Depuis sa présentation, la PlayStation 5 Pro fait énormément parler. Trop chère pour les uns, au point que certains accusent Sony de marcher sur la tête et craignent de voir une PS5 hors de prix. Trop inutile pour les autres, surtout depuis qu’on connaît sa fiche technique complète. Il y a tout de même un petit consensus qui se dessine : 800 € pour une console qui améliore les performances sans créer de fossé générationnel, ce serait beaucoup trop.
Je n’ai jamais vu ces 800 € comme un problème, puisque la PlayStation 5 Pro est selon moi un produit de luxe visant un public très ciblé. Ne pas changer sa PS5 pour une PS5 Pro ne vous privera de rien. Il n’y a aucune exclusivité autre qu’un rendu plus beau, à condition d’avoir les yeux pour le voir (et l’apprécier) et l’équipement qui va avec (lire : un téléviseur haut de gamme). La vraie question à se poser est donc la suivante : est-ce que les apports de la PS5 Pro valent vraiment ces 800 € ? Après une semaine à tester la console avec de multiples jeux, je peux dire que oui… dans certains cas.
Points forts
- Gain en performance réel sur certains jeux
- Les promesses du PSSR
- Tout l’héritage de la PS5
Points faibles
- Nécessite une TV adaptée (4K, HDMI 2.1, 120 Hz, VRR)
- Multiplication des modes d’affichage
- La mesquinerie de Sony sur le lecteur, les façades et le socle
La mesquinerie de Sony
Quid de la chauffe et du bruit ?
La PS5 Pro n’est pas plus bruyante que les autres, mais si on tend l’oreille à côté, on entendra le gros ventilateur qui lui permet de maîtriser la chauffe. Comme c’est le cas pour la PS5 et la PS5 Slim. C’est assumé dans une FAQ officielle.
Mais avant d’évoquer mon expérience avec la PS5 Pro, j’aimerais d’abord sortir un carton rouge pour Sony vis-à-vis de sa stratégie commerciale. Plus petite que la PS5 de 2020, la PS5 Pro affiche un design assez proche de la PS5 Slim. Elle est logiquement un peu plus grande (mais pas si grande), et découpe, elle aussi, sa coque en quatre parties. C’est là où on peut en vouloir à Sony : alors que les différentes plaques font la même taille, le constructeur s’est arrangé pour qu’elles ne soient pas 100 % compatibles avec les deux consoles (en modifiant le système d’attache). C’est très mesquin, voire scandaleux pour celles et ceux qui auraient investi dans des coques personnalisées avec l’espoir de les réutiliser sur la PS5 Pro. Sony ne récompense pas leur fidélité en voulant gagner quelques euros de plus.
Autre point qui pourra faire débat : le socle vertical en métal, facturé 30 €, n’est pas fourni. À la place, on se retrouve avec ces bouts de plastique transparents qui sont ridicules. On pouvait pardonner cette radinerie à la PS5 Slim (et encore), un peu moins pour une console premium facturée 800 €. C’est un peu comme si Ferrari flanquait de simples enjoliveurs à sa voiture la plus chère du catalogue. Concernant le débat légitime sur l’absence de lecteur de disque, on dira que Sony a fait un choix : offrir 2 To de stockage à la place, alors qu’on se sent vite à l’étroit sur une PS5 Slim (qui a moins d’1 To). Dans les deux cas, il est nécessaire de repasser à la caisse pour gommer l’un des deux défauts.
Sinon, la PS5 reprend les formes résolument futuristes de toute la gamme, avec des courbes marquées, une allure générale loin d’être passe-partout et, de série, une finition blanche associée à du noir. Attention, comme elle est plus grande que la Slim, vous rencontrerez éventuellement le même problème qu’avec la PS5 de base : la difficulté à la caler dans un meuble. La PS5 Pro prend de la place, et il faut en avoir conscience.
Bien sûr, la PS5 Pro est livrée avec une manette DualSense standard, alors qu’un modèle Edge aurait pu être fourni pour adoucir l’effet procuré par la facture.
Déception et émerveillement
Conditions de test
La PS5 Pro a été branchée à un téléviseur Samsung QD-OLED S90C de 77 pouces, équipé de toutes les technologies gaming.
Autant être clair tout de suite : vous ne prendrez pas nécessairement une claque en passant d’une PS5 à une PS5 Pro. Lors des premières heures d’utilisation, vous serez probablement déçu, avec cette impression d’avoir dépensé quelques centaines d’euros pour pas grand-chose. Tout du moins que les bénéfices a priori peu perceptibles ne valent pas les 250 € en plus. En réalité, la PS5 Pro est, sans aucune surprise, très dépendante des jeux. Avec Horizon Forbidden West, vous allez devoir écarquiller les yeux. Puis, en lançant Final Fantasy VII Rebirth, vous risquez d’avoir un immense sourire. In fine, il y a des bons élèves, des très bons élèves et des élèves quelconques.
Parmi les très bons élèves, il y a Dragon’s Dogma 2, méconnaissable sur PlayStation 5 Pro, car capable d’assurer fluidité et ray tracing sans rechigner (ce n’est pas le cas de tous). On a aussi été impressionné en relançant des jeux comme Lies of P, Lords of the Fallen ou encore Demon’s Souls, trois représentants du genre soulslike qui gagnent énormément en fidélité visuelle sans sacrifier la performance (sur Demon’s Souls, on est proche d’un rendu parfait). C’est tout autant le jour et la nuit en ce qui concerne Final Fantasy VII Rebirth, peut-être la vitrine, de la console tant le mode Pro parvient à faire quasiment jeu égal avec le mode fidélité de la PS5 normale, un framerate à 60 fps en plus. Et que dire de No Man’s Sky, qui a énormément changé depuis sa sortie et subjugue ici avec une profondeur de champ à donner le vertige.
On vous recommandera de (re)lancer Marvel’s Spider-Man 2, plus spécifiquement son mode Fidélité Pro bardé d’effets de ray tracing. À condition, cependant, de disposer d’un téléviseur pourvu d’un port HDMI 2.1, compatible 120 Hz et VRR pour dépasser les 30 fps. Avec cet équipement onéreux, vous profiterez de reflets saisissants sur les vitres des nombreux buildings entre lesquels les super-héros s’amusent à virevolter. La capture ci-dessous vous montre un aperçu du rendu. Mais il faut garder à l’esprit que le jeu est déjà très, très beau sur PlayStation 5 normale.
Il en ressort alors que la PlayStation 5 Pro sait en donner pour son argent sur un échantillon de jeux parfaitement optimisés, avec une image globalement plus précise (grâce au PSSR, une mise à l’échelle boostée à l’IA, équivalente au DLSS de Nvidia) et toujours plus fluide (les rares ralentissements sont éliminés quand on choisit le mode Performance).
Mais la console ne fait pas toujours de miracle, en témoigne Rise of Ronin. Et sur des jeux déjà flamboyants comme les deux Horizon ou Ratchet & Clank: Rift Apart, il faut avoir des yeux bioniques pour constater un vrai gain (il existe). Quand on sait que certaines personnes ne font même pas la différence entre 30 et 60 fps, on sait que la cible du produit sera limitée.
Console de pointe oblige, la PS5 Pro ajoute une palanquée d’options à certains jeux, ce qui rend l’expérience moins évidente — plus proche de ce qu’on trouve sur PC. À ce sujet, on loue Demon’s Souls, qui se contente d’un seul mode en plus, qui plus est identifié simplement (le « mode PS5 Pro »).
Tout le contraire de Stellar Blade, qui les accumule et force à tous les tester pour trouver le bon (avec des noms invraisemblables en prime). On aurait préféré que la PS5 Pro facilite tout en imposant un seul et unique mode. Celui qui associerait alors le meilleur des deux mondes, à savoir la définition la plus élevée possible (boostée par le PSSR) et un framerate à 60 fps constant. Avec ou sans ray tracing, puisque cette technologie est hyper gourmande et, pour une poignée de jeux, à proscrire (coucou Hogwarts Legacy, même quand on libère le framerate).
On se demande enfin si la PS5 Pro n’est pas un pari sur l’avenir. Il n’est pas interdit de penser que le PSSR va évoluer ces prochains mois, ce qui pourrait profiter à la console — et encore plus à la PlayStation 6. Il faudra par ailleurs que les développeurs jouent le jeu de l’optimisation. Il y a une cinquantaine de jeux vraiment compatibles au lancement, il en faudra bien plus à l’avenir. Dans tous les cas, on peut confirmer ceci : si vous n’êtes que peu sensible aux pixels et aux fps et/ou si vous n’avez pas un téléviseur dernier cri, restez sur PlayStation 5, capable de rendre de fiers services. Vous trouvez les modes Performances un tantinet baveux ou flous ? Vous allez adorer la PS5 Pro.
Toujours un grand héritage de mises à jour
On l’avait déjà dit pour la PS5 Slim et il est primordial de le rappeler pour la PS5 Pro : la console arrive avec un bagage de mises à jour qui ont peu à peu amélioré l’ergonomie et ajouté des fonctionnalités. La famille PS5 est aujourd’hui à maturité, et la PS5 Pro en profite logiquement dès son lancement.
Parmi les fonctionnalités à mettre en avant :
- La possibilité d’étendre le stockage en insérant un SSD compatible, jusqu’à 8 To, dans le compartiment dédié (ça se fait en quelques minutes, sans aucun risque pour la garantie). Même si elle est moins pertinente avec 2 To de série ;
- La possibilité de créer des dossiers dans sa bibliothèque de jeux pour mieux s’y retrouver, même si tout n’est pas encore parfait ;
- La possibilité de jouer en Dolby Atmos (émulation pour le moment) avec un équipement compatible, afin d’associer une belle image au meilleur son possible ;
- La possibilité d’accéder à une bibliothèque de jeux depuis la refonte du PlayStation Plus en juin 2022 ;
À cela s’ajoute le portail multimédia de l’interface PlayStation, lequel donne accès à de multiples applications de streaming — de myCANAL à Netflix, en passant par Disney+.
Le verdict
Sony Playstation 5 Pro
Voir la ficheOn a aimé
- Gain en performance réel sur certains jeux
- Les promesses du PSSR
- Tout l’héritage de la PS5
On a moins aimé
- Nécessite une TV adaptée (4K, HDMI 2.1, 120 Hz, VRR)
- Multiplication des modes d’affichage
- La mesquinerie de Sony sur le lecteur, les façades et le socle
Beaucoup douteront certainement de la pertinence de dépenser 800 € pour quelques pixels et fps supplémentaires. Ils n’auront pas totalement tort : la PS5 Pro s’adresse à celles et ceux qui sont sensibles à ces considérations techniques et visuelles, de surcroit équipés d’un téléviseur susceptible de faire briller les qualités de la console de niche (et de riche).
La PS5 Pro dépend aussi des jeux et de leur optimisation. Vous ne verrez ainsi pas une grande différence avec Horizon Forbidden West, quand vous ne voudrez plus revenir en arrière avec Final Fantasy VII Rebirth. Toujours est-il que la PlayStation 5 Slim reste la console à conseiller au plus grand monde, pour une question de réalité économique et de sensibilité à l’image. La PS5 Pro n’est pas une claque absolue, mais elle a de quoi en satisfaire certains sur les gains en fluidité et en clarté.
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