Depuis la fin de la série Daredevil sur Netflix, en 2018, le justicier aveugle aux autres sens décuplés est apparu dans plusieurs productions Marvel : Spider-Man : No Way Home, She-Hulk, mais aussi Echo. Un fan service aussi distrayant que frustrant pour ce personnage complexe de bon samaritain, aux accès de rage impressionnants.
Après des années à râler contre l’annulation injuste de la version de Netflix (pour des raisons de droit, les justiciers Marvel ayant migré vers Disney +), les fans ont finalement eu gain de cause. S’inscrivant dans la cinquième phase du MCU, Daredevil: Born Again se présente comme une suite. Mais est-elle à la hauteur de son aînée ? Voici 7 différences que nous avons repérées entre les deux séries.
1. Daredevil ou Daredevil ?
En coulisses, Daredevil: Born Again a connu bien des remous : six épisodes tournés puis remaniés, des changements dans la writer’s room (Matt Corman et Chris Ord ont cédé leur place à Dario Scardapane), la grève des scénaristes de 2023, et une saison de 18 épisodes finalement coupée en deux.
Autant dire que l’on appréhendait le résultat. Mais après un premier épisode qui raccroche les wagons avec Daredevil et pose les enjeux à venir, la machine est lancée. L’intrigue reprend sept ans après les événements du final de la saison 3 de Daredevil. Matt vit sa meilleure vie avec Foggy et Karen, mais une tragédie lui fait raccrocher son costume.

Une chose est sûre : Charlie Cox maîtrise son personnage comme personne. On retrouve avec bonheur ce justicier à la fois vulnérable et borderline, comme si on ne l’avait jamais quitté.
Comme l’explique le showrunner Dario Scardapane, « il possède un code personnel et spirituel profond. On écrit sur ce conflit intérieur qui l’anime, sur le fait qu’il essaie d’être une meilleure personne, mais qu’il est rattrapé par sa nature. » Sans trop en divulguer sur l’intrigue, Matt doit affronter un deuil. Et c’est quand il souffre que cette figure christique est à son meilleur.
2. Un costume repensé
L’habit ne fait pas le moine, mais dans le cas des super-héros, le costume se révèle être un élément indispensable, qui fait régulièrement l’objet de débats enflammés sur Reddit. Daredevil a connu plusieurs relookings selon ses apparitions dans le MCU, mais le vrai combat a lieu entre le costume « armure » de la série Netflix et celui proposé par Daredevil: Born Again.

L’essence du costume de Daredevil a été conservée : l’aspect technique et aérodynamique du tissu, le masque sur la moitié du visage, les cornes… En revanche, le nouveau costume affiche un nuancier plus pourpre et le masque laisse apparaître les yeux du justicier.
Sans afficher le fameux logo DD attendu, ce costume rouge sang se rapproche des comics. Si l’ancienne tenue semblait un poil plus fluide et ajustée, ce nouveau look s’avère être un bon compromis.
3. Daredevil vs Fisk, deuxième round
Diffusées entre 2015 et 2018, les trois premières saisons de Netflix mettaient en scène le duel entre Wilson Fisk (Vincent D’Onofrio, toujours parfait) et Matt Murdoch. Chacun souhaitait « sauver » la ville de New-York, avec des méthodes radicalement différentes. Alors, on prend les mêmes et on recommence ? Pas tout à fait. Après plusieurs années passées dans l’ombre, Fisk revient en homme transformé.
Lors d’un premier échange avec Matt, il lui avoue : « Il est difficile de s’accommoder d’une nature violente. Je déteste le pouvoir qu’elle exerce sur nous. ». Le « nous » est important, puisque Fisk représente la part la plus sombre de Matt, qui lutte aussi contre ses pulsions violentes.

Seulement, celles de Daredevil sont déclenchées par les manquements de la justice, tandis que celles de Fisk reposent sur une soif de domination. Daredevil: Born Again évite la redite en plaçant ce dernier dans une nouvelle position de pouvoir, celle de maire de New-York. Ce duel à mort inédit apparaît alors tout aussi passionnant que celui de la série originale.
4. Des scènes de combat (très) attendues
Quand Daredevil débarque sur Netflix en 2015, on n’en attend pas grand-chose. Le justicier a pris un coup dans l’aile de la crédibilité depuis le film de 2003, qui contenait beaucoup trop de cuir rouge brillant, de Ben Affleck et d’Evanescence.
Inspiré par The Wire et Taxi Driver, le showrunner Steven S. DeKnight abandonne le style super-héroïque pour aller vers un polar poisseux et urbain, porté par un personnage proche de l’anti-héros.
La série est sombre et sa photographie privilégie les clair-obscurs, pour un rendu mélancolique. Elle marque les esprits par ses scènes d’action brutales, en particulier celle de l’épisode 2, inspirée par Old Boy : un plan séquence durant lequel Daredevil se bat contre plusieurs gangsters dans un couloir exigu. Les saisons 2 et 3 proposeront des variations de cette séquence culte.
En apportant un soin particulier à sa réalisation ultra-soignée, Daredevil a bousculé les codes de la série de super-héros et permis aux séries Marvel de prendre un nouvel élan.
Daredevil: Born Again ne pouvait donc pas réinventer la roue, mais la série se place intelligemment dans la lignée de cet héritage. Elle a même fait appel à Phil Silvera, technicien qui a travaillé sur la fameuse scène du couloir de la série Netflix. Sans atteindre les cimes du show original, les scènes d’action de Born Again, un peu plus éclairées et moins inventives, restent de très bonne facture.
5. New-York, un personnage central
New-York tient une place de choix dans la mythologie de Daredevil, dont les aventures débutent dans le quartier chaud de Hell’s Kitchen. Dans cette suite, la ville se retrouve au cœur de toutes les convoitises.
Pour accentuer le cachet réaliste de la série, Daredevil: Born Again a misé sur des transitions originales. Les « BB Report», des micro-trottoirs de véritables new-yorkais réalisés par la journaliste BB Urick (Genneya Walton), émaillent chaque épisode.
À la fois série judiciaire, polar et film de super-héros, Daredevil: Born Again s’attarde sur divers personnages new-yorkais, comme un homme noir qui explique à Matt Murdoch pourquoi il risque la prison pour un paquet de pop-corn, ou un émigré portoricain (Hector Ayala, incarné par Kamar de los Reyes) qui a décidé de devenir un justicier lui aussi, au péril de sa vie. Se dessine ici le visage d’un New-York multiculturel, chaotique et terriblement humain.
6. Une fusion d’anciens et de nouveaux personnages
Les fans de Daredevil seront ravis de retrouver de nombreuses têtes familières, comme Karen Page (Deborah Ann Woll), Foggy Nelson (Elden Henson), Le Punisher (Jon Bernthal), Wilson et Vanessa Fisk (Ayelet Zurer), Bullseye (Wilson Bethel)…

Daredevil: Born Again ajoute tout de même quelques nouveaux personnages intrigants, comme Daniel Blade (Michael Gandolfini, le fils de James), un jeune homme très ambitieux qui idolâtre Fisk, la journaliste BB Urick aux motifs cachés, le terrifiant Muse (Hunter Doohan) ou encore Heather Glenn (Margarita Levieva), le nouveau love interest de Matt, pas franchement fan des justiciers masqués. La fusion entre anciens et nouveaux personnages prend, même si les anciens restent le cœur du show.
7. Une série d’actualité
L’une des grandes réussites de Daredevil: Born Again, c’est la manière dont elle parvient à creuser les thématiques phares de Daredevil (le deuil, le rapport à la violence, les états d’âme de Matt) tout en résonnant avec l’actualité. La trajectoire de Fisk amène une question cruciale : existe-t-il une véritable différence entre un mafieux et un homme politique ?

La façon dont l’ennemi juré de Daredevil s’accapare New-York et brûle l’État de droit en quelques semaines, tout en affirmant précisément le contraire, est édifiante. Fisk désigne alors un bouc-émissaire à tous les dysfonctionnements de la ville — les justiciers — en plaçant sur le même plan des tueurs en série et des super-héros comme Daredevil.
On assiste à un renversement des valeurs et à une montée progressive d’une terreur institutionnalisée (la création d’une milice sans foi ni loi, la destruction des contre-pouvoirs), qui s’achève par un chaos général. Il s’agit d’un vrai petit manuel pour apprenti fasciste et Daredevil: Born Again est peut-être l’une des plus grosses charges anti-Trump de l’année, dans le domaine de la pop culture.
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