Ajoutée au catalogue Netflix en août, la série Don’t trust the b… in apartement 23 a un titre trop long, une esthétique ridicule et une intrigue ultra-commune. Et pourtant, hilares du début à sa fin, nous crions notre amour désespéré pour une série assassinée par ABC.

Depuis le succès absolument phénoménal de Modern Family, ABC a instauré de nouveaux standards au soap familial. Sans public pour rire aux vannes, et avec de vrais décors, la comédie a pris une nouvelle liberté sur la chaîne américaine, créant un standard presque déjà éculé.

Or dans la galaxie ABC, on trouve au-delà la famille moderne la plus rentable d’Amérique d’autres prétendants au titre de série culte pour ménagères. En 2012 par exemple, la chaîne produisait GBC et Don’t Trust The B… in Apartment 23. Deux prétendants qui ont toutefois débouché sur deux échecs.

L’année des garces

La première série, dont le titre Good Christian Bitches a été changé en Good Christian Belles, a partagé un destin commun avec la seconde, en plus de reprendre un titre relativement grossier avec le fameux « b word  » : la déprogrammation irrévocable des deux shows. 2012 était l’année des garces pour ABC, mais leur état de grâce n’aura guère duré.

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Le résultat de cette déprogrammation sur Don’t Trust The B… sera de terminer dans l’anonymat le plus total. La chaîne américaine qui a produit les deux saisons a en effet fini par diffuser les épisodes à n’importe quelle heure, faute d’audience. ABC a regretté sa commande et a saboté complètement sa diffusion, ce qui est toujours déplorable pour une série pourtant inspirée. Car si le show ne brille pas par son originalité — tout y est particulièrement attendu et ringard –, il est hilarant, et c’est suffisamment rare pour que cet aspect soit retenu.

Derrière une écriture aussi délicate que provocatrice, on retrouve Nahnatchka Khan qui a fait ses armes dans le politiquement incorrect en travaillant sur American Dad. Malgré une œuvre poussive et laide, la plume incorrigible de la scénariste apporte une respiration et une certaine fulgurance aux aventures de Chloé — interprétée par l’excellente Krysten Ritter — qui s’illustre désormais dans la série Jessica Jones — et June.

Le soap déchu

L’intrigue, entre Unbreakable Kimmy Schmidt et New Girl, installe deux personnages opposés dans un appartement — la colocation est vraiment un motif inépuisable pour le soap — dans l’unique but de les faire survivre à la vie sauvage de New York.

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D’un côté on trouve June, ingénue provinciale de l’Indiana, toujours habile pour donner la réplique à Chloé, égocentrique notoire et manipulatrice devant l’éternel. Chaque épisode est construit autour de leur affrontement sur une question morale ou sentimentale : l’une déploie son discours attendu et chrétien d’idiote heureuse, l’autre se prend pour Nietzsche et désole sa colocataire à coup de démonstration cynique de la méchanceté du monde. Ne rêvez pas, ça ne va pas plus loin intellectuellement. Néanmoins, cette opposition naturelle trouve son équilibre comique et nous tient pendant les deux saisons d’un show qui sait se montrer drôle.

Si la performance de Krysten Ritter dépasse le casting de la tête et des épaules, donnant au passage une véritable densité cynique à son personnage qu’il eut été pourtant facile de caricaturer, la présence de James Van Der Beek tout du long de la série égaye également les scènes. L’acteur de Dawson joue-là son propre rôle en reprenant l’antédiluvien discours de la star déchue jouant son propre rôle dans une série. Mais là où Don’t Trust The B… capte notre intérêt, c’est grâce à cette écriture acérée, qui provoque l’absurde jusqu’à l’épuiser.

960

En fin de compte, nous tirons peu de leçons d’une comédie bien légère, dont les principales qualités demeurent son écriture et son interprétation. Mais lorsque celles-ci permettent d’oublier l’ennui des décors, des personnages secondaires et de l’intrigue, on finit par accepter de regarder un soap qui n’a d’autre ambition que d’en être un. Aussi savoure-t-on d’autant plus la série sur Netflix, qui propose depuis août les deux uniques saisons du show, que ABC a tant voulu faire oublier. Rien que pour ça, cela vaut le coup. Plaisir coupable.

En revanche, Netflix n’a pas changé l’ordre de diffusion de la chaîne américaine. Faites donc attention à l’enchaînement des épisodes qui n’a strictement aucun sens. Ainsi, la première saison se mêle sans aucune raison à la saison deux.

https://twitter.com/le_luk/status/762212844968501248

Le verdict

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6/10

Don't trust the b... in apartment 23

Don't trust a la chance d'arriver dans le catalogue Netflix en plein été. Plus enclin à la galéjade, on se laisse porter par les répliques cinglantes ou absurdes d'un soap plus malicieux qu'il ne parait. On oublie rapidement ses défauts et ses personnages secondaires, pour se concentrer sur l'essentiel, les dialogues, les grimaces, enfin le jeu. 

On retrouve ainsi un le plaisir suranné des soaps de l'adolescence et en 2016, on a toujours le droit de regarder une série sans exiger d'elle ni ambition, ni spectacle. En somme, Don't trust the b... méritait peut-être sa déprogrammation d'ABC. Mais elle mérite d'être regardée ailleurs.

Source : Montage Numerama

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