Blade Runner se passait en 2019. Soleil Vert se passait en 2022. Quand les dates annoncées dans la science-fiction deviennent notre réalité, cela fait toujours bizarre. Alors que l’on vient d’entrer dans l’année 2025, le film Her est souvent considéré comme situé cette année-là. Cette œuvre de science-fiction de 2013, réalisée par Spike Jonze, avait remporté l’Oscar du Meilleur scénario original, en 2014.
Une histoire d’amour avec une IA
Theodore Twombly (Joaquin Phoenix) est écrivain public, il propose à ses clients des lettres sur mesure. Dans sa vie, il se sent plutôt seul, à tel point qu’il n’a toujours pas signé les papiers de son divorce, plus d’un an après sa séparation. Jusqu’au jour où il installe, sur son ordinateur, un nouveau système d’exploitation propulsé par une intelligence artificielle nouvelle génération. Cette IA conversationnelle, conçue pour évoluer constamment et apprendre, dispose d’une voix féminine (Scarlett Johansson) et d’un prénom, Samantha.
Peu à peu, Theodore entretient une relation toujours plus intime avec Samantha, et il finit par tomber amoureux. Elle aussi, semble-t-il, développe aussi des sentiments. La meilleure amie du héros (incarnée par Amy Adams) s’inquiète alors pour lui. Her relève d’une SF très intimiste. Le film questionne la nature de nos sentiments et adopte un point de vue philosophique sur la technologie.
Her n’est jamais précisément daté dans le film, mais l’histoire est censée se situer précisément entre 10 à 15 ans après la date de sortie — 2013. De fait, il est souvent admis que Her se situe au milieu de cette estimation (12,5 ans après), c’est-à-dire courant 2025.
À l’époque où Her sortait au cinéma, les IA étaient primitives et les chatbots parfaitement basiques. Depuis, ChatGPT, créé par OpenAI, est né et s’est popularisé. Les IA ne rejoignent toujours pas la représentation ultra-poussée qui en est faite dans les œuvres de SF. Un chatbot, même performant, ne peut pas avoir réellement de sentiments — ce sont des algorithmes que nous anthropomorphisons. Malgré tout, il est étrange qu’un film comme Her soit censé se situer en 2025… année où les IA génératives sont devenues si bien installées.
Sans compter que des apps comme Replika se sont également développées à grande échelle, en promettant de converser avec des chatbots présentés comme des ami(e)s ou des partenaires amoureux ; ce qui a conduit à des dérives toxiques.
Le conflit entre OpenAI et Scarlett Johansson
La comparaison entre Her et ChatGPT a pris une étrange tournure l’année dernière. Dans une vidéo de présentation postée par OpenAI en 2024, l’entreprise révèlait la première voix de l’intelligence artificielle. Celle-ci ressemblait à s’y méprendre à celle de Scarlett Johansson. Mais ce n’était pas réellement elle. Sauf que la ressemblance n’a pas plu à l’actrice, qui avait été initialement approchée par l’entreprise. « En septembre [2023], j’ai reçu une offre de Sam Altman, qui souhaitait m’embaucher pour être la voix de l’actuel système ChatGPT 4.0 », expliquait-elle. « Il a dit qu’il pensait que ma voix réconforterait les gens. » L’actrice avait alors décliné l’offre d’OpenAI.
Quand elle découvre que la voix baptisée Sky lui ressemble tellement, elle fait le lien : « Quand j’ai entendu la démo publiée, j’ai été choquée, en colère et incrédule que M. Altman ait mis au point une voix qui ressemblait si étrangement à la mienne que mes amis les plus proches et les médias ne pouvaient pas faire la différence (…). M. Altman a même insinué que la similitude était intentionnelle, en tweetant un seul mot, ‘her’. »
Face à ces déboires — l’actrice a fait appel à des conseillers juridiques –, OpenAI décide finalement de retirer cette voix.
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