« Au commencement, il y avait du sang » : dès le premier épisode d’Original Sin (ou Les Origines), Dexter nous prouve qu’il est bel et bien de retour, pour nous jouer un très mauvais tour. Et non, je ne parle pas simplement de la capacité du personnage à tomber dans la violence, pour assouvir ses pulsions, coûte que coûte. Mais plutôt de l’audace de nous proposer une série dérivée aussi plate et inintéressante.
Original Sin est ainsi un préquel de Dexter, production phare du début des années 2000 qui nous emmenait à la rencontre d’un tueur en série justicier à tendance sarcastique, pendant 8 saisons. En 2021, déjà, cet anti-héros avait été ressuscité par New Blood, premier spin-off situé après les événements de la série originale.
Cette fois, on rembobine tout pour assister à la jeunesse de Dexter Morgan, alors qu’il organise ses premiers meurtres et débute tout juste à la police de Miami, dans le service de médecine légale. Et ce qui aurait pu être un délicieux retour aux sources pour les fans s’avère finalement être ce que l’on redoutait : une pâle copie sans aucune âme.
Dexter est mort, vive Dexter
Je vous le promets : en tant que fan absolue de la saga, j’aurais aimé vous dire que Dexter : Original Sin est une réussite et vous encourager à regarder les 10 épisodes, diffusés à partir du 6 février 2025, sur Canal+. Mais honnêtement, il est très difficile de défendre ce préquel, qui ne possède que peu de qualités.
Tout d’abord, si vous n’avez jamais vu un seul épisode de Dexter de votre vie, vous pouvez passer votre chemin : la série s’adresse très clairement à un public d’initiés. Vous risquez ainsi d’être un brin perdus si la notion de Passager Noir ou de code à suivre ne vous évoquent rien.

D’autant qu’Original Sin justifie son existence de façon surprenante : grâce à un lien avec New Blood, le précédent spin-off plutôt réussi, à la fin duquel Dexter était laissé pour mort, blessé par son fils, Harrison. Dans les premières secondes du préquel, on retrouve donc notre personnage préféré dans une ambulance, au bord du trépas, alors que sa vie défile devant ses yeux et que ses doux souvenirs de jeunesse lui reviennent en mémoire.
L’occasion de retrouver le timbre singulier de Michael C. Hall, l’interprète original de Dexter, qui nous accompagne ensuite durant les 10 épisodes d’Original Sin. Cette voix-off représente à la fois l’ingéniosité de la série dérivée, mais aussi ce qui la mène à sa perte : l’hommage, franchement très appuyé, à son aînée.
Tuto : comment transformer un personnage charismatique en copie ennuyeuse
Original Sin fait ainsi office de fan-service ambulant. On y retrouve la fameuse voix-off, donc, le générique iconique, légèrement revisité, l’humour noir du personnage principal, ainsi que des dizaines de références à la seconde à cette série que l’on a autrefois tant aimé. Or, le préquel souffre forcément de la comparaison avec son aînée, agissant plutôt comme un miroir peu reluisant que comme la réinvention intelligente d’une œuvre culte.

Plutôt que d’apprécier retrouver le personnage si charismatique de Dexter Morgan, on se surprend ainsi à le trouver fade, voire ennuyeux. La faute à des épisodes qui traînent inutilement en longueur, et particulièrement à un premier chapitre franchement lourdingue dans sa façon de copier-coller, presque trait pour trait, l’originale. La suite permet tout de même à la série de s’élever au moins un peu, notamment grâce à un casting en pleine forme, choisi avec un sens du détail remarquable.
On prend les mêmes et on recommence
Patrick Gibson (The OA, Shadow and Bone), à qui l’on a confié la lourde tâche d’incarner le tueur en série, version jeune, épate ainsi par la maîtrise de son jeu. Sa ressemblance avec Michael C. Hall est bluffante, et on devine aisément qu’il a passé des heures à étudier le moindre haussement de sourcil de son prédécesseur.
À ses côtés, les fans pourront retrouver des protagonistes bien connus de l’univers comme Debra, la sœur de Dexter, ici incarnée par Molly Brown (Evil), Maria LaGuerta, sa future boss, interprétée par Christina Milian (Charmed), Vince Masuka, son collègue insupportable joué par Alex Shimizu (Blacklist) ou encore Angel Batista, policier ultra-attachant dont James Martinez (Love, Victor) a su capter toute la subtilité.

Les nouveaux venus dans la galaxie du tueur en série, comme les stars Sarah Michelle Gellar (Buffy contre les vampires) et Patrick Dempsey (Grey’s Anatomy), eux, semblent presque secondaires, tant l’héritage de Dexter pèse lourdement sur leurs épaules. Leurs personnages, jusque-là inédits, ont pourtant une importance capitale dans l’intrigue d’Original Sin. Mais cela ne suffit pas à faire ressortir leurs personnalités plutôt banales, dans un contexte déjà aseptisé.
Dexter doit se retourner dans sa (presque) tombe
Alors, au fond, avions-nous vraiment besoin de Dexter: Original Sin dans nos vies ? Si talentueux soient les interprètes de ce préquel, ils sont ainsi malheureusement réduits à devoir rester dans l’ombre de leurs prestigieux homologues. Et au fil des 6 épisodes, sur 10 en tout, que nous avons pu visionner, nous n’avons jamais pu empêcher de nous demander si ce préquel était véritablement utile.
La réponse est malheureusement plus que négative : là où New Blood avait au moins le mérite de proposer une nouvelle version de Dexter, bien plus glacée, sans le soleil de Miami pour l’enflammer, Original Sin n’apporte tout simplement rien à l’univers, à part une redite complète, au montage peu attrayant.

Même les intrigues sentent le réchauffé à plein nez ou nous provoquent uniquement l’envie de bâiller. On doit ainsi subir des flashbacks étirés en longueur, à l’éclairage douteux, à propos d’Harry, le père de Dexter, dont on connaissait en réalité déjà bien le passé.
Leur simple présence est même totalement incohérente dans Original Sin, puisque la série est censée se dérouler du point de vue du tueur en série, au crépuscule de sa vie. L’intrigue principale, autour d’un kidnapping d’enfant, n’est pas beaucoup plus intéressante, pas plus que les déboires adolescents de Debra ou les premiers pas de Dexter dans la police, ponctués par des retournements de situation absurdes.
Bref, nous n’avons qu’un seul conseil à vous donner : ne perdez pas votre temps, chaque jeudi, devant ce préquel insipide, et saisissez plutôt l’occasion pour vous offrir un shot de nostalgie, en savourant à nouveau la série originale, également disponible sur Canal+. Vous nous remercierez, c’est promis.
Le verdict

Dexter : Original Sin (Les Origines)
Voir la ficheOn a aimé
- Patrick Gibson, bluffant de ressemblance
- Retrouver Batista, LaGuerta et Debra
On a moins aimé
- Des épisodes trop longs
- On s’endort
- Un copier-coller de l’original
- Sarah Michelle Gellar et Patrick Dempsey, sous-exploités
- Des flashbacks inutiles
- Un spin-off inutile
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