Déjà deux saisons pour la série animée de Netflix sortie discrètement en 2014. Pour cette troisième itération des aventures hippiques de Bojack, les blagues s’affinent, le drame se prolonge et l’absurdité règne, maîtresse des illusions d’Hollywoo.

Bojack Horseman a été diffusé assez discrètement sur Netflix à l’été 2014. Sans avoir recours aux publicités que le service de SVoD paye pour ses séries phares, la série animée s’est malgré tout fait une place dans nos cœurs et dans celui des spectateurs du monde entier.

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Immédiatement reconnaissable par ses tons pastels et ses personnages anthropomorphes, Bojack Horseman détonne sur nos petits écrans. Dès sa première saison, le ton satirique et désespéré de la série la plaçait dans une catégorie que l’on aime tant : les dessins animés pour adultes. Tantôt cruel et sombre, parfois lumineux et idiot, Bojack oscillait entre les genres. Du très amer au complètement cocasse, la série tentait une approche singulière de son sujet… la célébrité.

Une série pas drôle du tout

Ne fuyez pas, bien sûr que Bojack Horseman est hilarant. En revanche, enlevez à la série son ingéniosité artistique et ses running gags et vous trouverez un scénario sur lequel le cinéma dramatique ne cracherait pas. Si bien que l’on s’est surpris, lors de la première saison, à comparer la trame et le personnage équestre à d’illustres anti-héros du cinéma. Flegmatique, dépressif et philosophe, le cheval porte sur ses épaules le drame de la condition humaine, façon La Nausée

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Mais conjugué à son milieu naturel — Hollywoo — les paillettes et ses télé-réalités, le show ne gagne pas non plus en optimisme, bien au contraire. La critique sociale et culturelle est là, entre deux grosses blagues potaches. Ici, les chaines d’informations qui n’informent pas, là la cruauté des hommes avec les animaux — un végé-sujet rondement mené — ; mais également l’autodestruction, la drogue, l’amour qui ne supporte pas le réel, et le réel qui ne supporte ni l’amour, ni même la réussite.

Bojack Horseman est, en somme, une illustration de la loi de Murphy dans toutes ses narrations : Tout ce qui est susceptible de mal tourner, tournera nécessairement mal. Et même lorsque le héros atteint son objectif, c’est ce dernier qui une fois acquis, se délite dans les mains de Bojack.

Tout le propos de Bojack est là, saisi dans dans sa nonchalance, ses excentricités visuelles et ce dégoût, immuable, pour la vie.

« La ferme Todd ! »

Là où les saisons un et deux ne trouvaient pas nécessairement l’équilibre entre drame et humour, la saison trois innove et rééquilibre son ton. Dans cette troisième itération où Bojack l’ex-acteur démodé revient dans les cœurs, les blagues sont plus élégantes, plus méta mais également plus visuelles. La série demande une attention de chaque instant, pour percer, déceler et saisir les trésors d’inventivité cachés dans chaque épisode. Des crypto-références au comique de situation maîtrisé et enrichi par les anthropomorphismes, l’aquarelle satirique de Bojack s’attache à tous les sujets, tous les objets. Le rire est parfois intelligent, souvent grotesque, mais toujours sincère.

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Et cette troisième saison innove dans ses procédés narratifs. Le scénario s’intéresse d’avantage aux personnages secondaires, les décors évoluent et le monde fantasmé qui tient place dans la série s’étend et se définit. En réalité, cette fournée 2016 évoque un début de cosmogonie, les personnages mi-animaux mi-humains ne sont plus là par hasard :  ils répondent à la logique comique et cosmique d’un monde bien défini.

Si bien que l’univers ne forme plus qu’un avec lui même, emmenant le spectateur au-delà des frontières que le show avait établies jusque là. Avec un renforcement narratif et humoristique, la série arrive à maturité et s’ouvre vers de nouveaux ressorts comiques. Il en résulte en fin de compte une très bonne saison 3 qui doit inviter ceux qui ont manqué à l’appel des deux premières saisons, à reprendre depuis le début une histoire qui ne finira pas bien.

Netflix a déjà annoncé la production d’une quatrième saison, prévue pour l’été prochain. Bojack Horseman, la série discrète du service est finalement en train de gagner la place qui lui est due.

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Le verdict

BoJack Horseman Season 3 premiering on Netflix on July 22, 2016. The series stars Will Arnett, Aaron Paul and Amy Sedaris. (Photo Netflix)
10/10

Bojack Horseman

Netflix poursuit sa réussite singulière avec Bojack Horseman. Et s'offre là une série qui sort du lot et se singularise dans le catalogue du géant américain. Que l'on vienne pour la mélancolie ou les gros gags potaches, on finit toujours pas trouver un moment de grâce pendant cette troisième saison.

L'occasion idéale pour rattraper ou poursuivre l'aventure hippique du cheval-star. Jolie, la série ravira les amateurs des belles animations. Néanmoins, on déconseille de la regarder en famille, à moins de vouloir précipiter certaines discussions avec vos enfants. 

Source : Montage Numerama

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