Dès ses premières secondes, Gladiator 2 nous prévient : les références à son aîné seront légion, pendant plus de 2h30. La suite du péplum culte des années 2000, toujours dirigée par Ridley Scott (Thelma et Louise, Alien), commence ainsi comme un lointain écho au premier, par des mains effleurant délicatement des grains de blé. Mais cette fois, l’acteur Russell Crowe n’est plus de la partie, puisque son fameux personnage, Maximus, a passé l’arme à gauche lors des événements finaux de Gladiator.
Situé environ 15 ans après cette quête de vengeance, face à l’effroyable empereur Commodus, ce deuxième chapitre érige un nouveau héros face à l’adversité : le jeune Lucius, incarné ici par un Paul Mescal (Normal People) plus musclé que jamais et encore plus taiseux qu’à son habitude. Pour se venger du général Acacius, qui a détruit sa vie, il suit alors les traces de Maximus et entre à son tour dans l’arène du Colisée, à Rome. Mais plus de 20 ans plus tard, Gladiator opère-t-il un retour gagnant ? Malheureusement, la réponse est plutôt négative, puisque cette suite nous hurle dans les oreilles en permanence qu’elle se revendique de l’héritage du premier volet.
Gladiator 2 est sauvé in extremis des limbes de l’enfer
Proposer une suite à un monument du septième art constitue toujours un immense risque. En dehors d’exceptions comme Mad Max : Fury Road ou The Dark Knight, les probabilités pour finir dans les méandres des pires plateformes de streaming sont malheureusement très élevées. Pourtant, sur le papier, Gladiator 2 avait tout pour ne pas rejoindre ces limbes de l’enfer : un premier volet exceptionnel, le retour de Ridley Scott derrière la caméra, la réunion de deux acteurs à l’immense popularité, avec Denzel Washington (Philadelphia) et Pedro Pascal (The Last of Us), mais aussi l’ascension de deux jeunes stars avec Paul Mescal et Joseph Quinn (Stranger Things).
Alors, pas de panique : le casting est évidemment impeccable pendant toute la durée de Gladiator 2 et vous pourrez continuer à nourrir une obsession pour ces quatre comédiens en toute tranquillité, rassurez-vous. La distribution sauve d’ailleurs le film entier de la noyade, en proposant des personnages masculins diversifiés et parfaitement mis en lumière. Mention spéciale à Denzel Washington, déjà porté aux nues par l’ensemble de la presse et du public, pour son interprétation tout en nuances d’un bourgeois de l’ombre, toujours avide de nouvelles dominations à exercer sur Rome.
Oui aux scènes d’action, non aux requins
Mais une fois les acteurs préservés du fiasco, que reste-t-il à Gladiator 2 pour se défendre ? Et bien la réponse risque de vous surprendre puisqu’il s’agit de… requins et de singes sous stéroïdes. Autant dire que ces nouveautés, qui font leur entrée fracassante dans l’arène du Colisée notamment, ne relèvent clairement pas du chef-d’œuvre.
Ces deux séquences frôlent même le ridicule, tant elles semblent éloignées de ce qui faisait tout le sel de Gladiator. On peut tout de même être impressionné par ces scènes d’action, c’est vrai. Mais l’ensemble bénéficie surtout du contexte favorable de la salle de cinéma, pour rendre les émotions toujours plus intenses, et pas vraiment d’une réelle esthétique à couper le souffle.
Imiter Gladiator ou tomber dans la surenchère gratuite ?
En réalité, après avoir vu Gladiator 2, on se questionne surtout sur les intentions de Ridley Scott, qui semble franchement tiraillé derrière la caméra de cette suite. D’un côté, la tendance se situe clairement du côté de la surenchère, en proposant toujours plus de divertissement et de sang aux spectateurs, quitte à sombrer dans l’absurde. Mais cette volonté de surpasser à tout prix le premier chapitre se heurte à une autre envie complètement contradictoire : celle de coller à l’identique à l’univers de Gladiator, jusque dans les moindres détails.
Une ambition qui vire, elle aussi, à la caricature, tant les liens avec le scénario et les forces du premier film apparaissent comme forcés. Sans en dire trop, la simple existence de Lucius, le personnage principal donc, ainsi que les différentes étapes de son parcours, sont franchement écrites à la truelle.
Certaines réactions du héros finissent donc par ne pas avoir vraiment de sens, comme s’il manquait des scènes entières pour nous expliquer son cheminement psychologique dans sa totalité. Résultat : on peine réellement à s’attacher à ce personnage, ainsi qu’à tous les autres du film, nous laissant de marbre lors de toutes les séquences émotions proposées par le péplum.
Le savoir-faire de Ridley Scott n’est pas tout à fait mort
À l’inverse, que dire de la réutilisation de différentes scènes cultes de Gladiator, qui ne servent qu’à nous rappeler la grandeur du premier et le statut de pâle copie que représente le second ? Et si Hans Zimmer ne dirige cette fois pas la musique, laissant la place à Harry Gregson-Williams (Le Dernier Duel), vous pouvez tout de même vous attendre à entendre le fameux thème du film, comme un lointain écho du passé.
Au milieu de ce chaos, qui imite donc en permanence plutôt qu’il ne réinvente, jusqu’à un final risible, émergent tout de même de belles idées de mise en scène, qui nous prouvent que le savoir-faire de Ridley Scott n’est pas complètement mort. L’utilisation d’un noir et blanc profond pour représenter le deuil ainsi que le propos touchant autour de la transmission et des rêves que l’on laisse derrière soi permettent ainsi à quelques rares séquences de nous émouvoir, de temps à autre.
Paradoxalement, vous ne passerez donc pas un mauvais moment devant Gladiator 2 : le spectacle est présent à chaque seconde, avec des scènes d’action à tous les coins de Rome. Mais devant les dernières secondes du film, très énervantes, on ne peut s’empêcher de ne rêver qu’à une chose : qu’on nous rende Maximus, par pitié.
Le verdict
Gladiator 2
Voir la ficheOn a aimé
- Un casting impeccable
- Pedro Pascal pour toujours ❤️
- Des thématiques touchantes
- Denzel Washington, toujours au sommet
- Du grand spectacle
- Les scènes en noir et blanc
On a moins aimé
- Des requins ?!
- Des singes sous stéroïdes ?!
- La dernière scène, au secours
- Une redite inutile du premier
- Un héros aux décisions étranges
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