L’affaire n’aura pas trainé. Fursan al-Aqsa: The Knights of the Al-Aqsa Mosque n’est désormais plus accessible depuis la France, lorsque l’on veut le trouver sur Steam. Que l’on tente d’accéder à la page du jeu vidéo avec le lien de la page produit ou bien via une recherche sur la plateforme, on une page d’erreur est dorénavant affichée.
« Une erreur est survenue lors du traitement de votre requête : cet article n’est pas disponible actuellement dans votre pays/région », est-il indiqué sur Steam, en lieu et place du titre développé depuis 2022 par Nidal Nijm Games, un studio indépendant qui ne compte dans ses rangs qu’un unique développeur, basé au Brésil.
Sur X (ex-Twitter), le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau s’est félicité de ce retrait. « Le lien de téléchargement du jeu vidéo faisant l’apologie du terrorisme en glorifiant les attaques du 7 octobre a bien été désactivé après le signalement fait par le ministère de l’Intérieur », lit-on ce 5 décembre dans le message, qui inclut curieusement le lien vers Steam.
Le 3 décembre, le ministre avait annoncé la mobilisation de ses services en vue d’obtenir le blocage de Fursan al-Aqsa: The Knights of the Al-Aqsa Mosque en France — d’autres pays ont déjà fait de même, notamment le Royaume-Uni, l’Australie et l’Allemagne. Un signalement a été fait à la justice, un autre à Pharos, pour apologie du terrorisme.
Le blocage au niveau français ne signifie pas son retrait de Steam. Pour d’autres régions du monde, Fursan al-Aqsa reste accessible à l’achat. Dès lors, des internautes français qui sauraient modifier les réglages DNS de leur PC ou qui utiliseraient un VPN situé à l’étranger sont susceptibles de retrouver la page normale du jeu.
Accusation d’apologie du terrorisme
Longtemps autorisé, Fursan al-Aqsa s’est retrouvé accusé d’apologie du terrorisme après une mise à jour survenue en novembre 2024. Appelée « Fursan al-Aqsa Remake – Operation Toofan al-Aqsa Update », elle s’est avérée être très inspirée des attaques du 7 octobre 2023 organisée par le Hamas sur le territoire israélien.
Cet assaut a entraîné la mort de 1 200 personnes ainsi que la capture de 250 otages. Il a également constitué le point de départ de la guerre Israël-Hamas qui a ravagé la bande de Gaza. Le jeu a effectué une relecture de ces évènements, toutefois en excluant la possibilité de tuer des civils. Seuls des militaires sont tuables, selon le studio.
La page produit du jeu vidéo comportait plusieurs précautions oratoires pour affirmer qu’il ne s’agissait ni d’un jeu antisémite ni d’un appel à la haine contre les juifs. « Il s’agit d’un message de protestation contre l’occupation militaire israélienne des terres palestiniennes », était-il indiqué. Mais cette mise à jour-là semble avoir été la mise à jour de trop.
Sur X, le développeur du jeu a eu vent de l’initiative française et a réagi vertement. « L’impérialisme français qui a tué environ 3 millions d’Algériens, demande maintenant de censurer et d’interdire mon jeu en France », a-t-il écrit le 5 décembre, ajoutant que son titre indépendant est « devenu une cause politique mondiale. »
Un jeu jusqu’à présent ignoré de tous
Une cause politique qui était cependant restée très confidentielle jusqu’à présent. Sur le site SteamDB, le jeu n’a jamais dépassé la vingtaine de joueurs depuis son lancement en novembre 2022. Ces statistiques ont toutefois connu une hausse récente, en raison de la couverture médiatique qui a attiré les curiosités.
Une hausse récente, quoique encore assez anecdotique. Depuis novembre 2024, le nombre de joueurs est monté à 20 puis 25 en ce début du mois de décembre. On ne peut pas dire que c’est un tsunami, même si on pouvait y lire de nombreux messages de soutien, sur Steam et ailleurs. En clair, il n’y a pas toujours eu un acte d’achat derrière.
Cette hausse se poursuivra peut-être dans les jours et les semaines à venir, en raison d’un phénomène Internet bien connu, appelé l’effet Streisand. En l’espèce, la tentative de censure pourrait paradoxalement être bien plus bénéfique au jeu, en termes de visibilité, que s’il était resté accessible, mais ignoré de tous.
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