Les enfants nourris aux 90’s ne s’y tromperont pas. Les références à Spielberg et son iconique E.T. abondent dans ce remake d’un classique Disney, Peter et Elliott le Dragon.
Du film de 1977 à celui de 2016, les deux œuvres ne partagent finalement que peu de choses. L’obsession de Walt pour les films en prises de vue réelles teintés de phases d’animation est ici remplacée par des prises de vues réelles sur lesquelles se sur-imprime l’animation de ce siècle, l’image de synthèse, qui intègre la magie du dragon à une réalité lissée.
Comme lorsque Disney convainc avec ses remakes de classiques en live-action, ce Peter et Elliott le Dragon est d’abord le fruit d’un gros travail de réécriture d’une histoire simple, mais avec le souci de garder son humilité. Il s’agit de représenter avec justesse l’amitié singulière et intense entre un jeune orphelin et une créature imaginaire.
Conte moral sur chanson folk
Peter et Elliott le Dragon est indéniablement une réussite. Le film est mené à bien de bout en bout par une équipe experte et attentive aux moindres détails. Rien n’est laissé au hasard dans ce conte jalonné d’épreuves et de messages hautement moralisateurs. Chaque scène est une petite prouesse esthétique dépaysante, comme on l’attend d’un film familial et estival. Tourné en Nouvelle Zélande, celui-ci nous plonge dans le mystère des forêts et de sa luxuriante abondance de tons émeraudes qui flattent le regard.
Le dragon grassouillet et bariolé de Walt Disney adopte ici une allure plus sobre de peluche démesurée dont la texture numérisée est une petite merveille. La créature, Elliott, pousse n’importe quel gamin des salles obscures à vouloir se jeter sur l’écran pour enlacer cet énorme dragon touffu aux airs de Sullivan de Monsters Inc. En cela, le pari numérique est réussi, tout comme celui du casting : Robert Redford donne une épaisseur nécessaire à la philosophie racoleuse du scénario un peu écolo et débordant d’humanisme gentillet. Quant au gamin choisi pour interpréter le touchant Peter, cela fonctionne parfaitement. En somme, on est face à un sans faute propret et délicat. Un Disney soigné comme on avait oublié que les studios pouvaient encore en produire.
Nostalgie en Hollywood
Le film d’abord pensé pour une audience familiale remplit son contrat. Les adultes attendris y verront les petits exercices moraux du scénario : peut-on réconcilier nature et civilisation ? Doit-on conserver sa morale transcendantale d’enfant ? L’imagination vaut-elle plus que l’âpreté de l’âge adulte ? Du côté des enfants, ils seront transportés des scènes parfois touchantes — les mouchoirs pourraient bien s’avérer utiles — jusqu’au gentil dénouement qui laisse un petit souffle d’optimisme dans les cœurs sensibles. Bien que tout cela soit d’une grande banalité lorsque l’on parle de classique Disney, on ne peut s’empêcher d’y voir une certaine nostalgie, une recette abandonnée à laquelle on redonne son éclat.
Certainement à cause d’un esthétisme qui emprunte aux codes 90’s des films Spielberg, et du perfectionnisme volontaire d’un film sans fausse note mais sans grande prise de risque non plus, les studios Disney rejouent une partition qui ne vieillit finalement pas tant que ça, en servant un long métrage élégant et émotionnellement maîtrisé, ce qui tranche avec Hollywood qui relance à volonté des classiques pour en faire des remakes cyniques.
Ce Peter et Elliott le Dragon fait facilement oublier un classique mal aimé et qui a franchement mal vieilli. Il rétablit les lettres de noblesse d’une histoire dont la morale tenait tant à Walt Disney. Le parfait film familial avant une rentrée des classes morose pour les jeunes de 2016 vivent dans un monde dans lequel continuer à croire aux créatures imaginaires n’est peut être pas si inutile…
Le verdict
Peter et Elliott le Dragon
Voir la ficheAilleurs dans la presse
- Télérama : « Voilà enfin une bonne surprise dans la catégorie classiques d’animation adaptés en prises de vues réelles »
- Le Monde : « Il aurait fallu qu’un peu de la liberté, de la sauvagerie vienne contaminer cette très bonne copie »
- Variety : « The dragon is by far the greatest innovation over the original »
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