Après trois ans d’attente, les fans de Squid Game vont enfin obtenir leur récompense : une saison 2, qui contiendra seulement 7 épisodes et dont la sortie est prévue sur Netflix pour le 26 décembre 2024. Un drôle de timing pour cette série coréenne sanglante, qui revient bousculer nos fêtes de fin d’année, avec un propos toujours acerbe sur le capitalisme et de nouveaux personnages.
Parmi eux, se trouve Hyun-ju, une femme transgenre participant aux jeux pour financer sa transition, sous le numéro 120. Problème : cette dernière est interprétée par Park Sung-hoon (vu dans The Glory), un acteur cisgenre. Une décision problématique, qui invisibilise à nouveau les personnes concernées, mais qui possède pourtant de solides justifications de la part de Hwang Dong-hyuk, le créateur de Squid Game.
Un personnage créé pour « sensibiliser l’opinion publique »
Dans une interview accordée à plusieurs médias américains, dont Gizmodo, Hwang Dong-hyuk a ainsi évoqué le premier personnage trans de la série coréenne la plus populaire au monde : « Les personnes qui participent aux jeux de Squid Game sont généralement marginalisées ou négligées par la société. Et je ne parle pas seulement d’un point de vue financier, mais aussi de groupes mis au ban de la société. »
Il a alors cité l’exemple d’Ali, protagoniste clé de la saison 1 : « Il incarnait un étranger travaillant en Corée, à savoir l’une des plus grandes minorités dans le pays. Actuellement, malheureusement, dans la société coréenne, les minorités de genres sont des groupes qui ne sont pas non plus acceptés et qui sont vus comme vivant largement en dehors des normes. Je voulais donc créer un personnage qui puisse représenter cela. »
Le showrunner a reconnu que la vie des personnes trans s’était améliorée ces derniers temps, en Corée du Sud, mais que le chemin à parcourir reste encore long. Il espère ainsi qu’en créant une héroïne comme Hyun-ju, en mettant en scène « ses choix, ses actions et la façon dont elle se porte seule tout au long du jeu », cela puisse « sensibiliser l’opinion publique à ces problématiques auxquelles nous faisons face aujourd’hui ».
L’impossibilité de trouver une actrice coréenne trans
Et si Hwang Dong-hyuk souhaitait absolument intégrer Hyun-ju à l’histoire de la saison 2, il a justement dû se confronter à la réalité de son pays concernant le choix de son interprète. Il faut dire qu’en Corée du Sud, les questions LGBTQIA+ restent encore très délicates : le mariage pour tous n’est pas encore légalisé, par exemple.
La recherche d’une comédienne trans a donc été plus complexe que prévu pour les équipes de Squid Game, comme le raconte Hwang Dong-hyuk auprès de TV Guide : « Dès l’instant où j’ai commencé à créer le personnage de Hyun-ju, je savais que des discussions sur le sujet allaient émerger. Au départ, je pensais vraiment engager une actrice trans. Mais lorsque nous avons commencé nos recherches en Corée, nous avons vite réalisé qu’il n’existe quasiment aucun acteur ouvertement trans, encore moins gay, parce que, malheureusement, la communauté LGBTQIA+ est encore marginalisée et laissée à l’abandon dans nos sociétés, ce qui me brise le cœur. Il était presque impossible de trouver quelqu’un d’authentique pour le casting. »
Le choix s’est donc finalement porté sur le comédien cisgenre Park Sung-hoon, en qui Hwang Dong-hyuk a une « confiance totale pour être la bonne personne, en termes de talent, pour interpréter Hyun-ju ». Si l’on peut évidemment regretter cette décision finale, il faut tout de même reconnaître que les réponses du showrunner sont parfaitement cohérentes.
C’est une problématique de longue date en Corée du Sud. Le drama Itaewon Class, qui date de 2020, était déjà une petite révolution en intégrant une femme transgenre parmi les personnages principaux. L’héroïne (censée avoir déjà transitionnée) était incarnée par l’actrice Lee Joo-young, une femme cisgenre.
Engager une comédienne trans ne possède pas les mêmes conséquences aux États-Unis, où ce choix est désormais de plus en plus privilégié, après des années de castings problématiques, ou en Corée du Sud, où les coming-out sont beaucoup plus complexes. Il nous reste donc à saluer l’audace d’intégrer un personnage trans de premier plan dans une série internationale aussi populaire, et à espérer que son écriture narrative soit à la hauteur des enjeux qui l’entourent.
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