« Cat’s Eyes ! Signé Cat’s Eyes… » Que vous soyez un fan de la première heure de la série animée des années 1980 ou que vous répondiez présents chaque lundi soir, devant TF1, afin de découvrir les nouvelles aventures des sœurs Chamade, vous avez forcément chanté à tue-tête ce générique iconique. Et l’introduction de chaque épisode s’est offert une petite cure de jouvence, dans l’adaptation française du manga de Tsukasa Hōjō.
Pour la diriger, l’équipe de Cat’s Eyes a fait appel à un grand nom du milieu, justement spécialisé dans la création de génériques : Laurent Brett, qui a notamment travaillé sur le film The Artist ou sur la série Family Business, pour Netflix. Il a accepté de révéler à Numerama les secrets de fabrication de Cat’s Eyes.
L’interview : « Un générique, c’est une vraie marque identitaire »
Numerama : Comment avez-vous commencé à travailler sur le générique de Cat’s Eyes ?
Laurent Brett – J’ai d’abord rencontré l’un des producteurs, Benjamin Dupont-Jubien, bien avant le début du tournage. Il avait la volonté de créer un beau générique, qui se démarque. On avait plusieurs références en tête, comme les silhouettes de James Bond, façon Casino Royale, le Tintin de Spielberg et les Drôles de Dames. L’idée était de garder un lien entre la série animée originale des années 1980 et le réel.
On a donc travaillé pendant environ 2 à 3 mois pour détailler chaque scène : deux graphistes s’occupaient des personnages tandis que deux autres travaillaient sur les décors. On avait déjà la musique à l’époque, puisque c’était un peu la première pierre à l’édifice, notre base. En tout cas, le rythme final n’a pas changé et c’est surtout ça qui nous importe : qu’on puisse travailler avec un tempo donné, pour ensuite caler le montage sur la musique. Puis, ça s’est construit de semaine en semaine, pour arriver à ce beau générique final, que, je crois, les gens ont remarqué.
Pourtant, les génériques de séries sont de plus en plus courts désormais…
C’était justement un challenge très intéressant pour moi parce qu’aujourd’hui, on est effectivement confrontés à une demande de la part des chaînes et des plateformes à ce sujet. Donc avoir l’opportunité de montrer un générique de quasiment une minute et qu’il soit apprécié, pour nous, c’est super. Parce que ça pousse les gens à considérer à nouveau le générique comme une marque identitaire, qui peut servir à la fois la série, mais aussi la chaîne.
Pourquoi avoir choisi de représenter les héroïnes à travers leurs silhouettes en particulier ?
C’était une discussion commune. Il aurait été étrange de rendre nos personnages plus réalistes, donc je pense que c’était le bon choix. On a ainsi pu venir sur le tournage pour demander aux trois actrices, Camille Lou, Constance Labbé et Claire Romain, de faire des poses, de marcher ou de courir sur fond vert, avec des tapis roulants, pour avoir un maximum de références sur leurs morphologies et la manière dont elles se déplacent.
À partir de ces séquences, on a demandé à un graphiste d’animer des personnages en 3D, qu’on a ensuite rotoscopés. Cela signifie qu’on a véritablement décalqué, image par image, leurs vraies silhouettes qui se retournaient, avec un travail sur la morphologie et des détails comme les coupes de cheveux, pour qu’on puisse vraiment les reconnaître.
Le générique met en scène des lieux importants de la série, qui se passe à Paris. C’était important pour vous ?
Oui, on voulait montrer des monuments très clairs et identifiables, comme la tour Eiffel ou la pyramide du Louvre. On a aussi beaucoup joué avec les tableaux et les miroirs, pour rappeler la thématique des musées. Il y a un véritable travail de fond concernant l’endroit où positionner les bons décors et les bonnes animations pour créer la fluidité de ce générique, qui reflète le parcours des héroïnes. Et on voulait évidemment placer le plus souvent possible le petit chat triangulaire du logo, le symbole de toute la série.
Comme dans le générique original, les trois sœurs sont toujours en mouvement. Vous souhaitiez garder cet aspect-là ?
Effectivement, elles sont très dynamiques dans la version animée, mais on voulait surtout montrer que Cat’s Eyes est une vraie série d’action. On les voit donc courir, sauter, escalader, être poursuivies… Cela entrait aussi parfaitement dans notre concept visuel, d’avoir du mouvement, avec un certain effet de ralenti. Il était beaucoup plus élégant de montrer ces courses et ces sauts comme s’ils étaient filmés à grande vitesse. Cela ajoute une sorte de majesté, beaucoup plus visuelle, à l’ensemble.
Aviez-vous peur justement de la comparaison avec le générique original ?
Il y a forcément une attente de la part des fans, de ceux qui ont bien connu Signé Cat’s Eyes, qui cherchent ce qu’on a gardé et qui se posent beaucoup de questions. Mais ça n’a pas été une angoisse particulière ; je pense qu’on a réussi à faire quelque chose de moderne, qui respecte aussi une tradition d’animation. Et on était tellement portés par la production, qui nous a fait confiance et qui était tellement enchantée et enthousiaste à chaque fois qu’on envoyait une nouvelle version.
Ce n’est pas toujours le cas. Il faut dire qu’il y a beaucoup d’intervenants dans la construction d’une série : la chaîne, les créateurs… Ce n’est pas évident de rassembler tout le monde : chacun valide les choses à son rythme, mais tout le monde n’est pas forcément investi dans la création au même moment. Là, tout s’est vraiment déroulé dans une fluidité parfaite.
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