Tous les historiens vous le diront. Au cours de la première guerre mondiale, la France a occupé un rôle central. C’est sur son sol que s’est déroulée une bonne partie des combats contre les puissances de la Triple-Alliance. Ses troupes ont fait partie des plus nombreuses, avec plus de 8,6 millions de soldats engagés. C’est aussi le pays qui a connu les troisièmes pires pertes militaires pendant la guerre.
Dès lors, on s’attend naturellement à ce que l’armée française figure en bonne place dans n’importe quel jeu ayant ce conflit comme cadre, tout comme l’on s’attend à voir d’autres nations au premier plan, du Royaume-Uni à la Russie, en passant par l’Allemagne, l’Italie et les empires austro-hongrois et ottomans. Après tout, ce sont ces nations qui ont été le plus impliquées dans le conflit.
Et puis Electronic Arts est passé par là.
Le puissant studio américain a dévoilé ce printemps un nouveau titre issu de l’une de ses plus lucratives franchises, Battlefield. Dans cet énième jeu de tir à la première personne (FPS), sobrement appelé Battlefield 1, c’est le sanglant affrontement de 14-18 qui va servir de décor aux joueurs voulant s’entretuer virtuellement. Hélas pour ceux qui ont le souci du réalisme historique, Battlefield 1 déçoit.
L’armée française ne sera en effet pas jouable au lancement du jeu. À vrai dire, l’absence de l’une des puissances-clés de la première guerre mondiale est connue depuis plus de deux mois maintenant. À la mi-juin, Julien Wera, directeur stratégique du studio suédois Dice, justifiait au Monde vouloir accorder un « traitement spécial » à la France, puisque le pays « a eu un rôle tellement important » dans le conflit.
Au lancement, 6 factions seront proposées.
Sans la France et sans la Russie au début
On retrouvera l’Empire allemand, l’Empire austro-hongrois, le Royaume d’Italie et l’Empire ottoman, ainsi que le Royaume-Uni et les États-Unis. Oui, les USA aussi, bien que la contribution américaine ait été relativement « modeste » en comparaison des autres pays. On le devine, il s’agit ici d’un impératif commercial. Sans les USA, les joueurs américains auraient-ils voulu du jeu ?
Quant à la France et la Russie, qui manque aussi à l’appel, il faudra passer par le pack que vient d’annoncer Electronic Arts. Pour 50 euros, les joueurs pourront débloquer quatre packs d’extension qui contiennent ces deux nations, ainsi que deux semaines d’accès anticipé à chaque pack, des cartes multijoueur, des modes de jeu, des opérations, des classes d’élite, des armes et des véhicules en plus. Des designs d’armes et des plaques militaires supplémentaires seront aussi de la partie.
À noter qu’Electronic Arts devrait vraisemblablement proposer des petites solutions d’achat séparées pour ceux qui ne voudraient pas acquérir l’ensemble du Season Pack. Mais pour le moment, on ne connait pas les modalités de ces solutions, ni leur prix.
Ils ne passeront pas
Dans le cas de la France, EA prévoit le mode They Shall Not Pass (Ils ne passeront pas) qui devrait vraisemblablement mettre en scène l’armée française lors de la bataille de Verdun, qui est une victoire militaire française clé. Un discours politique de 1916 avait résumé le but de Verdun : « on ne passe pas », qui a donné lieu par la suite à un chant patriotique. Pour la Russie, l’ajout se fera lors d’un prochain pack.
Voilà donc le traitement annoncé par Dice, le développeur du jeu, au prétexte que l’ajout de l’armée française « demandait plus de temps ». Tant pis pour la justesse historique, alors qu’a lieu en ce moment même le centenaire 14-18. Reste une question : un jeu vidéo a-t-il l’obligation de dépeindre aussi fidèlement que possible la réalité, ou peut-il se laisser aller à quelques libertés, au risque de fausser la perception des joueurs ?
À cette interrogation, nul doute que les réponses ne vont pas manquer jusqu’à la sortie du jeu, prévue le 21 octobre. Les packs d’extension, eux, arriveront progressivement en 2017.
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