L’annonce de Disney a fait l’effet d’une bombe : sa plateforme de streaming peut désormais diffuser les nouveaux films 9 mois après leur sortie en salles, contre 17 mois auparavant. Grâce à un accord conclu avec les organisations du septième art, Disney+ bouleverse totalement la chronologie des médias.

En se séparant de Canal+ le 1ᵉʳ janvier 2025, Disney+ avait-il pour projet de mettre fin à la domination du groupe français sur le cinéma hexagonal ? Depuis des mois, le groupe Walt Disney prévient qu’il ne compte pas être juste une plateforme en France. Son ambition est d’être incontournable, notamment en devenant un acteur majeur dans le financement des productions françaises. Disney a signé un accord avec les organisations du septième art le 30 janvier 2025, qui lui garantit une fenêtre inédite pour une plateforme de streaming : il peut dorénavant proposer ses films sur Disney+ neuf mois après leur sortie au cinéma, contre 17 mois avant.

En 2022, la chronologie des médias avait connu une révolution en France. Autrefois condamnées à attendre 36 mois pour diffuser des films en streaming, les plateformes avaient vu leur fenêtre de diffusion réduite à 17 mois, pour s’adapter aux nouvelles méthodes de consommation (grâce à son financement du cinéma français, Netflix disposait d’une fenêtre plus courte de 15 mois). Trois ans plus tard, Disney+ redistribue les cartes et ouvre la porte à une évolution du modèle.

Combien de temps faut-il attendre sur chaque plateforme ?

En passant de 17 mois à 9 mois, Disney+ devient le service de streaming, hors myCANAL, avec le temps d’attente le plus faible entre le cinéma et le streaming. La France reste loin des standards internationaux (où les plateformes attendent généralement trois mois), mais fait un pas de géant vers le streaming, après l’avoir longtemps boudé.

L’accord signé par Disney lui permet de diffuser des films neuf mois après leur sortie au cinéma, ce qui est moins que Netflix (15 mois) et les autres plateformes (17 mois). Seul myCANAL, qui profite de sa situation hybride entre diffuseur de chaînes payantes et service de streaming, fait mieux (6 mois). Mais Disney avait anticipé cette différence en résiliant son contrat avec Canal+ pour le priver de toutes ses productions.

PlateformeTemps d’attente
Vente/location (physique et VOD)4 mois
myCANAL / OCS6 mois
Disney+9 mois (anciennement 17 mois)
Netflix 15 mois
Prime Video17 mois
Max17 mois
Apple TV+17 mois
Paramount+ 17 mois
Télévision gratuite et plateformes replay (TF1+, M6+…) 22 mois

Avec une fenêtre de 9 mois, Disney+ ouvre la porte à une évolution majeure de la chronologie des médias, qui a historiquement toujours privilégié Canal+ et son engagement dans le cinéma français. Si les autres plateformes (Netflix, Apple, Amazon…) sont prêtes à le suivre, notamment en s’alignant sur ses promesses vis-à-vis du financement du cinéma, alors l’avantage de Canal pourrait progressivement se perdre. Cette situation ne satisfait évidemment pas les dirigeants du groupe français, qui menacent depuis plusieurs mois de revoir leurs investissements dans le cinéma (après avoir quitté la TNT payante, notamment).

Avec ses nouveaux engagements, Disney+ s’engage à reverser 25 % de son chiffre d’affaires généré en France dans la création française et européenne, tout en participant financièrement à un minimum de 70 films. Ne vous fiez pas à son nom : Disney+ s’apprête à devenir une plateforme beaucoup plus variée, avec des contenus très éloignés des univers Disney.

Deadpool & Wolverine // Source : Marvel/Disney
Deadpool & Wolverine, sorti au cinéma en juillet 2024, pourra arriver sur Disney+ en avril 2025. // Source : Marvel/Disney

La chronologie des médias signée en 2022 prendra fin le 9 février 2025, avec probablement une reconduction des précédents engagements. Il ne serait pas étonnant de voir Netflix et d’autres tenter des accords similaires, pour réduire leurs fenêtres. On sait notamment que Netflix France rêve de passer de 15 mois à 12 mois, même si Canal+ fait le maximum pour l’empêcher d’obtenir ce privilège.

Source : Montage Numerama

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