Cette fois-ci, c’est la bonne ! Après deux reports aussi inédits qu’inattendus, le prochain Assassin’s Creed est enfin sorti de l’ombre pour se laisser longuement découvrir en amont de sa sortie désormais fixée au 20 mars prochain. On a ainsi pu passer quatre heures dans le Japon féodal d‘Assassin’s Creed Shadows, le temps de découvrir l’amorce du jeu avant de plonger dans un premier long segment menant à l’exécution très sanglante d’une cible principale.

Un peu mystérieux, avec une forte emphase sur la narration tout en réussissant à plonger assez vite dans l’action, le bout de prologue d’Assassin’s Creed Shadows découvert soufflait le chaud et le froid. Bizarrement séquencé et rapidement écourté pour nous jeter dans le vif du sujet, il faisait surtout figure de mise en bouche pour nous immerger dans ce Japon de la fin de la période Sengoku, marquée par de violentes guerres de clans.

C’est dans ce contexte politique sanguinolent que les deux protagonistes d’Assassin’s Creed Shadows, une shinobi et un samouraï, vont avoir un rôle très actif à jouer, tout en s’intéressant à un drôle de MacGuffin qui nous rappelle que le lore mystico-complotiste d’Assassin’s Creed aura toute sa place dans ce nouvel épisode.

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Un contexte politique fort // Source : Ubisoft

Shinobi or not to be, voilà le credo d’Assassin’s Creed Shadows

Mais soyons honnête, ce qui nous intéressait vraiment avec ce premier contact, c’est la découverte d’un premier pan de cet open world japonais dont on rêve quasiment depuis 2007 — et la scène finale du premier épisode qui préfigurait mille et une aventures aux quatre coins du globe et de l’Histoire. De ce point de vue, il n’y a pas à tergiverser : Assassin’s Creed Shadows assure le spectacle.

Assassin’s Creed Shadows assure le spectacle

Porté par une version largement remaniée de son historique moteur Anvil, cet épisode saisit immédiatement par la sensation de vie qui se dégage de ses décors, tout particulièrement grâce à son étonnant travail sur les lumières dynamiques et les conditions climatiques qui créent des ambiances visuelles uniques, tout en renforçant la crédibilité de ce qui s’offre à nos yeux. L’échelle des décors, elle aussi, participe à cette sensation de réalisme en s’approchant de proportions réelles qui renforcent le gigantisme des temples et forteresses. Ce constat exacerbe alors le plaisir de les explorer avec la vivacité d’un félin.

Et avec un perso comme Naoe entre les mains, c’est évidemment un plaisir que l’on n’a pas boudé ! La shinobi, légère et athlétique, se déplace en effet avec une grâce et une vitesse que ses prédécesseurs doivent lui envier. Même le svelte Arno d’Assassin’s Creed Unity, jusqu’alors champion incontesté du Parkour au sein de la série, risque de se faire chiper sa couronne par la jeune Japonaise. Elle peut en plus compter sur un grappin efficace (mais pas trop abusif) pour escalader murets, tours et bâtiments dans des chorégraphies où s’invitent pirouettes et saltos.

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Miser sur l’infiltration en plein jour, sans doute pas la meilleure des idées // Source : Ubisoft

Cette ébouriffante vivacité, Naoe la met au profit de la discrétion, plus à sa place que jamais dans cet épisode. Oui, c’est reparti pour de l’infiltration de camps, de bastions, de forteresses et de temples, mais avec une panoplie de mouvements, d’outils et des configurations de lieux qui promettent d’ajouter encore de la profondeur à cette facette bien connue du gameplay de la série. Là aussi, la gestion dynamique de la lumière joue un rôle bienvenu. À l’image de son cousin Splinter Cell, cet épisode fait des ténèbres notre meilleur allié lors de ces séquences de jeu. Comme tout bon shinobi, Naoe sera plus efficace la nuit et peut surtout éteindre tout ce que les décors comptent de lanternes et de bougies (en passant à côté où à coups de shuriken) pour surprendre ensuite ses cibles désemparées.

Il faudra bien cela face à des gardes qui ont l’air un peu plus finauds et tenaces qu’auparavant. Ils réagissent en tout cas de manière moins monolithique. Ainsi, l’alerte générale n’est pas systématiquement donnée au moindre faux pas et ils ont tendance à enquêter par petits groupes, de sorte que les diversions soient plus faciles à tenter. L’autre élément qui renforce le challenge, c’est l’affaiblissement de la célèbre vision d’aigle. Elle permet toujours de détecter les menaces proches et de les marquer, mais elles ne sont signalées ensuite que par une simple flèche blanche, bien discrète. Il faut donc redoubler de prudence et rester constamment sur le qui-vive pour éviter les mauvaises surprises. Je parle d’expérience…

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Yasuke démarre son aventure au Japon aux côtés du sanguinaire seigneur de guerre Oda Nobunaga // Source : Ubisoft

Il n’y a que Samouraï qui m’aille

Assassin’s Creed Shadows assume sérieusement la nature infiltration de la saga, mais offre une soupape de décompression entre deux passages tendus grâce Yasuke. Même s’il peut s’accroupir et grimper un peu, le colosse samouraï n’est pas vraiment taillé pour passer inaperçu et ne fait pas dans la dentelle en se retrouvant vite embarqué dans des combats brutaux, sanglants et… étonnamment fun. C’est un peu la surprise de cette séance en avant-première : Yasuke, bien qu’assez éloigné de l’esprit de la série, tranche (c’est le cas de le dire) avec Naoe et propose une facette totalement différente qui permet de découvrir le jeu sous un tout autre jour. Avec ce binôme de héros si radicalement opposés, c’est presque deux jeux en un que délivre Assassin’s Creed Shadows. Le samouraï permet de mieux découvrir un système de combat plus posé et technique, encore un peu confus quand il y a trop d’adversaires, mais qui livre de belles sensations, percutantes et sadiques.

Bref, celui que l’on craignait d’être le squatteur gênant se révèle être une vraie alternative pour découvrir Assassin’s Creed Shadows différemment. Car, comme dans Assassin’s Creed Syndicate (du même studio), un clic dans le menu suffit pour passer de l’un à l’autre, à l’envi. Pour les missions principales, c’est à la faveur de cinématiques que le choix nous est donné : filer bille en tête avec Yasuke ou tenter de la jouer fine avec Naoe. La physionomie de l’action change alors du tout au tout ; deux jeux en un, on vous dit !

Assassin’s Creed Shadows a réussi le principal : apaiser les craintes

Reste désormais à savoir à quel point le titre saura exploiter cette prometteuse complémentarité. En dehors du prologue qui s’intéresse à chacun d’eux distinctement, la majorité de l’aventure peut être parcourue avec l’un ou l’autre, au choix. Des missions seront-elles jouables de concert, avec un travail de collaboration plus poussée comme Assassin’s Creed Syndicate l’avait esquissé dans sa mission finale ? De quelle manière les arcs narratifs singuliers se dévoileront pour creuser et développer leur personnage ? La boucle de gameplay centrale s’autorisera-t-elle quelques écarts créatifs pour esquiver la sensation de redite ? Quid également des quêtes et activités annexes et de l’exploitation de l’open world pour en faire plus qu’un magnifique décor ? Au-delà de sa structure et de son contenu, le jeu saura-t-il évolué ces prochaines semaines pour affiner encore un peu ses combats ou améliorer certains petits détails, comme ces animations (notamment faciales) de PNJ, trop robotiques (surtout dans les cut scenes secondaires) ?

Oui, il reste encore pas mal de questions autour de cet Assassin’s Creed Shadows. Car, malgré ce premier contact très rassurant et même enthousiasmant par beaucoup d’aspects, il faut sans doute qu’il pousse quelques arguments supplémentaires pour faire l’unanimité. Si les fans, amateurs et amatrices de la série, seront a priori comblés par la proposition, ce nouvel épisode sur lequel Ubisoft mise tant (tout ?), ne semble pas parti pour renverser violemment la table. Une évolution, plutôt qu’une révolution, en somme. Mais il est trop tôt pour s’aventurer dans ce genre de conjecture. Pour l’heure, Assassin’s Creed Shadows a réussi le principal : apaiser les craintes (deux reports, ça commençait à faire beaucoup) et même plus, avec l’éveil d’une vraie curiosité et une franche impatience de plonger pleinement dedans en mars prochain.

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