Pour la première fois de son histoire, Nintendo attache le chiffre « 2 » à sa nouvelle console. Une clarté inédite pour appuyer le fait que la Switch 2 symbolise une continuité évidente. Nintendo a pourtant habitué le public à la rupture.

La courte présentation de la Switch 2, sortie sans tambours ni trompettes via une vidéo sur YouTube, et en l’absence d’un quelconque teaser ou rendez-vous préalable, a confirmé tout ce qu’on savait déjà de la console de Nintendo. On aurait pu feindre l’étonnement, mais la firme nippone a choisi l’évidence, sinon la raison : la Switch 2 est l’héritière directe de la Switch, avec cette même logique hybride qui séduit depuis 2017.

A-t-on malgré tout le droit d’être déçu ? Nintendo peut-il être prévisible à ce point ? Ces deux questions appuient un point sensible pour les plus passionnés des fans. Alors que Nintendo a toujours trouvé un truc pour créer la rupture, la Switch 2 est ennuyante, car cette fois elle ne réinvente rien. La révélation sans éclat accentue ce sentiment. Pour une impression saisissante, on repassera. Il faudra attendre le 2 avril, date choisie pour un événement plus complet, avant d’être émerveillé.

Nintendo Switch 2 // Source : Nintendo
La Nintendo Switch 2. // Source : Nintendo

La Switch 2 n’invente rien, et alors ?

Oui, on peut être frustré face au manque de nouveautés apparent de cette Switch 2, qui aurait pu s’appeler cyniquement la Switch Pro. Nintendo loupe en plus l’occasion d’un clin d’œil à son passé, en jouant sur un nom comme Switch Advance ou Super Switch. Trop près de son argent, Nintendo ne cherche même plus à être audacieux dans le marketing, s’en remettant à la célèbre formule : on ne change pas une équipe qui gagne.

Et la formule de la Nintendo Switch, Dieu sait qu’elle marche du tonnerre : plus de 146 millions d’exemplaires vendus, un chiffre qui se trouve à portée du record absolu, détenu par la PlayStation 2 (récemment revalorisée à 160 millions, comme pour remettre de la distance avec la Switch).

La Switch est la deuxième console la plus vendue de l’histoire de Nintendo, derrière la DS. Dès lors, pourquoi revenir avec un concept original, mais casse-gueule ? On rappelle que le constructeur s’est copieusement vautré avec la Wii U (elle n’a même pas atteint les 14 millions de ventes), car il n’a pas su expliquer les différences avec la Wii. Entre la Switch et la Switch 2, les évolutions sautent aux yeux sans même jouer.

Avis sur la Nintendo Switch 2 // Source : Capture X (ex-Twitter)
Un avis sur la Nintendo Switch 2. // Source : Capture X (ex-Twitter)

Nintendo est donc dans son droit le plus légitime. Assurer la continuité de la Switch (avec la rétrocompatibilité en prime), jusqu’à choisir un nom simple et sans confusion possible, est synonyme de succès quasi immédiat. D’autant que la Switch 2 devrait être commercialisée avec un nouveau Mario Kart. Là encore, c’est un choix d’un pragmatisme effarant : Mario Kart 8 Deluxe, naguère jeu de la Wii U, est la meilleure vente de la Switch, avec près de 65 millions de copies écoulées. On vous laisse faire l’addition : Switch 2 + Mario Kart (9 ?) = machine à cash. Tant pis pour celles et ceux qui espéraient un nouveau Mario 3D, voire un nouveau Zelda. Un Mario Kart 9 est à la fois le pire et le meilleur jeu de lancement.

Avis sur la Nintendo Switch 2 // Source : Capture X (ex-Twitter)
Avis sur la Nintendo Switch 2 // Source : Capture X (ex-Twitter)

Reste que les gimmicks inventés par Nintendo ont mal ou n’ont pas survécu à l’épreuve du temps. Le double écran de la DS, avec gameplay asymétrique ? Il est mort avec la Wii U. La 3D stéréoscopique de la 3DS ? Beaucoup la désactivaient en jouant, tant l’intérêt était dérisoire. Le motion gaming de la Wii ? Il tente de survivre maladroitement grâce au gyroscope des Joy-Con, mais même le portage Switch de The Legend of Zelda; Skyward Sword, jeu pensé pour, offre un schéma de contrôles classiques.

On vous passe les autres idées — parfois géniales — restées sans suite. L’innovation pour l’innovation ne sert à rien si elle ne s’inscrit pas sur le long terme. Avec la Switch 2, Nintendo fait durer son séduisant concept hybride, qui a inspiré tout un segment lié au monde du PC (Steam Deck, Asus Rog Ally…).

Il ne reste finalement qu’un point à confirmer : la puissance de la Switch 2. Sera-t-elle suffisante pour compenser la déception vue çà et là ? Après tout, c’est le positionnement de Sony depuis la première PlayStation : à chaque génération, la firme nippone s’est assurée d’offrir un gap graphique marqué pour donner envie de passer à la caisse — on est d’abord attiré par ce que l’on voit. Si Nintendo ne veut plus vendre avec un concept hardware fort, alors il doit s’en remettre à autre chose. La puissance, susceptible d’assurer de jolis graphismes et une bonne assise technique, est le gagne-pain des autres depuis des décennies. Sans faire aucune différence ailleurs, Nintendo va devoir raccrocher ce wagon à son tour.

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