centrée sur Sienna (Lauren LaVera), rescapée psychologiquement éprouvée après son combat contre Art le Clown (brillamment incarné par David Howard Thornton, plus flippant que jamais avec ses mimiques, son sourire et son regard ténébreux). Alors qu’elle pensait s’en être débarrassé, l’héroïne au destin qui la dépasse va devoir une nouvelle fois affronter le clown, en pleine période de Noël. Ce changement de calendrier — Terrifier 1 & 2 se déroulent pendant Halloween — ajoute une pointe d’humour noir supplémentaire au récit. Peu de gens oseraient s’attaquer à une fête familiale censée amener de la joie dans les cœurs. Art le Clown, qui tue gratuitement, s’en fiche et transforme les festivités en cauchemars, les victuailles en tripes humaines (même les… enfants).
Pire, le serial-killer à la dégaine risible (accentuée par son costume de père Noël), qui adore trimballer son sac-poubelle rempli d’armes, n’a jamais été aussi créatif pour dépecer, démembrer, décapiter, zigouiller, oblitérer, éparpiller, répandre, tronçonner, découper, malmener, écraser, égorger, frapper et torturer ses victimes, dans une agonie volontairement rallongée. Comme Terrifier et Terrifier 2, Terrifier 3 n’est pas là pour épargner le public, défini comme une entité voyeuriste qui souhaite se délecter des sévices sur une toile géante. Vous aimez le sang, les viscères et la violence sans concession ? Vous allez être servi et, bonne nouvelle, Damien Leone n’a pas envie de céder à l’appel des CGI à outrance — comme l’a fait savoir le producteur Phil Falcone sur Filmhounds. En résulte une authenticité tout à la fois horrible et sidérante, nourrie par quelques références appréciables aux pontes de l’exercice et une utilisation bien pensée du hors-champ.
La motivation à aller voir un film au caractère insoutenable comme Terrifier 3 se situe dans la course à l’extrême. On se demande sans cesse si Art le Clown peut dépasser encore les limites du répugnant, sans aucune justification autre que sa volonté d’imaginer chaque massacre comme une œuvre d’art. Sur ce point, force est de constater que Terrifier 3 excelle. Les bruits, les cris, les images… tout participe à une forme de malaise addictif. Cette course au too much atténue l’écœurement, même s’il faut bien évidemment avoir l’estomac bien accroché. Le spectacle finit par devenir terriblement absurde, incarné avec brio par Art le Clown et Victoria Heyes (Samantha Scaffidi), son acolyte du chaos.
On perçoit quand même quelques tentatives de sous-texte dans Terrifier 3, la fascination malsaine, qui tombe parfois dans la sexualisation, pour les meurtriers en tête. On soulignera aussi la vraie montée en puissance de Sienna, qui a tout pour devenir le miroir parfait de Art le Clown, une vraie final girl, telles Sidney Prescott dans Scream voire Laurie Strode dans Halloween. Damien Leone a déjà officialisé Terrifier 4, sans scène post-générique, et on se demande comment la saga va évoluer. Cette propension à pouvoir partir dans tous les sens est une force. Mais gare à ne pas tomber dans l’insignifiant et la banalisation de quelque chose qu’on ne souhaiterait pas à son pire ennemi.
Le verdict
Terrifier 3
Voir la ficheOn a aimé
- Du gore extrême assumé, avec un humour noir
- Les practical effects
- Le duo Sienna/Art le Clown
On a moins aimé
- Excessif, donc insignifiant
- Quelques scènes choquantes trop gratuites
- Gare à l’épisode de trop
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