Il s’agit simplement d’un portrait d’une jeune Française qui parle de sa passion, dans le cadre d’une série consacrée à des « histoires de France ». Pourtant, en publiant ce long papier élogieux sur Marie-Laure Norindr, plus connue des joueurs sous le pseudonyme de Kayane, le gouvernement français manifeste à nouveau sa volonté de faire reconnaître le sport électronique (ou esport) comme une discipline à part entière.
Rédigé par Émilie Louis, la responsable du pôle contenus du service d’information du gouvernement, le portrait de Kayane a pour titre une de ses citations : « les gamers sont des passionnés qui souhaitent que leur passion soit reconnue par le plus grand nombre ». La jeune femme de 25 ans, habituée des tournois professionnels de jeux vidéo (elle a notamment 42 podiums à son actif) et chroniqueuse sur la chaîne de télévision Game One, se confie et raconte comment s’est développée sa passion.
Les gamers sont des passionnés qui souhaitent que leur passion soit reconnue par le plus grand nombre
Motivation, défis personnels, entraînements, développement du secteur de l’esport en France… le sujet aborde de nombreux aspects qui préoccupent Kayane. Mais pas seulement. Il évoque aussi les revendications de ce milieu et les efforts qu’il reste à accomplir pour que cette activité soit considérée comme un sport, puisqu’elle implique aussi de la répétition dans les gestes, de la dextérité dans les matchs, de la concentration lors des rencontres et du dépassement de soi pour progresser.
Le papier permet ainsi d’en apprendre plus sur une discipline méconnue du grand public. La joueuse professionnelle souligne au travers des paragraphes un environnement exigeant dans lequel il faut développer une grande adresse, réfléchir à des stratégies de jeu et entretenir un bon esprit d’équipe pour augmenter ses chances de victoire face au camp adverse.
L’article s’inscrit dans la campagne Toutes les histoires de France du gouvernement. Son objectif est de promouvoir les beaux récits de Français qui ont réussi à s’accomplir à travers leurs passions. Une manière d’émettre un message positif dans un contexte pour le moins sombre. Le message est clair : les joueurs professionnels d’esport participent aussi au développement d’une image positive du pays au même titre qu’un patron d’une startup prometteuse ou d’un chef pâtissier de renom.
À l’approche de la Gamescom qui ouvre ses portes au public du 18 au 21 août à Cologne en Allemagne, le gouvernement vient d’ailleurs de publier plusieurs tweets pour rappeler son engagement dans la structuration de l’esport hexagonal. En effet, un cadre légal a émergé pour réguler plus intelligemment les compétitions de sport électronique. Figurant dans le projet de loi numérique, la mesure autorise les tournois de jeux vidéo avec gains financiers, en évitant de les associer à des loteries, ce qui était le cas jusqu’à récemment.
En effet, les tournois de jeux vidéo avec gains financiers étaient assimilés à des loteries, qui sont interdites par l’article 322-1 du code de la sécurité intérieure, pour des raisons d’ordre public. Le code assimile à des loteries « toutes opérations offertes au public, sous quelque dénomination que ce soit, pour faire naître l’espérance d’un gain qui serait dû, même partiellement, au hasard ». S’il restait un doute, il précisait que « cette interdiction recouvre les jeux dont le fonctionnement repose sur le savoir-faire du joueur ».
En outre, les joueurs professionnels français disposent maintenant d’une association officielle, France eSport, qui bénéficie de la bienveillance du gouvernement. Née ce printemps sous le regard d’Axelle Lemaire, la secrétaire d’État chargée du numérique, elle projette de devenir une fédération à l’instar de celles qui gèrent tous les autres sports « traditionnels ».
Grâce à ce genre de communication, l’exécutif continue de caresser les gamers dans le sens du poil. Cette reconnaissance progressive de sa discipline ravit Kayane qui affirme que « c’est comme une revanche ! On veut montrer que nous ne sommes pas des idiots, juste des passionnés ». Une passion à laquelle s’est laissée aller Romain Pigenel, le directeur adjoint en charge du numérique du service d’information du gouvernement, en applaudissant l’automne dernier la victoire d’un joueur français lors d’une compétition de StarCraft II.
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