Chaque samedi, c’est la compilation de l’actualité de la propriété intellectuelle et de ses dérives, concoctée par Lionel Maurel et Thomas Fourmeux.

Cette semaine le Copyright Madness revient sur la Russie qui arrête la contrefaçon en optant pour la manière (très) forte, Getty Image qui revendique des droits sur une photo du domaine public ou encore un brevet de pied de Disney. Bonne lecture, et à la semaine prochaine !

Copyright Madness

Trumperie ! La campagne présidentielle américaine est en train de sombrer dans le Copyright Madness… La semaine dernière, Melania Trump, l’épouse du candidat républicain, a été accusée (à raison) d’avoir plagié de larges extraits d’un discours de Michelle Obama, lors de la convention du parti. Cette semaine, c’est au tour d’un des fils de Donald Trump de reprocher à Barack Obama d’avoir copié la phrase « This is not the America I know », qu’il revendique avoir prononcée une semaine auparavant. Sauf que Barack Obama avait déjà visiblement utilisée cette phrase dans un discours de… 2001 ! Tel est pris à plagier celui qui criait au plagiat ! ;-)

Riposte pas graduée. La loi sur le droit d’auteur en Russie s’est considérablement durcie en Russie ces dernières années. On commence à en voir les effets désastreux aujourd’hui. Le site story-media.ru a été traîné en justice pour avoir recopié un article paru sur un autre site d’informations. Comme le lui permet la loi, le juge saisi de l’affaire n’a pas fait dans la dentelle : il a ordonné le blocage de la totalité du site. Une page qui pose un problème ? Boum ! L’ensemble du site disparaît… On ose à peine imaginer les dérives potentielles d’une telle arme de destruction massive de sites internet au pays de Vladimir Poutine…

Tu veux ma photo ? Les trolls de la propriété intellectuelle n’ont pas froid aux yeux et sont capables de tout. C’est ce que révèle la dérive qui met en scène la plateforme de photos Getty Image, qui s’est brûlée à force de jouer avec le feu. En effet, Getty avait envoyé ses robots parcourir le web pour tenter de débusquer la moindre utilisation frauduleuse de ses contenus. C’est ainsi qu’elle a remarqué que la photographe Carol Highsmith avait réutilisé une photo sans payer de licence. Getty l’en informe et lui réclame de payer 120 dollars pour réparer cet acte de contrefaçon. Or il s’avère que Carol Highsmith est bel et bien la propriétaire de la photo concernée puisque c’est elle qui l’a prise ! La folie va encore plus puisque la photographe a donné corps au concept de domaine public volontaire en libérant ce cliché et en le versant à la Bibliothèque du Congrès. Après avoir essayé de raisonner Getty et lui faire comprendre que la plateforme réalisait un acte de copyfraud, elle en a eu assez et réclame des réparations pour toutes les images que Getty a volé. D’après son avocat, la facture pourrait s’élever à un 1 milliard de dollars ! Espérons qu’un juge donne raison à Carol Highsmith !

Trademark Madness

En famille. Un certain nombre de brouilles familiales finissent par dégénérer en dérives de la propriété intellectuelle. On en a encore une belle illustration cette semaine avec ces Américains qui se déchirent à propos du nom d’un restaurant. La mère qui tient plusieurs restaurants « Sweetie Pie » à Saint-Louis vient d’attaquer son propre fils en justice pour avoir réutilisé le même nom pour ouvrir son propre restaurant en Californie. Il y a quelques temps, tout ce beau monde a fait l’objet d’une émission de téléréalité qui leur a visiblement un peu fait tourner la tête. On espère qu’ils finiront par se réconcilier autour d’un bon repas de famille…

Médaille d’or. Les Jeux Olympiques de Rio débutent début août. On avait ouvert les paris pour deviner les dérives qu’allait nous réserver le CIO réputé pour être très à cheval sur les marques qu’il détient. Et on doit reconnaître que ça atteint des sommets. On appris que sa branche américaine a menacé de poursuites les sponsors qui utilisaient les hashtags #RIO2016 et #TeamUSA. Le comité les accuse de vol de propriété intellectuelle pour la seule et bonne raison que ces sponsors qui soutiennent les athlètes n’ont pas de partenariat commercial avec le comité olympique. C’est complétement hallucinant de voir que le comité olympique américain considère posséder des mots-clés et vouloir en faire des marques. Peut-être que Twitter considérera que les hashtags lui appartiennent…

Patent Madness

Combo ! Aux États-Unis, le problème des Patent Trolls devient si important que des initiatives se montent pour les combattre. Une coalition s’est ainsi constituée pour essayer de mettre hors d’état de nuire trois des pires Patent Trolls qui sévissent sur le territoire américain. L’un d’eux, la société Uniloc, est vraiment fantastique : elle prétend détenir depuis 2007 un brevet sur les DRM, ces verrous numériques utilisés pour empêcher la copie des œuvres. Or ce brevet est visiblement bidon, étant donné que des travaux sur les DRM avaient déjà été publiés dès le début des années 2000. C’est quand même un superbe combo d’avoir osé déposer un brevet sur les DRM… Si Uniloc avait en plus enregistré une marque « DRM », il aurait réussi le Grand Chelem !

C’est le pied ! On connaissait déjà la reconnaissance faciale, qui soulève de nombreux problèmes de violation de la vie privée. Mais Disney vient de déposer un brevet sur une technologie encore plus fascinante : la reconnaissance… des pieds ! Grâce à des capteurs discrets implantés dans le sol de ses parcs d’attraction, Disney annonce pouvoir suivre les déplacements des visiteurs, en les identifiant grâce à la forme des semelles. Le système serait capable de reconnaître la marque des chaussures, les traces d’usure et même de savoir si un chewing-gum est collé sous vos pieds ! Un tel délire orwellien méritait bien un brevet…

Le Copyright Madness vous est offert par :

Lionel Maurel

Thomas Fourmeux

Merci à tous ceux qui nous aident à réaliser cette chronique, publiée sous licence Creative Commons Zéro, notamment en nous signalant des cas de dérives sur Twitter avec le hashtag #CopyrightMadness !

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