Dix ans ! Dix ans que la série Captain America n’était pas revenue dans les salles de cinéma. La dernière fois, c’était en 2016 avec l’excellentissime Civil War. Bien sûr, Captain America n’avait pas disparu des radars depuis tout ce temps. Le plus célèbre des capitaines était notamment revenu lors des deux plus récents films Avengers, Infinity War et Endgame, pinacles absolus du MCU. À cette occasion, le héros à la bannière étoilée avait eu droit à un final de très grande classe.
Le temps a passé. Le Steve Rodgers que l’on a connu dans le Marvel Cinematic Universe a raccroché les gants et rangé le bouclier, en raison de la « retraite » de l’acteur Chris Evans qui l’incarnait depuis le début — même si depuis, son retour (pour quel rôle ?) serait acté. Mais Marvel Studios ne semblait pas tout à fait disposé à faire sans Captain America au cinéma. Le casting a donc dû évoluer et c’est à Anthony Mackie — qui était jusqu’à présent le sympathique sidekick — que l’on a confié la lourde tâche de prendre la relève.
Points forts
- Sam Wilson convaincant en Captain America
- Quelques moments forts
- Des liens accrus avec des films du MCU à part
Points faibles
- Une intrigue classique et peu audacieuse
- Des personnages secondaires sous-exploités
- Un final décevant
Le premier film Captain America sans LE Captain America
Passer de Sam Wilson « le Faucon » à Sam Wilson « Captain America » était un pari assurément délicat à relever, même pour un vétéran comme Mackie, présent dans le MCU depuis une décennie, et acolyte de longue date de Steve Rodgers. Certes, le terrain avait été préparé à la fin d’Endgame, d’une part, et durant la minisérie Falcon et le Soldat de l’hiver, d’autre part (à condition, bien sûr, d’être à jour dans l’immensité du MCU). Mais Captain America: Brave New World s’avérait le véritable test malgré tout.
Le blockbuster reprend bien des codes des films d’action standards et interchangeables
Qu’on se le dise : l’acteur ne démérite pas dans le costume difficile à porter. Il revêt à l’écran tous les idéaux fantasmés du pays de l’Oncle Sam que celui pense incarner — justice, intégrité, liberté… –, même si l’ombre de son encombrant prédécesseur n’est jamais loin. Pas simple de passer après et le film en joue avec un Sam Wilson qui doute de sa valeur.
Le film, lui, peine à nous embarquer et on s’est surpris à trouver le temps parfois un peu long. L’action, certes, ne manque pas. Le blockbuster reprend bien des codes des films d’action standards et interchangeables, hélas sans faire montre d’une grande inventivité et créativité. Mais ce classicisme peut se comprendre : Marvel Studios a traversé des années turbulentes, avec de sacrés fours depuis 2020. Cela n’incite pas à l’audace.
![Source : Marvel Source : Marvel](https://c0.lestechnophiles.com/www.numerama.com/wp-content/uploads/2025/01/captain-america-brave-new-world-1024x576.jpg?resize=1024,576&key=40039f69)
Red Hulk, une sorte de Red Trump qui ne dit pas son nom ?
Mais de quoi parle Brave New World ? Sam Wilson a repris le rôle de Steve Rodgers et tente de travailler en bonne intelligence avec le président américain nouvellement élu Thaddeus Ross, malgré le passé. Mais voilà qu’un incident international éclate entre les États-Unis et le Japon autour de ressources à exploiter dans l’océan. Des terroristes sont impliqués et un ami de Sam se retrouve sur le banc des accusés.
C’est à partir de ce point de départ que le récit commence à empiler les couches de manigances et d’intrigues pour cacher la réalité d’un sombre pacte au plus haut sommet de l’État, jusqu’à Thaddeus Ross lui-même — on ne vous dira pas s’il est victime ou complice de ces machinations. On opte, en somme, pour une recette analogue à Civil War : pas de bataille galactique, pas de giga pouvoirs, mais un complot très terre-à-terre, avec des bagarres à l’ancienne.
Ce scénario digne d’un thriller prend une teinte évidemment particulière à l’ère du deuxième mandat de Donald Trump, qui emmène l’Amérique dans une crise constitutionnelle. Faut-il y voir une image subliminale de Donald Trump à travers ce Red Hulk incontrôlable dans le film, avec ce président Thaddeus Ross prêt à faire cavalier seul, à enjamber les règles, à se fâcher avec ses alliés, à accaparer des ressources ?
![Source : Marvel Studios Source : Marvel Studios](https://c0.lestechnophiles.com/www.numerama.com/wp-content/uploads/2025/02/harrison-ford-anthony-mackie-1024x577.jpg?resize=1024,577&key=7558d21b)
C’est pousser la réflexion loin, mais les répliques distillées au fur et à mesure des presque deux heures de pellicule font étrangement écho avec l’actualité récente de l’Amérique d’aujourd’hui. Exactement de la même façon, et dans un autre registre, que Civil War (l’autre), avec une véritable guerre civile dans des États-Désunis d’Amérique, à cause d’un président qui n’en a fait qu’à sa tête. Les Américains pourront en juger dès le 14 février.
Sur un plan plus marvellien, le récit s’emploie à retisser des liens plus étroits avec d’anciens films du MCU, et plus particulièrement avec deux d’entre eux qui ont toujours semblé un peu à part : L’Incroyable Hulk (2008) et Les Éternels (2021). Pour cela, Brave New World convoque à la fois de vieux personnages et, surtout, justifie enfin l’immense géant figé dans l’océan, à la suite des évènements dans Les Éternels, en cessant de feindre d’ignorer son existence.
Il est vrai que depuis le long-métrage confié à Chloé Zhao, Marvel Studios donnait l’impression de ne surtout pas parler du colosse à demi-immergé, ou en y faisant à peine allusion. Huit films séparent Les Éternels de Brave New World. Une éternité pour le MCU, mais il vaut mieux tard que jamais. En tout cas, ce géant inerte s’avère dorénavant au centre du récit. Il est le socle scénaristique sur lequel toute l’histoire est bâtie.
L’effort d’interconnecter Brave New World à L’Incroyable Hulk présente toutefois des limites plus flagrantes. Si cela marche plutôt bien avec le principal méchant du film, Samuel Sterns (Tim Blake Nelson), dont l’absence depuis 2008 est plutôt bien amenée, et se comprend bien, on se questionne encore sur l’apport de Betty Ross (Liv Tyler) dans l’histoire. Un temps d’écran inexistant, des lignes de dialogue fadasses. On aurait espéré un bien meilleur traitement du personnage.
Inexpliquée en revanche est l’absence de l’actrice Rosa Salazar, censée être Rachel Leighton / Diamondback. On l’avait grandement appréciée dans Battle Angel Alita. Cependant, elle n’apparaît ni dans Brave New World ni dans la scène post-générique, alors qu’elle était pourtant annoncée au casting. De toute évidence, ses apparitions ont été coupées au rythme des réécritures du scénario ou durant le montage. Cette piste circulait depuis quelques jours et est désormais confirmée. Dommage.
On retiendra en revanche quelques moments de grâce, dont cette scène tout à fait intense et touchante, dépouillée de tout artifice visuel, alors que les choses commencent à très mal tourner, entre Sam Wilson (Anthony Mackie) et Isaiah Bradley (Carl Lumbly). Pas d’action, pas de super-pouvoir ou de costumer héroïque, mais un travail réussi sur l’éclairage et un Carl Lumbly remarquable.
Pas le meilleur film du MCU, mais loin d’être le pire
Bien entendu, comme toute œuvre du Marvel Cinematic Universe qui se respecte, Brave New World a ses figures imposées. Un clin d’œil à l’univers cinématographique Marvel par ici, une apparition d’un autre super-héros par là — on ne vous dira pas lequel, mais il est assez facile de deviner de qui il s’agit — le temps d’une petite scène amusante. Amusante, certes, mais qui ne sert pas réellement l’intrigue. C’est le fan service élémentaire.
On ne pourra pas s’empêcher de penser que ce film est en fait surtout là pour préparer la suite des phases du MCU. Cela se ressent d’abord par les vilains présentés à l’écran, qui peinent à exister (tout le monde n’a d’yeux que pour Red Hulk) et qui seront vite oubliés. Et tant pis pour Tim Blake Nelson et Giancarlo Esposito (qui est décidément cantonné aux rôles de bad guy d’une licence à l’autre)
Cela se perçoit aussi par la mise à niveau des facultés de combat de Sam, à la fois parce qu’il lui faut bien tenir son nouveau rang de Captain America, mais aussi parce que Red Hulk est un sacré opposant. Et puis, il faudra bien des personnages solides avec Avengers: Doomsday et Avengers: Secret Wars, prévus en 2026 et 2027. Cette montée en compétence est bien sûr très facilement justifiée, grâce au Wakanda et au vibranium.
![Source : Marvel Studios Source : Marvel Studios](https://c0.lestechnophiles.com/www.numerama.com/wp-content/uploads/2025/02/red-hulk-1024x576.jpg?resize=1024,576&key=5c30cb35)
Il reste toutefois une dernière chose qui nous chiffonne. Le grand final, censé dénouer toute l’intrigue de Brave New World. C’est peu dire qu’on l’a trouvé déconcertant, pour ne pas dire décevant, sans véritable triomphe, avec un dénouement qui, hélas, retombe comme un soufflé.
Incontestablement, Brave New World ne figurera sans doute pas parmi les tout meilleurs films Marvel produits ces vingt dernières années. C’est un long-métrage moyen, aux enjeux secondaires, qui plus est sans grande inventivité cinématographique. On l’admet, cette description tient plus du repoussoir que de l’incitation à aller au cinéma.
Il faut aussi admettre que ce film n’est pas non plus le pire du MCU, en particulier si l’on s’attarde sur ce qui a été proposé dernièrement par Marvel Studios pendant les phases 4 et 5, deux périodes qui ont connu de sacrées catastrophes industrielles. Alors certes, Brave New World est un film passable, qui reste dans son couloir et assure l’essentiel.
Le verdict
![Source : Marvel Source : Marvel](https://c0.lestechnophiles.com/www.numerama.com/wp-content/uploads/2025/01/captain-america-brave-new-world-300x169.jpg?resize=218,150&key=f4a01b44)
Captain America : Brave New World
Voir la ficheOn a aimé
- Sam Wilson convaincant en Captain America
- Quelques moments forts
- Des liens accrus avec des films du MCU à part
On a moins aimé
- Une intrigue classique et peu audacieuse
- Des personnages secondaires sous-exploités
- Un final décevant
Les abonnés Numerama+ offrent les ressources nécessaires à la production d’une information de qualité et permettent à Numerama de rester gratuit.
Zéro publicité, fonctions avancées de lecture, articles résumés par l’I.A, contenus exclusifs et plus encore. Découvrez les nombreux avantages de Numerama+.
Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci
Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.
Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :
- 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
- 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
- 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.
Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.
Marre des réseaux sociaux ? Rejoignez la communauté Numerama sur WhatsApp !