Tamara, Alexia et Sylia : trois voleuses d’art, trois sœurs complémentaires et unies, aux personnalités bien définies. Voilà tout le sel de la série Cat’s Eyes, qui cartonne chaque lundi soir, sur TF1, depuis le 11 novembre 2024. Cette adaptation française du manga de Tsukasa Hōjō, avec Camille Lou, Constance Labbé et Claire Romain, met ainsi en scène trois héroïnes qui dérobent des tableaux, liés à la mystérieuse mort de leur père.
Afin d’accomplir leurs méfaits nocturnes en toute discrétion, elles ont donc besoin de solides combinaisons colorées, parfaites pour courir sur les toits de Paris ou s’infiltrer au cœur du musée du Louvre. Et ces costumes sont signés d’une main de maître : celle d’Emmanuelle Youchnowski, qui a également travaillé sur le film d’horreur The Substance ou encore sur la série comique Drôle, pour Netflix. Elle a accepté de raconter à Numerama, en exclusivité, les coulisses de ses créations vestimentaires pour Cat’s Eyes.
L’interview : « Je souhaitais vraiment que les fans de Cat’s Eyes puissent reconnaître des détails »
Numerama : Comment avez-vous imaginé les combinaisons des trois héroïnes, très différentes de celles du manga original ?
Emmanuelle Youchnowski – Dans la série animée, elles portaient des espèces de combinaisons d’aérobic. Elles n’avaient rien d’extraordinaire. On a donc voulu apporter quelque chose de très moderne, en trouvant une coupe spécifique pour chaque personnage. Alexia, la plus jeune, fait énormément de parkour dans la vie, donc on lui a ajouté une capuche.
Tamara, de son côté, fait de la moto, donc on lui a fabriqué un petit blouson en cuir et on a apporté ce côté biker aux découpes de sa combinaison. Sylia, elle, est la plus chic des trois, donc on lui a dessiné un petit col bateau. Chaque personnage possède donc sa propre identité et son imprimé bien spécifique.
Elles portent tout de même les couleurs phares de l’œuvre de Tsukasa Hōjō.
Oui, c’était important pour moi de conserver celles du manga original, donc le jaune et le bleu pour Tamara, l’orange pour Alexia et le bleu et le violet pour Sylia. J’ai grandi dans les années 1980, en regardant la série animée Signé Cat’s Eyes. Je souhaitais vraiment que les fans de la première heure puissent reconnaître quelques détails, dont les couleurs. Je voulais aussi que chaque tranche de spectateurs puisse s’identifier à l’une des trois sœurs. Alexia représente ainsi les 16-20 ans, Tamara les 25-35 ans tandis que Sylia se rapproche plutôt des quarantenaires. Et avant de lancer la fabrication, on a eu la chance de rencontrer Tsukasa Hōjō, à qui on a pu montrer nos idées et qui les a adorées. C’était absolument génial.
Chaque héroïne possède une pièce vestimentaire iconique : la veste de motarde pour Tamara, le manteau orange pour Alexia… C’était important pour vous qu’on puisse les reconnaître instantanément ?
Oui, bien sûr, c’est indispensable. C’est aussi pour cette raison qu’on a décliné les couleurs des combinaisons dans leur garde-robe de « civiles ». Je voulais vraiment garder toute une ligne directrice parce qu’on sait que les spectateurs s’en souviennent ensuite. Cela nous rappelle notre propre vie : on a tous des pièces phares qu’on met régulièrement, on ne change pas tout le temps de style. L’objectif, c’est que les spectateurs aient envie de porter ces vêtements : c’est ça qui nous indique que nos costumes sont bien réalistes.
Pourtant, les trois sœurs enfilent de nouveaux costumes à chaque épisode, pour se métamorphoser face à la police.
C’est le plus facile à faire : changer leur style pour qu’elles puissent se faire passer pour quelqu’un d’autre. Il est beaucoup plus difficile de garder une cohérence sur plusieurs épisodes d’une série. J’imaginais donc ce qu’elles pouvaient avoir dans leur placard, pour définir leur style respectif. En tout, la préparation des costumes de Cat’s Eyes m’a demandé environ 12 semaines.
Vous avez collaboré avec Parallel Life Studios, qui travaille habituellement avec le studio Marvel. Pourquoi ce choix ?
C’était une sorte de pied-de-nez aux super-héros de faire appel au même atelier, situé à Valence, pour les tissus. Nous avons donc imaginé les combinaisons, puis nous avons fait fabriquer leurs tissus par Parallel Life Studios, qui sont les seuls à pouvoir imprimer un motif en latex sur un tissu technique. Il s’agit d’une sorte de néoprène plutôt confortable, qu’ils ont pu imprimer avec les designs que nous avions créés. C’est justement leur spécialité de mettre au point des tissus qui supportent des cascades et des mouvements amples, sans être trop légers pour autant. Ensuite, les tenues ont été confectionnées et renforcées dans des ateliers à Paris.
Dans le manga original, les héroïnes portent des talons hauts. Était-ce une évidence pour vous d’abandonner ce signe distinctif pour leur donner des baskets, plus confortables ?
Oui, totalement. Pour le confort, évidemment, mais aussi pour ce que ça raconte des femmes d’aujourd’hui. C’était important pour moi de se dire que pour être belle et énergique, on n’est pas obligées d’être en talons. Au contraire, on a besoin d’être bien dans nos baskets pour être sûres de nous. Mais c’est vrai que le manga des années 1980, que j’ai relu en intégralité, est très sexualisé.
Par contre, on y voyait déjà les personnalités bien distinctes des trois sœurs, donc c’était important pour moi de garder ça, et surtout l’idée de la sororité. Cela passait donc par ces costumes, qui sont complémentaires. Les matières étaient aussi importantes : le cuir pour Tamara, la sœur badass, les tissus plus techniques pour Alexia, la sportive et les pulls plus doux pour Sylia, qui doit endosser le rôle de la maman malgré elle.
Dans l’épisode 3 de Cat’s Eyes, Tamara, Alexia et Sylia se rendent à la cour de Versailles, en costumes d’époques, pour une vente aux enchères. Comment avez-vous travaillé sur cette séquence en particulier ?
C’était un véritable challenge puisqu’il fallait qu’elles puissent cacher des tableaux sous leurs robes. Et pour les comédiennes, c’était très compliqué et marrant à la fois puisqu’elles ne pouvaient pas passer par les portes (rires). Pour cet épisode, comme pour la totalité des costumes de la série, on a donc créé, dessiné et fabriqué les pièces sur mesure, pour les personnages principaux.
C’était nécessaire pour que les tenues collent au corps des actrices, d’autant qu’elles devaient courir et bouger énormément dedans. Même les petits détails ont leur importance : par exemple, on a peint des nœuds et des rubans pour qu’ils soient dans les couleurs phares de chacune des héroïnes. À nouveau, je souhaitais vraiment que l’on retrouve ces détails sur leurs robes de Versailles.
Du côté de la figuration, on a plutôt fait appel à de la location de costumes puisqu’on ne sait jamais à l’avance qui joue qui, donc c’est beaucoup plus simple. D’ailleurs, à l’origine, on devait faire ça aussi pour Cindy Bruna, qui joue Gwen, mais elle était tellement grande, qu’aucune robe à la location ne marchait sur elle (rires). Donc, on a dû la fabriquer, mais cela m’arrangeait : c’est toujours un plaisir de pouvoir dessiner et fabriquer des robes.
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