On ne l’attendait plus, mais Bref fait finalement son grand retour dans nos vies pour une saison 2, 13 ans après un final bouleversant. Contre toute attente, la série culte parvient à exceller, en modifiant légèrement sa formule pour la sublimer. Voici notre avis, sans spoilers, sur l’une des plus belles productions françaises de ces dernières années, disponible sur Disney+.

Parfois, certains personnages de séries nous manquent, sans que l’on s’en aperçoive. Et puis, lorsqu’ils reviennent par surprise, on réalise que l’on avait vraiment hâte de les retrouver. La saison 2 de Bref provoque exactement ce sentiment-là, au milieu d’un tourbillon d’émotions que l’on ne pensait jamais ressentir devant un épisode de comédie. Forts de 13 ans d’expériences, de relations et de drames de la vie, Kyan Khojandi et Navo reviennent ainsi pour nous proposer la série dont on avait besoin, celle qui nous fait rire aux éclats tout en réparant, à sa manière, notre cœur engourdi par le quotidien.

On pouvait être dubitatif à l’idée de retrouver le personnage de « Je », anti-héros qui enchaînait les ratés amoureux et professionnels alors qu’il entrait dans sa quarantaine. D’autant que cette suite de Bref, qui sera disponible sur Disney+ le 14 février 2025, repose sur un nouveau format. Bye bye les 82 épisodes de 2 minutes, donc, et bonjour les 6 chapitres d’une demi-heure, pour cette saison 2. Mais force est de constater que Kyan Khojandi et Navo savent très exactement ce qu’ils font et qu’ils avaient beaucoup, beaucoup de choses à nous raconter.

Bref, « Je » est de retour

Lorsque l’on retrouve Je, il est lancé à toute vitesse, sur le siège passager d’une voiture conduite par sa petite amie, avec qui il fait les 400 coups depuis plusieurs mois. Il a eu un coup de foudre, il semble heureux et épanoui. Jusqu’à l’arrêt brutal du véhicule, provoquant la remise en question de 40 ans de vie et de comportements masculins franchement problématiques. Bienvenue dans la saison 2 de Bref, qui utilise toujours aussi intelligemment la comédie, le montage et les références en pagaille pour mieux évoquer des sujets douloureux.

Hello Je, my old friend // Source : Canal+
Hello Je, my old friend // Source : Canal+

Mais ne vous attendez-pas à de longs monologues, non. La série a plutôt décidé d’utiliser ce qu’elle sait faire de mieux depuis sa saison 1, il y a 13 ans : convoquer des stars du petit et du grand écran, le temps de plusieurs épisodes ou de quelques secondes, pour incarner des métaphores brillamment trouvées.

Bref, on a plein de guests

Tout le gratin de la pop culture française est ainsi réuni, dans cette suite tant attendue. On renoue alors avec bonheur avec les anciens : Kyan Khojandi, bien sûr, mais aussi Keyvan Khojandi, son frère à l’écran comme à la ville, Bérengère Krief dans le rôle de Marla, son ancien plan cul régulier devenue sa meilleure amie bienveillante, ou encore Baptiste Lecaplain, l’ex-coloc transformé en Super Papa. Il est presque impossible de décrire la joie ressentie à l’idée de découvrir enfin leur évolution et de retrouver leur grain de folie si singulier.

Laura Felpin et Kyan Khojandi, le meilleur duo de Bref // Source : Disney+
Laura Felpin et Kyan Khojandi, le meilleur duo de Bref // Source : Disney+

À leurs côtés, de nouveaux visages bien connus font leur apparition. On rencontre ainsi Billie, la nouvelle coloc de Je, incarnée par Laura Felpin et qui s’impose comme l’un des plus beaux personnages de cette saison 2. L’actrice et humoriste, vue dans Le Flambeau, sort de son registre comique habituel pour proposer un rôle féminin tout en nuances, à qui l’on s’identifie immédiatement. On pense aussi à Jean-Paul Rouve (Les Tuche), le nouveau voisin de Je, à la douce générosité teintée de mélancolie, ou à Alexandre Astier (Kaamelott), absolument génial dans la peau d’un psy de comptoir.

Et que dire des apparitions improbables, mais savoureuses, des Poetic Lover, boys band français des années 1990, ou d’Orelsan et Gringe, rappeurs iconiques du format court Bloqués, également imaginé par Kyan Khojandi et Navo. Même le vidéaste Carlito étonne dans un rôle touchant, à mille lieux de son duo iconique avec McFly.

Bref, on a réinventé Bref

C’est aussi ça la magie de Bref : savoir tout transformer, en quelque chose de mieux, de plus beau. Cela passe par une pluie de guests parfaitement mobilisée, bien sûr, mais aussi par une maîtrise inattendue de son format. Si la série courte a su briller et marquer toute une génération, c’est notamment grâce à son montage énervé, sa voix-off au débit de mitraillette et ses pastilles de seulement 2 minutes, top chrono.

Le passage à 6 épisodes de 30 minutes chacun était donc extrêmement risqué, pour ne pas dire casse-gueule. Et il est vrai qu’au fil du visionnage, on a pu se surprendre à repérer les limites du format. La narration saute ainsi un peu facilement du coq à l’âne, et aurait mérité un découpage plus… bref.

Bérengère Krief et Kyan Khojandi sont de retour pour la saison 2 de Bref // Source : Disney+
Bérengère Krief et Kyan Khojandi sont de retour pour la saison 2 de Bref // Source : Disney+

Mais au terme de la saison 2, cela semble finalement anecdotique, tant la série fonctionne dans son ensemble. Les chapitres, plus longs, permettent ainsi aux personnages de prendre une toute nouvelle dimension, et de démontrer la maîtrise narrative de Kyan Khojandi et Navo, qui savent très exactement comment reprendre tous les codes qui fonctionnaient dans Bref, pour mieux les tordre dans tous les sens, avec toujours des blagues à chaque seconde. Rarement, une série n’aura su réinventer sa mythologie à ce point, en y faisant intelligemment référence et en adaptant son contenu à son époque.

Bref, on aime les métaphores

Plus important encore, la saison 2 s’attache à changer le personnage principal de Je, au fil des échecs amoureux, amicaux, professionnels et familiaux qu’il traverse. Et pour le mettre en œuvre, Bref utilise son atout majeur : les métaphores. L’épisode 1 permet ainsi au protagoniste de faire un bilan de ses problèmes avec différentes versions de lui-même, figées à des âges plus ou moins ingrats, de 16 à 30 ans, en passant par l’année du covid. Son voisin, lui, voit les années défiler, grâce à un astucieux décompte sur son tee-shirt, symbolisant la solitude avec délicatesse.

Le personnage de Je se remet enfin en question // Source : Disney+
Le personnage de Je se remet enfin en question // Source : Disney+

Plus tard, le personnage de Je emmènera également son frère, Keyvan, dans ses souvenirs, le temps d’une introspection bienvenue. Quant aux relations amoureuses, elles se construisent comme des voitures, évidemment : il faut faire attention à la personne qui conduit, mais aussi aux pannes qui peuvent tout gâcher en un instant. Et gare à l’utilisation du Malaccompagnax 3000 : il peut vous égarer dans des relations toxiques, dont il est difficile de sortir.

Bref, on fait une thérapie

Vous l’aurez compris : la saison 2 de Bref est une réussite sur tous les plans. Même sur un aspect plus surprenant : les séquences émotions. La saison 1 nous avait déjà laissé en héritage plusieurs épisodes aussi doux que tristes, autour de la dépression ou de la perte de l’innocence dans les couples.

Cette suite va plus loin, en abordant pêle-mêle le deuil difficile d’un parent, les masculinités, les relations toxiques, les TOC, la force de l’amitié, envers et contre tout, la quête du job de ses rêves ou la douloureuse acceptation de soi.

On veut un Bref. 3 // Source : Disney+
On veut un Bref. 3 // Source : Disney+

On vous conseille donc de préparer les mouchoirs, notamment pour l’épisode 3, particulièrement bouleversant. Avec cette saison 2, Bref s’illustre là où on ne l’attendait pas : elle est probablement la meilleure des thérapies actuelles. Bien sûr, ces 6 nouveaux chapitres restent extrêmement drôles et on ne compte pas les fois où nous avons pu rire aux éclats. Mais la série, qui nous avait tant manqué, nous laisse surtout avec un doux sentiment réparateur, que l’on avait rarement ressenti, jusqu’à présent, devant une production française.

Si les anglo-saxons ont compris depuis bien longtemps l’importance de proposer des fictions réconfortantes, de Virgin River à Shrinking en passant par Ted Lasso, la France a encore un long chemin à faire pour les rattraper. Heureusement, Bref est la première pierre à l’édifice, en nous offrant la série dont tous les quarantenaires, et particulièrement les geeks, avaient besoin, sans le savoir. Comme le dit Je dans l’épisode 1, « être heureux, c’est faire des choix ». Alors, prenez la meilleure décision de votre soirée : lancez la saison 2 de Bref et promis, vous irez un peu mieux.

Le verdict

Hello Je, my old friend // Source : Canal+
10/10
En revenant, 13 ans plus tard, avec de nouveaux épisodes beaucoup plus longs et un personnage principal devenu quarantenaire, Bref aurait pu foncer droit dans le mur. Au lieu de cela, la série de Kyan Khojandi et Navo nous offre la plus efficace des thérapies, à la fois drôle, réconfortante et bouleversante. On y retrouve cette douce mélancolie, si caractéristique de Bref, avec un casting au top de sa forme et un anti-héros qui se remet enfin en question, pour le meilleur. La production française s’accorde même le luxe de devenir l’un des comebacks les plus réussis de l’histoire des séries, en réinventant sa formule et son propos avec brio. Bref, cette saison 2 est l’une des plus belles surprises de 2025 et le cadeau le plus fabuleux que vous pouvez vous offrir, à vous-même.
Source : Montage Numerama
Cet article existe grâce à

Les abonnés Numerama+ offrent les ressources nécessaires à la production d’une information de qualité et permettent à Numerama de rester gratuit.

Zéro publicité, fonctions avancées de lecture, articles résumés par l’I.A, contenus exclusifs et plus encore. Découvrez les nombreux avantages de Numerama+.

S'abonner à Numerama+

Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci

Il y a une bonne raison de ne pas s'abonner à

Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.

Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :

  • 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
  • 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
  • 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.

Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.

S'abonner à Numerama+

Marre des réseaux sociaux ? Rejoignez la communauté Numerama sur WhatsApp !

10/10
Bref.

Certains liens de cet article sont affiliés. On vous explique tout ici.