En France, 40 % des foyers sont abonnés à Netflix. Un chiffre impressionnant dans un secteur ultra-concurrentiel, où il faut généralement posséder plusieurs abonnements pour regarder tout ce qui nous intéresse. En 10 ans, Netflix a réussi à se rendre incontournable, avec des utilisateurs de tous les âges.
Qu’en est-il du streaming musical ? Présents en France depuis encore plus longtemps (2007 pour Deezer, 2008 pour Spotify), les services de « musique illimitée » ont pour avantage d’inclure l’intégralité du catalogue mondial en échange d’une somme fixe (autour de 11 euros par mois). On entend souvent que le streaming a tué l’industrie du disque, ce qui peut laisser penser que la grande majorité des Français sont abonnés à Spotify, Deezer ou Apple Music.
Pourtant, et à en croire Antoine Monin, le directeur général de Spotify Europe de l’Ouest, le streaming musical est encore loin d’avoir gagné la bataille culturelle en France. Seulement 20 % de la population possèderait un abonnement aujourd’hui, toutes plateformes confondues.
Les jeunes sont adeptes du streaming musical, mais pas encore les parents
En 2024, la principale différence entre le streaming musical et le streaming vidéo concerne les utilisateurs.
Les tendances annuelles du Spotify Wrapped aident à le constater : le rap domine largement les classements. Spotify explique ces statistiques par le fait que les jeunes sont majoritaires parmi ses abonnés, et que le rap est leur genre préféré. Dans les pays où les nouvelles technologies sont adoptées plus rapidement, la pop gagne généralement (comme aux États-Unis, où Taylor Swift, Billie Eilish et Sabrina Carpenter sont en tête).
Selon Antoine Monin, « moins de 20 % de la population française » est abonnée à un service de streaming musical payant. « On est en retard sur les autres pays européens, comme les Allemands ou les Anglais, qui sont plutôt autour des 40 % », regrette le patron de Spotify Europe.
Les chiffres du streaming gratuit, qui réunit Deezer, YouTube ou Spotify, sont un peu plus élevés, mais restent en dessous des autres pays. Les Français seraient encore nombreux à ne pas consommer de la musique avec une application. Ou à ne pas en consommer tout court.
Spotify espère doubler son nombre d’abonnés en France
Comment expliquer un tel retard ? Spotify met en avant plusieurs facteurs, qui concernent aussi bien la culture musicale en France que la peur des nouvelles technologies. Les Français mettent souvent du temps à changer d’habitude, ce qui peut expliquer pourquoi de nombreux utilisateurs n’ont toujours pas essayé d’application musicale en 2024. Même Netflix, malgré des chiffres stratosphériques aujourd’hui, a démarré plus lentement en France qu’ailleurs, selon le Suédois.
Spotify, qui s’était offusqué publiquement contre la taxe streaming instaurée par le gouvernement en 2024, met également en avant ses relations avec les pouvoirs publics qui, trop souvent, comprennent mal les nouvelles technologies. « Mécaniquement, tout le monde a à y gagner », indique Antoine Monin, qui explique qu’un marché du streaming plus gros renforcerait l’industrie musicale tout entière. Les artistes français gagnent parfois plus d’argent à l’étranger qu’en France, ce qui illustre bien la faiblesse du marché français.
Pour autant, le patron de Spotify Europe se veut raisonnablement confiant. « Pour 11 euros par mois, on a tout le catalogue mondial de la musique, c’est une offre sans commune mesure. On reste optimiste », indique Antoine Monin. Il dit également constater que la croissance de Spotify est plus élevée que celle du marché du streaming, ce qui est plutôt bon signe pour son entreprise (qui prend donc de l’avance sur ses concurrents). En maintenant une croissance à deux chiffres, Spotify s’attend à doubler son nombre d’abonnés d’ici 3-4 ans.
L’autre enjeu pour les plateformes de streaming est de fidéliser. Il gagne facilement des abonnés avec des mois offerts, mais les clients peuvent partir et retourner à leurs anciennes habitudes une fois l’essai passé. Contrairement aux apparences, le streaming musical n’est pas encore la norme en France.
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