On ne vous dira rien sur l’introduction du jeu vidéo Indiana Jones and the Great Circle, mais force est de reconnaître qu’il sait soigner son entrée. Il n’y avait sans doute pas meilleure façon de démarrer une aventure qui s’apparente à un fantasme pour les milliers de fans du héros brillamment incarné par Harrison Ford (un rôle qui a aidé à bâtir son statut de star mondiale).
Les premières minutes d’Indiana Jones and the Great Circle témoignent en tout cas de l’immense respect que vouent l’éditeur Bethesda et le studio MachineGames à la saga de Lucasfilm. Elle n’a pas attendu cette adaptation, d’abord prévue sur PC et Xbox, pour revenir sur le devant de la scène : en 2023, Harrison Ford a renfilé le costume pour un ultime tour de piste, baptisé Indiana Jones and the Dial of Destiny, avec un score décevant au box office mondial. Indiana Jones and the Great Circle espère connaître un meilleur destin, avec un récit inédit situé entre Indiana Jones and the Raiders of the Lost Ark et Indiana Jones and the Last Crusade (les premier et troisième films, le deuxième étant un prologue). Le respect est là, certaines finitions beaucoup moins.
Indiana Jones and the Great Circle loupe la partie action
Doublage en VO
On rappelle que si Indiana Jones apparaît bien sous les traits d’Harrison Ford, il est doublé en version originale par Troy Baker. Vous pouvez donc choisir la VF sans regret, avec l’excellent Richard Darbois aux manettes.
MachineGames, à qui l’on doit les récents jeux de tir Wolfenstein, passe un peu du coq à l’âne avec Indiana Jones and the Great Circle — beaucoup plus sérieux, même si le héros n’est jamais le dernier pour plaisanter. Le studio peut néanmoins se rattacher à un point clé : un ennemi commun, à savoir le troisième Reich. Sans trop en dire, Indiana Jones est confronté à un archéologue nazi, chargé par Hitler lui-même de percer le secret du Cercle Ancien. Il est décrit comme le plus grand mystère archéologique et, bien sûr, renfermerait un immense pouvoir. Dans son tour du monde qui l’enverra au Vatican, à Gizeh ou encore en Himalaya, Indy pourra compter sur Gina, une journaliste qui cherche sa sœur.
« J’ai déjà eu affaire aux nazis plusieurs fois et, croyez-moi, ce ne sont pas des rigolos », dira d’ailleurs ce bon vieux Indiana Jones, doublé par Richard Darbois, voix officielle d’Harrison Ford, en version française. Il y a une petite déception à soulever à ce sujet : une dissonance entre le timbre du comédien, âgé de 72 ans, et le héros, beaucoup plus jeune. Malgré cette impression a priori négative, entendre Richard Darbois permet à Indiana Jones and the Great Circle de soigner l’immersion, puisqu’on entend Harrison Ford, comme on l’entendait il y a des dizaines d’années au cinéma, du pop-corn plein la bouche. Et on le voit aussi, puisqu’il est très bien modélisé.
Spécialise du genre FPS, MachineGames fait logiquement le choix de la première personne pour vraiment donner le sentiment d’incarner Indiana Jones. Toutefois, il arrive que le jeu passe en vue à la troisième personne, par exemple quand on monte une échelle. Ce qui donne un va-et-vient étrange, avec une justification qui l’est tout autant : « On tient à montrer Indy le plus possible », confiait le directeur Jerk Gustafsson dans une interview publiée sur Lucasfilm. Au passage, l’orientation FPS permet à Indiana Jones and the Great Circle de ne pas essuyer les comparaisons faciles avec les sagas Uncharted et Lara Croft — dont Indy est paradoxalement le père spirituel.
Dans la forme, on sent que MachineGames a voulu soigner au maximum l’ambiance, afin qu’elle soit le plus authentique et fidèle possible. Sur ce plan, il est difficile de reprocher quoique ce soit à Indiana Jones and the Great Circle. Tout y est : la personnalité attachante d’Indiana Jones (sa phobie des serpents y compris), sa propension à toujours s’en sortir, un soupçon de grand spectacle, un zeste d’humour, un casting de méchants réussi, le côté carte postale…
Le tout est enrobé dans un habillage graphique d’excellente facture (les effets de lumière, notamment) et bercé dans une bande son riche et captivante. Nul doute que les fans vivrons un rêve éveillé, à condition de fermer les yeux sur certains bugs (la disparition des PNJ). Point à noter pour les férus de cinéma : on peut activer des bandes noires en haut et en bas pour s’y croire encore plus.
On pourra tout autant louer la manière dont est structuré le jeu, avec ses zones ouvertes bien construites, lesquelles recèlent d’activités annexes, renferment leur lot de mystères et abreuvent l’explorateur curieux de mille et une découvertes. En termes de contenu, Indiana Jones and the Great Circle en impose.
MachineGames n’a pas eu la main légère, avec plusieurs heures de cinématiques au programme et une variété bienvenue dans les situations proposées (mais pas toujours agréables à jouer). Indiana Jones and the Great Circle brille particulièrement dans ses énigmes, qui flattent la réflexion sans paraître capillotractées non plus (en mode normal). Même celles qui sont secondaires.
Si le tableau paraît globalement bien reluisant pour Indiana Jones and the Great Circle, il est difficile de fermer les yeux sur son immense défaut : la manière dont les séquences d’action sont agencées. MachineGames avait réussi à pondre un gameplay old-school et bourrin pour les Wolfenstein, une orientation qui ne peut pas fonctionner avec Indiana — qui sait se battre, mais n’est pas un spécialiste non plus. Coincés au moment de répondre à cette exigence, les développeurs proposent donc un gloubi-boulga articulé autour d’une emphase sur l’infiltration. Sauf qu’elle est très, très mal pensée.
Indiana n’est pas vraiment outillé pour avancer en catimini. Il n’est même pas capable de se débarrasser d’un garde à mains nues sans faire aucun bruit (le b.a.-ba de l’infiltration, pourtant). On se retrouve très souvent embourbé dans des rixes aux sensations décevantes, alors que les armes à feu sont très punitives (pour tout le monde).
À cela s’ajoute une intelligence artificielle au raz des pâquerettes. Concrètement, les ennemis ne voient pas grand-chose et n’entendent quasiment rien, et il faut les toucher pour déclencher une alerte. Il suffira alors de trouver un chemin tout tracé vers l’objectif, sans trop prêter attention aux alentours pour avancer sans réel souci. On finit paradoxalement par redouter ces affrontements au feeling vieillot, préférant très largement les moments de calme à découvrir les richesses des paysages.
Le verdict
Indiana Jones and the Great Circle
Voir la ficheOn a aimé
- Fidélité à toute épreuve
- Des énigmes bien pensées
- Du bon fan service
On a moins aimé
- Partie action totalement ratée
- Quelques couacs techniques
- La vue à la troisième personne ?!
Se frotter à une légende comme Indiana Jones représente toujours un risque certain. Avec Indiana Jones and the Great Circle, MachineGames ne s’en sort pas si mal. Entre l’ambiance bien retranscrite, la fidélité à la personnalité du héros et l’habillage réussi, les ingrédients pour vivre une grande aventure sont là.
Indiana Jones and the Great Circle s’épanouit plus particulièrement dans l’exploration, avec un contenu généreux qui mise sur des énigmes bien pensées pour donner envie de découvrir les différentes régions du monde qui jalonnent le périple du héros. Dommage, néanmoins, que le jeu doive se coltiner une partie action à côté de la plaque. Elle entache sérieusement le cheminement du récit 100 % inédit.
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