Certains et certaines journalistes de la rédaction de Numerama vous proposent leurs films favoris de 2024 dans cette sélection de fin d’année concoctée avec affection. On se doit tout de même de faire une mention spéciale au Comte de Monte-Cristo, absent de ce guide par les aléas des goûts personnels, mais qui aura clairement marqué le cinéma français cette année.
Le Robot sauvage (Salammbô)
Chaque année, un petit bijou d’animation prend mon cœur en otage le temps d’un conte magique, qui me laisse généralement des larmes plein les yeux et la sensation d’avoir vécu une aventure bourrée d’amour pour l’humanité. Depuis Klaus en 2019 jusqu’à Nimona en 2023, les exemples ne manquent pas. Mais en 2024, c’est un petit être mécanique qui a décidé de chambouler ma vie : Le Robot sauvage.
On y rencontre ainsi Roz, une héroïne à mi-chemin entre Wall-E et Baymax, qui doit apprendre à s’adapter à un environnement inattendu : une île déserte peuplée d’animaux. Lorsqu’elle adopte un petit bébé oie, son existence va évidemment être totalement bouleversée (et la nôtre avec). Adaptée du roman de Peter Brown, Le Robot sauvage est une petite pépite qui nous submerge de bienveillance, d’espoir et d’un propos écologique d’une tendresse infinie, nous offrant un peu de douceur bien méritée, en cette fin d’année compliquée. Cadeau bonus : en VO, vous pourrez profiter des voix exquises de Pedro Pascal (The Last of Us) et de Kit Connor (Heartstopper).
Civil War (Julien)
Il y a toujours quelque chose de troublant à voir un film que l’on pensait appartenir au départ à la catégorie de l’uchronie devenir finalement une sorte de film d’anticipation. Surtout quand le propos du long métrage ne prête absolument pas à sourire. C’est typiquement ce qui nous a saisi après avoir vu Civil War, d’Alex Garland, que l’on connaissait surtout pour son travail dans la science-fiction (Ex machina et Annihilation).
Parce que Civil War n’est pas un film qui est sorti dans une Amérique apaisée, qui accepte et supporte l’alternance politique, comme une démocratie fonctionnelle. C’est un film qui est arrivé après l’arrivée au pouvoir de Donald Trump, après le terrible assaut du Capitole, après une interrogation invraisemblable : est-ce que le président, vaincu dans les urnes par son rival, allait rendre le pouvoir calmement ?
En définitive, cela reste une production de bonne facture, qui a la bonne idée de ne jamais tout nous montrer (pour reproduire une certaine idée du brouillard de la guerre), malgré une vision fantasmée de la presse, des héros un peu archétypaux, et un final peut-être un peu facile dans sa symbolique (le renversement d’attitudes entre les deux femmes). On ne saura jamais quel impact aurait eu ce film dans d’autres circonstances. Mais on ne peut s’empêcher d’avoir un petit frisson à l’idée ce qu’il se passera en 2028.
Flow (Nino)
Que dire de cette merveille de l’animation ? Rempli de poésie, Flow nous emmène dans une paisible dystopie, un futur où les humains semblent avoir disparus. Après qu’un océan ait inondé l’entièreté de la terre, un adorable chat noir sans nom se retrouve coincé dans un bateau avec un capybara, un lémurien, un oiseau et un chien. Le temps d’un voyage, il leur faudra apprendre à dépasser la barrière de la différence et à vaincre leurs peurs pour survivre.
Flow est un film sans parole, c’est uniquement la musique et les onomatopées des animaux, les regards de ceux-ci, l’exceptionnelle musique et le bruit de la nature qui habillent ce récit. Mais plongé.e dans ces paysages magnifiques, vous n’aurez pas le temps de vous ennuyer une seule seconde. Un petit bijou qui m’a émue (aux larmes, j’avoue) du début à la fin, grâce son univers presque onirique qui résonne pourtant avec des problématiques bien réelles.
The Fall Guy (Bogdan)
L’art du blockbuster simple, original et sans prétention, qui promet un moment de joie, se perd avec le temps. Alors quand Hollywood parvient à nous pondre un film avec ces quatre ingrédients efficaces, échappant à l’éternel cycle des sequels, prequels et spin-offs, cela mérite d’être relevé.
À l’instar de Bullet Train en 2022, The Fall Guy est le film de 2024 qui reprend la recette bien connue du combat, de l’humour et la romance. Prévisible donc ? Oui, mais la formule fonctionne encore tant que l’humour n’est pas graveleux, que les scènes d’actions nous tiennent en haleine et évidemment, quand le casting est bien trouvé. Ryan Gosling est un excellent acteur de comédie, Emily Blunt est idéale pour l’action, et Aaron Taylor-Johnson continue d’être un vilain convaincant.
Le héros confirme encore une fois que le cascadeur est l’employé le plus badass du cinéma – souvenons-nous de Ryan Gosling dans Drive ou de Brad Pitt dans Once Upon a Time in Hollywood – et de surcroît, l’industrie tourne ici en dérision ses propres protagonistes. Se moquer de Tom Cruise et sa productrice relève presque d’un sacrilège dans ce milieu. Le 7ᵉ Mission Impossible n’a peut-être pas tenu ses promesses, mais les amateurs de film d’action trouveront ce dont ils ont besoin pour se vider l’esprit dans The Fall Guy.
La plus précieuse des marchandises (Hugo)
Un film d’animation indé sorti en novembre, qui file une métaphore sur l’Holocauste, l’antisémitisme et la Seconde Guerre mondiale. L’animation est simple, mais tout est magnifique dedans et c’est glacial.
Cette adaptation du conte de Jean-Claude Grumberg est réalisée par Michel Hazanavicius, dans un registre qu’on ne lui connaissait pas. Et pourtant, la réalisation est magistrale, à la fois glaciale (et pas seulement par le temps qu’il fait) et élégante. La plus précieuse des marchandises raconte l’Holocauste à travers un conte pour enfant, tout en métaphores bien trouvées. Au-delà d’être une formidable œuvre pour expliquer l’inexplicable aux plus jeunes, le film d’animation arrive à submerger tout le monde d’émotions.
Le tout avec une animation sobre, volontairement simpliste, pudique : comment représenter les détails de l’Horreur ? Impossible et La plus précieuse des marchandises ne s’y est pas risqué. Il n’y a que le nécessaire dans les dessins et dans leur animation, et c’est tant mieux (d’autant plus qu’ils sont magnifiques). La plus précieuse des marchandises est encore en salles, alors foncez le voir tant qu’il est encore temps.
Dune Partie II (Alfred)
J’ai tellement aimé le film que j’en ai parlé à mon entretien d’embauche à Numerama. Et me voilà, sept mois après, à le mettre comme mon coup de cœur de l’année ici.
Rarement un film m’avait décroché la mâchoire aussi longtemps. Sorti en mars 2024, Dune Partie II réussi à être meilleur que son prédécesseur (ce qui est un exploit, car j’avais adoré le premier). La musique ? Oui. La mise en scène ? Oui. Les acteurs ? Oui. Shai-Hulud ? Oui. Mais ce que je retiens surtout, c’est quelque chose d’assez dur à décrire. C’est la texture. Du son émis par les Harkonnens dans le désert, jusqu’au sable soulevé par les vers des sables, tout est texturé, sensoriel. Après 28 ans de cinéphilie, je suis heureux d’encore tomber sur un film qui me fait dire : « Ah ? On a le droit de faire ça au cinéma ? ». Fabuleux.
N’hésitez pas à aller lire notre critique du film.
Emilia Pérez (Nicolas)
Cette année, ce n’est pas un film de science-fiction qui m’a le plus marqué, mais Emilia Pérez. Cette comédie musicale originale, qui a été réalisée par un Français (Jacques Audiard), avec des acteurs américains (Zoé Saldaña, Selena Gomez), le tout en langue espagnole, est un pur ovni. Accrochez-vous avant de découvrir son scénario : Emilia Pérez raconte, au travers de chansons, l’histoire d’un narcotrafiquant mexicain qui déciderait de simuler sa mort et de changer de genre, afin de vivre la vie qu’il a toujours rêvée de mener. C’est ainsi que nait Emilia Pérez, une incroyable personnage jouée par la tout aussi incroyable Karla Sofía Gascón.
Je ne suis pas facile à surprendre, mais Emilia Pérez est pour moi un vrai chef d’œuvre. J’écoute encore sa bande originale plusieurs mois après, qui est aussi entraînante qu’amusante (avec des paroles aussi décalées que le scénario). Le film est diffusé par Netflix dans de nombreux pays, mais la France a préféré une sortie cinématographique, ce qui repousse sa sortie en streaming. Emilia Pérez est pour moi le film de 2024, puisqu’il est celui qui m’a le plus surpris.
Un petit truc en plus (Diane)
Il s’agit d’un film qui vous touche sans que vous ne vous en rendiez compte.
Drôle, vous souriez en le regardant; quelques éclats de rire s’échappent lorsque des situations humaines très proches du réel se déroulent à l’écran.
Et puis, vient le moment où le film se finit: vous sortez de la salle de cinéma ou vous éteignez votre télé, vous vous posez… Et c’est là que commence la vraie réflexion.
Vous vous rendez alors compte que le film a réussi son pari : prouver, simplement, comme une démonstration mathématique que les personnes atteintes d’un handicap ne sont pas vraiment différentes de tout un chacun. Touchant, ce film met en lumière des situations trop souvent invisibilisées et promeut une vraie tolérance.
Même si le film porte sur les personnes en situation de handicap, le personnage principal apporte aussi une réflexion sur d’autres thèmes en parallèle comme la loyauté dans la famille ou encore le fait d’exprimer sa sensibilité, un trait encore trop souvent mal considéré dans notre société.
En conclusion, une belle réussite pour le premier film du comédien Arthus.
La vie rêvée de Miss Fran (Marcus)
Si vous avez connu Daisy Ridley seulement dans Star Wars, son rôle dans La vie rêvée de Miss Fran pourra vous surprendre tant le registre est lointain — et c’est aussi ce que l’on peut apprécier avec ce tour de force de l’actrice. Il ne faut pas tant que cela se fier au titre poétique en français, celui en VO donne un autre ton : Sometimes I Think About Dying. Oui, c’est sombre.
L’héroïne, Fran Larsen, est une employée de bureau introvertie qui passe le plus clair de son temps loin des autres ; à rêver. Et à rêver de sa propre mort. Mais quand le pétillant Robert rejoint les rangs de l’entreprise, sa vie pourrait en être bouleversée.
La vie rêvée de Miss Fran est un film dur et doux, lent et pétillant, à mi-chemin entre la comédie romantique et le drame. C’est un long-métrage touchant sur la solitude et ses solutions.
Furiosa (Maxime)
Maxime était malheureusement malade lors de la préparation de ce guide, mais il nous a fait savoir que son coup de cœur était Mad Max : Furiosa. On n’en doute pas : dans sa critique du film, il le décrivait comme le meilleur film d’action depuis… Mad Max Fury Road. Un « revenge movie savoureux », écrivait-il.
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