De prime abord, la liste des influences décelables dans Eternal Strands file un sacré tournis. The Legend of Zelda: Breath of the Wild et Immortals: Fenyx Rising pour l’exploration d’un monde systémique ; Shadow of the Colossus et les Monster Hunter pour les affrontements de créatures colossales ; ou encore Dragon Age: The Veilguard pour son ambiance et le découpage des zones de jeu.
Le tout est mâtiné d’une petite touche de jeu de survie avec collecte intensive de ressources et crafting… Sachant qu’Eternal Strands est le premier jeu du studio québécois Yellow Brick Games, qui compte à peine une soixantaine de personnes dans ses rangs, par quel miracle peut-il donner un titre, non seulement digeste, mais surtout cohérent, jouissif et passionnant ?
Points forts
- L’interactivité du monde qui nous entoure
- Un level design remarquable
- L’excellente intrication de tous les systèmes
Points faibles
- Framerate parfois malmené
- L’histoire, parfois confuse
- Une légère tendance aux allers-retours
Eternal Strands, une aventure systémique
Plutôt que de miracle, il conviendrait mieux de parler de magie. Ce serait bien plus cohérent avec le monde heroic fantasy d’Eternal Strands où elle a été confinée dans une partie du monde, l’Enclave. On s’y retrouve projeté sans grand ménagement au tout début de l’aventure. C’est sous les traits de Brynn, jeune guerrière magicienne, que l’on va explorer ces contrées mystérieuses pour tenter de comprendre une histoire assez riche, mais qui a tendance à déverser assez maladroitement tout son lore. Heureusement, grâce à ses personnages touchants et des saynètes pleines d’humanité, cela n’empêche pas d’apprécier les nombreux dialogues avec la petite équipe qui l’accompagne (une forgeronne, un érudit, etc.) lors de ses retours au camp après de périlleuses expéditions.
Car, même si Brynn est bien entourée pour la guider, lui donner quelques commissions ou améliorer son équipement et ses pouvoirs magiques, tout ce petit monde reste bien sagement à l’abri et la laisse partir seule à la filoche. Grâce à un portail magique, elle peut se téléporter dans une série de vastes zones à explorer et c’est ainsi que l’on découvre la première jolie surprise d’Eternal Strands. Non seulement les « niveaux » du jeu sont variés et immenses, mais en plus leur architecture s’étale en tous sens, n’hésitant pas à créer des enchevêtrements complexes et, surtout, à jouer sur la verticalité.
Comme dans un The Legend of Zelda: Breath of the Wild, Brynn peut grimper à peu près n’importe où tant que sa jauge d’endurance le lui permet (et elle est, de base, plutôt généreuse), si bien qu’il ne faut jamais hésiter à grimper sur telle falaise, tel arbre ou telle façade. De par leur échelle et leur topographie, les environnements du jeu poussent constamment à la curiosité et celle-ci est très souvent récompensée par la découverte de secrets très utiles : des plans d’artisanat pour de nouvelles armes et pièces d’armure, ainsi que des ressources rares cachées dans quelques coffres bien planqués (un léger son distinctif saura toutefois vous mettre sur sa piste).
Sous ses atours classiques, Eternal Strands déporte toute sa facette RPG sur l’amélioration de notre matériel. Ici, les nombreux ennemis que l’on croise ne lâchent pas d’argent, d’épée magique ou de points d’XP pour s’acheter des compétences et améliorer sa force. Ils laissent derrière eux des matières premières à ramener au camp pour fabriquer ou renforcer ses armes et armures. C’est ici qu’entrent en jeu les colosses d’Eternal Strands. Dans chaque région, un monstre gigantesque rôde : géant de glace ou de feu, dragon ou espèce de grosse chenille très en colère… À la manière d’un Monster Hunter, on peut partir à l’assaut de ces terrifiantes créatures et se livrer alors à des combats épiques, souvent longs et tendus, où, suspendus à plusieurs dizaines de mètres du sol, on tente d’attaquer leurs points faibles pour mieux les zigouiller. Car, bien sûr, les ressources les plus utiles et précieuses se trouvent sur ces boss. Sans oublier un autre petit détail : les pouvoirs magiques.
Allumer le feu
Si le gros des combats du jeu s’appréhende à coups d’épée (ou de flèches), dans une configuration assez classique (on tape et on peut esquiver ou parer avec le bon timing), tout l’intérêt du gameplay réside en effet dans l’usage de la magie. Après avoir battu un monstre géant, on récupère son pouvoir et Eternal Strands dévoile alors tout son potentiel. Télékinésie pour envoyer valdinguer ennemis et bouts de décor, rayons de glace pour emprisonner ses cibles, flammes pour les cramer… Le jeu s’amuse avec les éléments pour nous offrir une palette d’actions de plus en plus vastes, d’autant que les pouvoirs peuvent interagir entre eux. Figez un ennemi sous une bonne couche de glace, générez ensuite un vortex près de lui et vous verrez alors une petite tornade gelée se former sous vos yeux jusqu’à ce qu’elle explose en glaçant tout autour d’elle. Un monstre vous nargue au loin ? Pourquoi ne pas l’attirer à vous avant de le projeter contre un mur ou réduire en cendres le balcon en bois sur lequel il est perché ?
Pour renforcer cet éventail de possibilités, Yellow Brick Games a rendu les décors de son jeu totalement interactifs et sensibles aux éléments. Un incendie peut se propager tout autour jusqu’à détruire des maisons entières, par exemple. En outre, chaque zone peut être parcourue de jour ou de nuit selon différentes conditions météorologiques : temps dégagé, canicule et gel ainsi que des nappes de brouillard magique mortel. Ces états n’ont pas qu’un intérêt esthétique en bouleversant l’apparence des décors, ils auront une incidence directe sur le gameplay. Ainsi, le feu se propagera bien plus vite quand il fait chaud, tandis que le froid peut entraver les mouvements et surtout esquinter votre barre de vie si votre tricot est trop léger – des données à prendre en compte au moment de forger ou d’améliorer votre, voire vos armures.
Dans Eternal Strands, tous les éléments du jeu se répondent et s’entrechoquent pour créer un cadre systémique cohérent avec lequel on ne se lasse pas de jouer. Sous réserve d’exécuter dans de bonnes conditions les boss (ils apparaissent aléatoirement dans chaque région, donc on peut s’y attaquer plusieurs fois), on peut améliorer chaque pouvoir et ainsi finir par déchaîner les éléments avec un sentiment de toute puissance absolument grisant. C’en devient parfois un peu foutraque (d’autant que le framerate faiblit par moment quand trop d’interactions sont en cours), mais qu’est-ce que c’est plaisant ! Quand on débarque avec son pouvoir de télékinésie boosté au maximum et que l’on arrache des pans entiers de décors pour les balancer sur des ennemis tandis que les flammes ravagent déjà la moitié des lieux, le Palpatine qui sommeille en nous exulte totalement. Et c’est en grande partie ce feeling si particulier qui nous pousse à revenir encore et encore dans cet univers enchanteur où se trame une bonne petite trentaine d’heures d’une aventure qui invite autant à l’exploration qu’à l’expérimentation.
Le verdict
Eternal Strands
Voir la ficheOn a aimé
- L’interactivité du monde qui nous entoure
- Un level design remarquable
- L’excellente intrication de tous les systèmes
On a moins aimé
- Framerate parfois malmené
- L’histoire, parfois confuse
- Une légère tendance aux allers-retours
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