Il suffit de se balader dans les commentaires de la dernière bande-annonce de Skeleton Crew pour constater la défiance d’une partie du public : « C’est chaud comme ce n’est plus du tout du Star Wars », « C’est encore du Star Wars pour enfants » ou bien « Réveillez-moi pour Andor saison 2 ». Il y en a encore bien d’autres du même acabit.
Où voir la série Skeleton Crew ?
Skeleton Crew est diffusée en France exclusivement sur Disney+. Vous pouvez vous abonner sur le site de streaming à partir de 8,99 € par mois ou 89,99 € par an ou bien avec les offres Canal+, à partir de 34,99 € par mois.
Voilà donc la méfiance qui émane d’une partie des internautes à l’égard de la nouvelle série Star Wars, qui arrive sur Disney+ le 3 décembre. Longtemps intrigante et mystérieuse, la série fait face à une certaine incompréhension. La production a ainsi l’air d’être à des années-lumière des récits de la saga, où l’héroïsme côtoie l’épique.
Bien sûr, c’est à nuancer : il y a aussi beaucoup d’autres réactions bien plus enjouées, ou qui invitent à ne pas se contenter d’un trailer pour distribuer bons ou mauvais points. Par le passé, des séries brillantes comme Andor paraissaient sans avenir, tandis que d’autres, censés être des cartons, ont déçu, comme Obi-Wan Kenobi.
Ceci dit, Skeleton Crew représente bien un nouveau parti pris de Disney sur cette licence : cette fois, Star Wars est transposé dans un univers bien plus enfantin (ce ne serait toutefois pas la première fois), avec une orientation qui rappelle les œuvres pour la jeunesse des années 80, ou, du moins, qui s’en inspirent : on pense notamment au film Les Goonies.
Un début poussif, une suite enthousiasmante
Numerama a eu l’opportunité de voir en avant-première les trois premiers épisodes de Skeleton Crew, sur les huit que la saison comptera (on ignore à ce stade si elle sera renouvelée). L’occasion de voir ce que la série a dans le ventre et, surtout, de comparer ce que l’on a vu avec ces reproches qui ont crucifié l’œuvre, avant même de l’avoir vue.
Avec seulement trois épisodes visionnés, il est évidemment très difficile de prononcer une opinion arrêtée sur la qualité de cette production. D’autant que les péripéties surviennent vraiment à partir du deuxième, voire du troisième épisode. Le premier, lui, sert majoritairement à installer le cadre et à présenter les héros de l’aventure. Il n’était donc pas le plus palpitant.
Mais, bonne nouvelle, l’enthousiasme a progressé à mesure que se sont enchaînés les épisodes (d’une durée variable : 46, 29 et 37 minutes). Après une mise en place un peu rasoir, la suite s’est montrée plus électrisante, dès que l’on a quitté le cocon cotonneux et sans aspérité de la planète sur laquelle vivent les quatre protagonistes.
On a toutefois été surpris de l’orientation musicale, qui n’a semblé que très peu faire écho aux thèmes classiques de la licence. Toute l’ambiance sonore apparaît inhabituelle et un seul moment nous a permis de reconnaître quelques notes familières. Rien de rédhibitoire, mais cela a renforcé l’impression d’une série à part dans la licence.
L’esthétique a été davantage séduisante, notamment l’imaginaire pirate (qui joue sur l’éclairage et l’ambiance), mais la mise en scène n’a pas fait preuve d’une grande audace. Aucun plan n’a été marquant, hormis celui où l’on voit la petite troupe en contrejour, avec leur silhouette se détachant devant une énorme planète gazeuse, au loin. C’était ravissant.
Vous aimez les pirates ?
Toute la série tourne donc autour de ces jeunes à la veille de l’adolescence. Cette petite bande va se retrouver par hasard dans un vaisseau spatial, qui a tout d’une épave, et filer on-ne-sait-où dans l’espace. Direction : l’inconnu. Manque de bol, les enfants vont croiser la route de pirates stellaires. Et bien sûr, il sera très vite question d’un trésor.
On ne vous dira évidemment rien sur ce trésor, mais, comme toute bonne aventure qui se respecte, les quatre gamins — qui sont, il est vrai, un peu stéréotypés avec le rêveur, le simplet, la forte tête et la bricoleuse — vont croiser et « recruter » des alliés. C’est le cas de Jod Na Nawood, incarné par Jude Law, dont on dit qu’il est un Jedi.
Jod semble être le mentor adulte qui va aider les gamins à « grandir », mais il ne sera pas le seul à les guider. « L’équipage » de fortune pourra aussi compter sur SM-33, un droïde qui a tout du vieux loup de mer habitué à la piraterie. C’est d’ailleurs un fil rouge de la production, en tout cas pour ces trois premiers épisodes : les références à la piraterie.
Surtout, elle joue le jeu à fond : ici, un alien qui a un cache-œil, là un gamin qui trouve une longue-vue, tandis qu’un autre se coiffe d’un tricorne, ou que Jod trouve une vraie épée, ressemblant à celle d’un pirate. L’arrière du vaisseau a même l’air d’avoir une dunette. Et SM-33 semble prêt à lâcher un « Arrr! » caractériel à chacune de ses interventions.
Le contraste est d’autant plus saisissant avec le premier épisode, très lisse et propre, puisque l’on a un aperçu de la vie normale des gens — ce qui par la suite permet de mettre encore plus en relief l’aspect exotique, lugubre et bordélique du repaire de pirates dans lequel les enfants vont se retrouver bien malgré eux.
Voir la série jouer sur l’imaginaire pirate n’est pas déplaisant, même si elle est quelques fois dans le cliché. Cependant, ces références mises de côté, est-ce pour autant une bonne série ? Ou, pour le dire autrement, si elle n’était pas estampillée Star Wars, aurions-nous la même bienveillance à son égard ?
Une série qui semble s’adresser aux enfants
Pour un public adulte, qui apprécie peut-être les intrigues plus complexes et le grand spectaculaire, la production peut laisser de marbre, ou frustrer. Mais c’est peut-être passer à côté d’une réalité déplaisante : Skeleton Crew ne s’adresse pas à eux, mais aux enfants. C’est vexant, mais Star Wars ne cherche probablement pas à parler aux grands cette fois-ci.
Après tout, la série expose des problèmes auxquels les gamins sont confrontés au quotidien : l’absence des parents, accaparés par le travail, la pression de la réussite scolaire, l’impossibilité de se confier, la mésentente entre les jeunes (car, au début, le groupe des quatre ne s’entend pas bien : il y a des gamineries et des frictions garçons/filles).
Indirectement, c’est vrai, Skeleton Crew s’adresse aussi un peu aux parents — on pense en particulier à cette scène dans laquelle on voit des bébés aliens, laissés devant une espèce de programme holographique. Cela ne vous rappelle rien ? C’est un écho évident à la problématique des enfants que l’on laisse devant l’écran, pour s’en « débarrasser » en quelque sorte.
Cela ne veut pas dire qu’il n’y a rien à se mettre sous la dent pour les autres. Plusieurs questions émergent vite : qui est le mystérieux type casqué dans le prologue ? Est-ce que Jod Na Nawood est digne de confiance ? Quelle est la spécificité de la planète d’où viennent les enfants ? À plusieurs moments, on devine qu’il y a anguille sous roche…
Reste que la série paraît surtout vouloir parler à la jeunesse — ou, à tout le moins, à l’enfant qui sommeille dans chaque spectateur. Comment ne pas se rappeler que l’on jouait aussi à Star Wars dans la chambre, quand on voit l’un des gamins faire de même (amusante mise en abyme) ? Ou quand deux d’entre eux font un duel de sabre laser dans la rue ?
Star Wars, ce n’est pas que pour les grands
Certes, cette production audiovisuelle ne répondra peut-être pas aux attentes parfois très exigeantes d’une partie des fans, qui peuvent avoir la fâcheuse tendance à vouloir retrouver une madeleine de Proust à chaque sortie Star Wars. Or, tout ne peut pas être un calque systématique des productions passées.
Il ne s’agit pas de renoncer à l’arrivée un jour d’un nouvel arc narratif aussi grandiose que la saga Skywalker. Ni d’excuser les sorties de route de telle ou telle série au prétexte qu’elle a voulu tenter quelque chose de différent et que cela lui conférerait une sorte de totem d’immunité. Mais que Star Wars est un champ des possibles. L’un n’empêche pas l’autre.
On ignore si Skeleton Crew sera un pari réussi. On en a trop peu vu pour avoir un avis définitif et Disney n’a pas toujours eu la main heureuse depuis l’acquisition de la licence. Mais comme premier contact, Skeleton Crew peut tout à fait être une porte d’entrée vers l’univers de Star Wars, modernisée qui plus est, car Un nouvel espoir va sur ses 50 ans.
Surtout, ce serait une erreur d’invalider cette série au motif qu’elle propose juste une aventure de jeunesse. D’abord, parce que le genre possède ses pépites — Les Goonies, Super 8 ou bien E.T., qui ont des points communs avec la série. Ensuite, parce qu’on ne veut pas se résoudre à l’idée que Star Wars ne devrait être que pour les grands, avec des récits inaccessibles aux petits.
Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci
Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.
Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :
- 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
- 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
- 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.
Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.
Abonnez-vous gratuitement à Artificielles, notre newsletter sur l’IA, conçue par des IA, vérifiée par Numerama !
Certains liens de cet article sont affiliés. On vous explique tout ici.